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Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Sam 18 Juil 2009 17:49
de Daisyry1
Les masques papiers sont étouffants.
J'ai un masque avec deux capsules : filtres particules P3 ==> amiante , cadmium, cobalt...
Je l'ai acheté suite au ponçage d'un bois rouge où j'ai eu les poumons irrités pendant 8 jours !

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Mer 21 Juil 2010 17:06
de kurillos
Bonjour à vous,

J'ai un complément auquel on ne pense pas toujours ; mais cela doit être un automatisme quand on travaille (et pas seulement le travail des métaux).

Cette précaution élémentaire, c'est de retirer outre les chaînes apparentes et les vêtements amples (risque d'étranglement), l'intégralité des objets métalliques que l'on porte.

Les montres peuvent cisailler et disloquer les poignets en cas d'entraînement par une courroie (backstand) ou d'un déplacement mécanique (chariot, perceuse).
Les bagues et alliances sont à proscrire absolument, les blessures sont gravissimes. Mieux vaut les remiser dans leur écrin et les porter en circonstances choisies. J'ai lu qu'une telle "amputation" se produit une fois par jour en France.
Histoire de bien marquer les esprits, voilà quelqu'un qui va avoir le loisir de regretter la non-application de cette précaution...
Cette image est choquante, mais cela permet de bien garder en mémoire les conséquences d'erreurs courantes, à ne pas commettre. Un accident est toujours multifactoriel. Ici, il y a au moins deux causes.


Bien à vous et soyez prudents.

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Mer 21 Juil 2010 21:04
de bpc
Quelles que soient les précautions que l'on prend, il faut quand même ne pas perdre de vue que les ateliers restent des environnements dangereux.
Aussi, le plus important me semble la vigilance de tous les instants ; ce qui implique, par exemple, de ne pas retourner à l'atelier aprés un repas acompagné de vin, bien dormir, etc...

Je crois aussi que c'est une bonne chose d'accepter que l'on va être blessé tôt ou tard. Ca aide a rester calme pour ne pas aggraver l'accident.

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Mer 21 Juil 2010 21:44
de kurillos
Oui bpc, c'est très vrai.

Et pour garder son calme, rien de tel que de prévoir ce qui pourrait arriver : en disposant une armoire à pharmacie, un brancard repliable avec une couverture de survie ; et surtout un écriteau précisant les n° d'urgence et ceux des médecins du coin et de la clinique SOS-Mains la plus proche ; avec un mémo précisant les informations à donner au téléphone :
- Localisation de l'accident : adresse, commune, coordonnées GPS en latitude et en longitude (très utile à Paris ou dans les cambrousses si on vit dans un hameau ou un lieu-dit !)
- Nom, prénom, âge de la victime, maladie chronique (hépatite, diabète, affection cardiaques, opérations récentes...), groupe sanguin et facteur rhésus,
- Description complète des blessures ou du malaise (méfiez-vous de l'accident vasculaire cérébral !),
- Heure de l'accident,
- Numéro de téléphone du lieu et/ou de la victime,
- Signalement des lieux : indiquer que l'on va déployer trois panneaux routiers triangulaires réfléchissants permet de s'occuper de soi le temps qu'on vienne vous chercher, et que les secours ne perdent pas de temps à identifier l'endroit.

Indiquez si un risque particulier court pour les secours (présence de feu, de machines, de gaz au pluriel, d'un accès réduit à l'atelier...)

Une règle de base :
    1. Protéger
    2. Alerter
    3. Secourir
Au niveau de l'armoire à pharmacie, préparer des nécessaires : pansements stériles, kit d'extraction et d'incision stériles, bandes de contention, nécessaire pour garrots, aimant de disque dur (très bonne idée !), straps, matériels contre les brûlures, solutions désinfectantes, ciseaux affûtés ; en prenant en compte le fait que l'on ne puisse plus se servir de sa main "usuelle" : évitez donc les fournitures qui se découpent aux ciseaux.
Placez sur votre armoire à pharmacie une liste des produits avec leur date de péremption.

L'armoire à pharmacie doit être pourvue d'un fermoir simple à levier, mais jamais d'un cadenas ou d'une serrure ! Dans ces circonstances, on ne peut pas chercher la clé !

Prévoyez des dérouleurs munis d'une lame articulée, pour couper du sparadrap ou une bande compressible d'une seule main par exemple.

Un livre, c'est bien pratique pour apprendre; mais si vous êtes blessé à la main vous ne pourrez pas le consulter. Placez des instructions dans des feuillets plastiques thermosoudés, dans un organiseur mural pouvant vous conseiller sur la manière de faire un pansement ou de secourir quelqu'un, par type de localisations de blessures : mains, yeux, têtes, bras, tronc, sexe, jambes, pieds..., et par type : coupures, brûlures, perforation, amputation...

Pensez à avoir des sachets stériles pour pouvoir placer un membre coupé dans ce sachet avec de la glace autour, et un feutre fonctionnel pour reporter l'heure de la blessure. Il existe des générateurs de glace (c'est une bouteille de CO2 qui génère des glaçons d'eau stérile une fois déclenché).
Vous seriez surpris de voir ce que les chirurgiens peuvent refaire.

Cas particulier de l'acide fluorhydrique : si vous utilisez des acides spéciaux (acide fluorhydrique), pensez à acheter les antidotes de gluconate de calcium AVANT d'employer cet acide. Ils coûtent 20 € TTC (suspensions buvable, solution hypertonique injectable ET gel à 2.5% pour application cutanée). Prévoyez des seringues intradermiques et de quoi maintenir une couche épaisse de gel sur la brûlure, et surtout précisez que c'est une brûlure à l'HF, le risque d'arrêt cardiaque est réel.

Voilà voilà.
Soyez tous très prudents.

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Mer 21 Juil 2010 22:01
de thierry49
Bonsoir,
je suis nouveau sur le forum et amateur dans le travail du métal. Par contre en tant que professionnel de la prévention des risques, un tel sujet me fait plaisir.

Je pourrais apporter quelques compléments :
Les lunettes : lorsque l'on porte des verres correcteurs, c'est toujours un problème. Certaines marques font maintenant des lunettes de sécurité adaptées à la vue (compter environ 200€ pour une correction simple) : je pourrais donner une adresse par MP si cela intéresse quelqu'un (je n'ai pas d'action, mais c'est la seule marque que j'ai pu croiser sur un salon, où la personne sur le stand était opticien et non commercial : depuis je travaille avec eux lorsque je le peux).

Le risque chimique : Le sujet est vaste et va s'accentuer dans les années à venir avec de nouveaux textes réglementaires : le recours à un professionnel pour faire le tri de ce qui doit être mesuré de ce qui ne le doit pas sera quasiment inévitable... Je sais, même moi je trouve que les contraintes deviennent trop lourdes (financièrement) sans que cela améliore forcément les conditions de travail. Traiter ce problème est vaste ; j'ai essayé avec les menuisiers autour de chez moi : je voulais qu'ils se regroupent pour que l'on travaille tous ensemble, cela permet de mutualiser les coûts et donc de diminuer la part de chacun : je n'ai pas réussi...
Beaucoup de produits sont communs à une profession : une étude par branche professionnelle est donc très rentable, sauf pour certains organismes qui vendent cher des prestations dans le domaine.
Le chois d'un masque adapté est primordial, il dépend du ou des produits. Il ne faut pas oublier les produits de décomposition du fait de la chaleur.

Les poussières : le meulage, l'ébarbage peuvent amener des poussières aussi fines que les poussières de bois durs. Les poussières de bois sont cancérigènes. Le type de masque à porter est FFP3 (éviter les FFP1 et FFP2 qui filtrent moins pour un coût quasi identique). Attention à son ajustage : c'est 80% de l'efficacité !

Les fumées de soudure : on y trouve de tout : c'est pire que la cigarette : plomb, différents métaux, de la silice, des oxydes de calcium, du zirconium, du baryum,... En final, le tout est cancérigène et ne peut quasiment pas être filtré : il faut donc ventiler ! Aspiration des fumées avec extraction en dehors de l'atelier, mais pas en l'envoyant dans la maison non plus !

Le risque physique : C'est le mieux maîtrisé en général et je rejoins entièrement ce qui a été dit : l'expérience, l'apprentissage et et le bon sens.

Voilà ma contribution : je pourrais répondre à vos MP si vous avez des questions.
Cordialement.

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Mer 21 Juil 2010 22:13
de thierry loeve
Thierry49, pourrais-tu nous en dire plus sur les risques avec les fumée de soudure : temps d'exposition suivant les procédés par exemple ?
Je suppose que souder en plein air est moins nocif mais on a le visage proche des émanations, malgré le masque de soudure...

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Jeu 22 Juil 2010 00:08
de kurillos
Bonsoir,
Merci à toi Thierry de nous faire partager ton métier.
Je te rejoins dans la difficulté d'agir de manière concertée : beaucoup ne s'impliquent pas en matière de sécurité, et pourtant cela peut causer leur perte pure et simple !

De plus en plus de procès sont faits par des salariés, des anciens salariés (ou leurs familles en cas de décès) à des employeurs, et le tableau des maladie professionnelles s'allongent ; et c'est une très bonne chose. Si la faute inexcusable de l'employeur est avérée, c'est plusieurs centaines de milliers d'euros à payer à l'Assurance Maladie, et la fin des haricots pour la société fautive.

Exemple : Carrefour condamné pour un pompiste de 33 ans qui a déclenché un cancer dû aux vapeurs d'essence sans plomb, car le local de caisse puait l'essence, et les 1% de benzène contenu lui a fait des ravages,
Ou une société de BTP condamnée, car un ouvrier ayant manipulé du bitume chaud est mort d'un cancer de la peau très agressif.

Bien à toi.

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Jeu 22 Juil 2010 08:50
de cuprite
Bonjour.

Un risque auquel on ne pense pas toujours : un artisan travaille le plus souvent seul dans son atelier, et il se peut que personne ne s'étonne de ne pas le voir sortir son nez avant l'heure du repas familial.
Là, je ne connais pas de solution simple et efficace : en cas d'accident grave et perte de conscience les minutes sont vitales.

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Jeu 22 Juil 2010 09:11
de BDelor
Il existe des dispositifs dits de type "homme mort" qui envoient un signal d'alerte dès que la personne porteuse de l'équipement se trouve en position allongée.
C'est très utilisé pour les travailleurs isolés, ou encore en milieu psychiatrique, mais je doute que beaucoup d'artisans soient équipés de telles sécurités.

Re: La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

MessagePosté: Jeu 22 Juil 2010 22:49
de thierry49
Bonsoir,
en effet les dispositifs de type "homme mort" qui se déclenchent lorsque le personne n'est plus verticale sont une sécurité, mais encore faut-il avoir quelqu'un qui reçoit le signal et prévient les secours ; de plus le prix est assez dissuasif...

Concernant les fumées de soudure, il y a peu de littérature :
Une étude de l'INRS qui démontre que les aspirateurs de fumées avec filtres à charbon actif ne sont pas efficaces et qu'il faut une évacuation.
Une autre étude de l'INRS qui démontre que quel que soit le procédé la fraction de poussière inhalable (qui va donc jusqu'aux bronches et poumons) est importante avec un risque de cancer avéré.
De plus, le plomb et le manganèse peuvent avoir à la longue des effets sur le système nerveux central ou entraîner des troubles de la fécondité. Enfin, l'oxyde de zirconium augmente les effets négatifs du plomb sur les problèmes de reproduction...

En effet, souder en plein air est une bonne solution : le test simple c'est de se moucher après une journée de travail et de comparer : en général, le mouchoir en papier montre bien les traces noires !
Ensuite, une bonne protection : le masque de soudure qui descend sous le menton : cela dévie les fumées qui rentrent moins dans le nez.
Une autre solution : le masque antipoussière de type FFP3 pour éviter au moins les particules métalliques présentes dans les fumées : le problème, c'est que le port du masque toute la journée, ce n'est pas terrible comme confort. Donc, il faut aspirer et surtout bien se placer pour ne pas être entre le point de production de la fumée et l'entonnoir d'aspiration. Il existe des torches mig (peut-être mag, mais je ne suis pas sûr à 100%) qui disposent d'une aspiration intégrée : c'est le top ! Si on soude dehors, il faut bien se positionner par rapport au vent... ce sont des détails qui diminuent l'exposition finale de 1 à 50 !

Concernant le temps de travail : attention, si vous travaillez plus de 8 heures par jour, les données de sécurité sont à revoir. Tous les seuils sont donnés pour 8 heures de travail suivies de 16 heures de repos pour permettre à l'organisme d'éliminer les polluants. On voit tout de suite que si on ne respecte pas, il va y avoir accumulation.

La meilleure solution c'est d'observer le travail réel pour ensuite apporter des modifications non pénalisantes pour l'efficacité et le confort tout en diminuant l'exposition.

Attention aussi aux poussières de meulage, surtout avec les disques qui font des poussières fines...

En espérant avoir un peu répondu à vos attentes... mais sans observations sur le terrain, cela reste toujours théorique.
Cordialement.