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Amélie Perruchet, graveur-ciseleur sur armes, objets d'art et bijoux

MessagePosté: Jeu 22 Sep 2011 10:36
de Amélie
Bonjour à tous et à toutes,

Pour ceux qui ont pu découvrir ma présentation au "Café de la Terrasse", j'ai, sous les conseils avisés notamment de professionnels et de notre administrateur, décidé de faire une présentation nettement plus complète du métier de la gravure-ciselure sur métaux et métaux précieux ; allant de l'arme à l'objet d'art.

La présentation est tardive, ne serait-ce que par mes précédents posts, mais je viens actuellement de terminer un travail de préparation pour un fusil de Luxe. J'en parlerai tout à l'heure. Restons dans les formes, et commençons par le commencement.

Je me nomme Amélie Perruchet, j'ai 24 ans, et je suis diplômée professionnelle de l’École d'Armurerie de Liège en Belgique. Anciennement étudiante en recherches archéologiques et Histoires des arts, dans une université en France et notamment gestionnaire du pôle culturel d'une association étudiante, j'ai donc par un concours de circonstances, choisis de devenir Graveur-Ciseleur : http://perruchetamelie.wix.com/artisan-graveur.
Et me voilà donc devant vous, et avec plaisir pour vous présenter cette profession mais également les travaux auxquels je me voue, étant donné que je suis actuellement sur le marché du travail.

Pour vous donner une idée avant de publier quoi que ce soit, comment définir mon travail ?
Je dirai qu'il est polyvalent, recherchant constamment le raffinement, et la complexité.
Contrairement à la modernisation qui s'imbrique dans de nombreux systèmes mécaniques aujourd'hui, j'insiste régulièrement sur le fait que je n'utilise pas de machines, pas d'échoppes pneumatiques.
Un gain de temps, l'on pourrait me rétorquer, je répondrais qu'étant puriste et affectionnant les métiers de traditions, je ne trouve aucune satisfaction personnelle à réaliser mon artisanat à la machine.
L'on pourrait également de nouveau rétorquer à cet argument, que le travail est donc plus long à finaliser. Et je contredirais en disant que la rapidité et la précision sont tous deux un entrainement, ce qui a été un atout pour moi lorsque je suis arrivée à Léon Mignon. L'expérience des années fait ensuite son œuvre, et l'appréciation du résultat, satisfait ou non.

Qu'en est-il de mon genre artistique ?
Lui donner un adjectif serait compliqué, je n'en ai pour le moment pas trouvé. Je peux en revanche vous dire "grossièrement" les grands genres que j'aborde. [Je détails absolument tout sur mon site internet, vous pourrez le voir]. Je suis passionnée par l'art victorien, l'art baroque, l'art gothique, allemand-autrichien, et pour des époques plus anciennes, l'art médiéval, ainsi que l'art celte et viking. C'est en somme un style européen et nordique.

Suis-je donc fermée aux autres genres artistiques ? Non.

Suis-je en mesure de réaliser une commande qui n'a rien à voir avec ces genres-ci ?
Je dirai que oui. Au delà de l'aspect technicité, difficulté à manier un outil et à donner le rendu adéquat, c'est aussi l'agencement des ornements, des symboles, des scènes, qui est complexe. On peut faire la gravure la plus parfaite qui soit, si l'on mélange par exemple, l'art viking avec l'art perse, je pense que certaines personnes risqueraient de tiquer.

Un artisan, il ne faut pas le nier, a ses affections propres, comme celles que je vous ai exposées tout à l'heure. Et il se doit avec l'expérience et bien évidemment, de maîtriser ces thèmes et de les réaliser. C'est pour cela que d'être en mesure de réaliser d'autres genres que ceux que l'on affectionne, demande une grande observation, le sens de l'agencement, approfondissement des connaissances bien-sûr, et pour conclure que si nous ne disposons pas déjà de ces capacités en temps normal pour ce que l'on aime à proprement parler, ça sera d'autant plus complexe pour un art que l'on ne connait pas.
L'on m'a répondu à cette réflexion : "oui mais il existe les livres pour ça". Si tout s'apprenait dans les livres, cela ferait longtemps que beaucoup de problèmes seraient réglés. Et justement à cela que l'artisanat a aussi pour vocation d'apporter aux commanditaires l'exclusivité d'une gravure, d'une ciselure. Faire une copie conforme d'accord, mais si il n'y a pas la touche personnelle, le graveur ne pourra pas y déposer SA signature.

Petit ou grand laïus, je reprenais donc pour vous ici, souvent les questions que l'on me pose et ces sujets que l'on aborde souvent avec moi.

Maintenant qu'en est-il du concret de la réalisation propre de mon travail ? Rien de tel que des photos pour illustrer tout cela.
Commençons par l'échoppe manuelle :
Il s'agit ici de montrer mes tous premiers travaux, réalisés à l'échoppe manuelle. Je signale bien à tous que je n'en avais jamais utilisé avant. La personne qui m'a formé sur le sujet à Léon Mignon pourra vous le confirmer.



L'on m'a fait remarquer que mes gravures à l'échoppe manuelle étaient très contrastées : des dégradés allant du blanc au noir profond en passant par des nuances de gris. C'est un style complètement personnel, mais j'ai toujours aimé que les scènes soient les plus vivantes possibles. Je suis ouverte à tous commentaires d'ailleurs à ce sujet, car je sais que beaucoup de personnes préfèrent un ton gris uniforme sur toute une scène, que d'avoir ces nuances comme je le montre ci-dessus.

Voilà donc pour ce que je peux expliquer pour le moment. Le post est relativement long, ou pas, je ne sais pas, mais étant donné que j'ai de nouveaux travaux à commencer, je publierai un post une prochaine fois. Notamment sur des couteaux.

Je vous souhaite à toutes et tous, une très bonne journée.
A bientôt pour les commentaires et les prochains postes.

PS: Je rappellerai également que je suis ouverte à toutes critiques, positives ou négatives, n'ayez dons pas de craintes à partager vos impressions.

Cordialement.
Amélie.

Pour me contacter, voici mes coordonnées :
Amélie Perruchet - 10, avenue du deuxième Dragons - 71400 Autun
Mail : perruchet.amelie@gmail.com - Site : http://perruchetamelie.wix.com/artisan-graveur



Re: Amélie Perruchet, graveur-ciseleur sur armes, objets d'art et bijoux

MessagePosté: Jeu 22 Sep 2011 11:30
de jpg
Comment faire des commentaires négatifs devant ce que tu nous montres de tes travaux, et effectivement, on sent déjà une touche personnelle dans tes gravures.
Pourrais-tu nous dire en quoi la technique italienne de l'échoppe manuelle diffère de celle enseignée à L'école Léon Mignon ?

Re: Amélie Perruchet, graveur-ciseleur sur armes, objets d'art et bijoux

MessagePosté: Jeu 22 Sep 2011 14:08
de BDelor
Bonjour et merci de cette longue présentation que j'ai trouvée très intéressante, notamment votre réflexion autour de l'approche d'autres styles artistiques que ceux que l'on pratique habituellement. Je rapproche vos remarques de celles d'un musicien (j'ai malheureusement oublié de qui il s'agit) qui disait que la capacité à jouer, interpréter - ou pas - telle ou telle musique ne tenait pas tant à une maîtrise technique, condition nécessaire mais pas suffisante, mais plutôt à l'assimilation intime que l'on avait de ce même style musical, voire de la pièce musicale elle-même. Tout comme l'énoncé d'une phrase musicale par l'instrumentiste suppose d'en avoir intériorisé intellectuellement et sensiblement le "sens", le tracé d'un ornement par le graveur s'inscrit dans une compréhension émotionnelle, intellectuelle, culturelle du style abordé.
Je trouve également très élégant votre traitement des contrastes, avec une approche qui me semble très graphique, plus inspirée par le dessin que par la gravure. J'imagine que votre formation initiale n'est pas pour rien dans cette orientation. Si vous avez l'occasion de nous montrer des photos "gros plan" de votre travail, je serais curieux de voir comment ce style s'inscrit techniquement dans la matière.
Et sur un plan plus personnel, j'attends bien sûr avec impatience la présentation de votre travail sur des couteaux...

Re: Amélie Perruchet, graveur-ciseleur sur armes, objets d'art et bijoux

MessagePosté: Mer 28 Sep 2011 18:29
de Amélie
Bonsoir Messieurs,

Je vais donc m'atteler à répondre du mieux possible à vos questions. Tout d'abord à Jean-Paul, pour répondre à la question du travail à l'échoppe. Par expérience et notamment grâce à l'enseignement que j'ai reçu d'un artiste italien, mais également par l'armurière qui m'a formée avant mon intégration à Léon Mignon et qui a été initiée en personne par Sabatti, graveur italien de renommée, je confirme que l'approche entre la gravure à l'échoppe à Léon Mignon et celle que l'on m'a enseignée dite à l'italienne, sont différentes. Est-ce qu'il s'agit d'une affection propre à ceux qui m'ont initiée, j'en ai conclu pourtant de grandes différences. L'art italien à l'échoppe manuelle aborde des tracés beaucoup plus fins, un modelé plus prononcé dans le rendu des formes, des contrastes ; le travail à l'italienne consiste à réaliser notamment des scènes comme vous pouvez le voir, en essayant de fondre les tracés, c'est-à dire très difficilement discernable à l’œil nu. J'ai contemplé des œuvres réalisées de cette manière et c'est tout à fait splendide, si on ne dispose pas d'une loupe et même avec, on ne voit presque plus ou plus du tout les tracés, et c'est ce que j'affectionne dans l'art de l'échoppe manuelle dite à l'italienne, c'est de la complexité continuelle, de la patience pour arriver à cet objectif. De ce que j'ai pu entrevoir du travail à l'échoppe à Léon Mignon, car peu affectionnaient ou avaient le savoir-faire propre à cet outil, ce sont des tracés plus "massifs", des croisements et re-croisements largement visibles à l’œil nu, peu de contrastes, des teintes grises et donc des scènes qui se détachent très difficilement des ornements. Et pourtant beaucoup de gens affectionnent et c'est tout à fait légitime, mais personnellement je ne me suis pas du tout retrouvée artistiquement parlant dans cette technique. Après tout chacun a des affections, mais voilà au moins l'explication généralisée que je peux vous en donner.
Je vous remercie également pour le compliment, c'est un travail continuel et l'affinement du trait se concrétise peu à peu.

Pour monsieur Delor. Le cheminement de votre réflexion est tout à fait juste selon moi. Il est vrai qu'il est intéressant pour un graveur notamment aujourd'hui d'élargir ses connaissances et son savoir-faire mais bien évidemment en ayant des bases solides. S'atteler à une multitude de styles en ayant un niveau très très moyen dans tout, autant arrêter tout de suite. Les gens auront certainement plus confiance en quelqu'un qui gère déjà sans problème son art "personnel", et donc d'envisager de lui demander un travail différent de ce qu'il aborde, que quelqu'un qui sera déjà moyen dans ce qu'il dit soit disant "maîtriser". Cette réflexion est logique pour nous, mais pas pour tout le monde, d'où les déceptions que j'ai pu voir dans les yeux de clients qui avaient confié des travaux d'un genre tout à fait autre que celui qu'abordait le graveur. Quand on sent que l'on n'arrive pas à maîtriser après étude tout de même, autant le dire directement, mais certains osent tout de même et vous massacrent des armes d'une grande valeur. Pour moi ce n'est pas être graveur, c'est être "charlot".
Pour ce qui est de mon approche graphique, c'est tout à fait influencé par le dessin ; j'ai toujours été passionnée par le dessin, la peinture, depuis que je suis toute petite et que l'on m'a offert mon premier coffret à crayons. Et lorsque j'ai pu constater que l'on pouvait réaliser des tableaux complexes, vivants, contrastés, comme l'offre le dessin ou même la sculpture (avec la ciselure) et ce sur des armes, des objets d'art, pour moi c'était l'union parfaite. Et lorsque l'on pousse le vice, en pratiquant les floutés en gravure, comme ce qu'on utilise en photographie, que l'on pratique l'art de la perspective, en donnant des effets de profondeurs, on arrive à des résultats magnifiques, où vous avez cette impression directe que l'animal, s'il s'agit d'une scène de chasse, va sortir de la gravure, ou est en pleine course, avec un mouvement donné à la poussière qu'il dégage du sol, au mouvement des arbres. On peut arriver à des niveaux fantastiques en gravure, mais ça prend du temps.

Alors ensuite pour ce qui est des gros plans, je ne dispose malheureusement pas d'un matériel hautement professionnel et je n'arrive pas à obtenir des zooms de qualité sur mes travaux ; d'ici un mois ou deux, je pense faire l'acquisition d'un équipement digne de ce nom, mais ça demande de l'investissement.
Pour ce qui est des couteaux, j'ai bien noté votre engouement à découvrir mes explications sur mes travaux, je suis à l'heure actuelle en train de finaliser un projet pour un couteau de chasse et peut-être même proposer un design d'un tout nouveau couteau. Dès qu'il sera fini, mon prochain post sera sur la coutellerie, épée, et autres lames.

J'espère avoir répondu à vos attentes, je vous remercie de suivre avec intérêts mes travaux, j'espère dans les temps futurs, publier des projets encore plus concrets, mais il faut la clientèle également ; en attendant, je m'attèle à proposer des projets.

Bonne soirée à vous.
Cordialement,
Amélie

Re: Amélie Perruchet, graveur-ciseleur sur armes, objets d'art et bijoux

MessagePosté: Ven 30 Sep 2011 08:55
de jpg
Merci Amélie pour les explications sur la différence entre les 2 techniques, je pense que c'est comme en scrimshaw :
la technique par trait ressemble souvent, dans ce que j'ai vu, à la technique de l'école Léon MIGNON ; et celle par points, où la densité de points permet, quand elle est maîtrisée, un contraste élevé et de modeler le scrimshaw.

Re: Amélie Perruchet, graveur-ciseleur sur armes, objets d'art et bijoux

MessagePosté: Jeu 16 Fév 2012 16:43
de Ardennos
Bonjour Amélie et bravo, c'est impressionnant !
J'ai remarqué plusieurs de tes oeuvres orientées vers l'art celte et viking, t'intéresses-tu aux anciennes croyances ?

Re: Amélie Perruchet, graveur-ciseleur sur armes, objets d'art et bijoux

MessagePosté: Jeu 23 Fév 2012 15:19
de forgeferron
Bonjour Amélie,
Magnifiques réalisations, qui me semblent d'un réalisme surprenant! Encore bravo!

Et merci également, car je me posais la meme question que JPG.

Pierre.

Re: Amélie Perruchet, graveur-ciseleur sur armes, objets d'art et bijoux

MessagePosté: Jeu 23 Fév 2012 18:35
de Amélie
Bonsoir Messieurs,

tout d'abord mes remerciements pour vos commentaires. Et enfin pour répondre à cette question que vous avez donc en commun, je suis tout simplement bercée dans cet univers depuis mon plus jeune âge. Je voue à l'art celte, et surtout viking, une adoration majeure. Cela touche aussi bien ma profession que ma vie privée, étant également médiéviste (dans le terme "générale"), ce sont des univers qui me fascinent énormément et bien que travaillant sur des armes à feu (et armes blanches également) mais je suis passionnée par les armes anciennes et les armes blanches.
Voilà en gros, tout ce qui a trait à des époques passées, que cela soit dans cet ordre d'idée, ou bien même l'art gothique, en passant par l'époque napoléonienne ou encore la Renaissance, et j'en passe, sont des domaines pour lesquels je me suis instruite par plaisir et puis ensuite en allant à l'université, pour la licence en archéologie et histoire des arts, pour des choses plus concrètes. Certes ces époques sont bien distinctes mais je navigue professionnellement et personnellement dans ces univers là.
Et donc voilà ce que je peux en dire actuellement, la mythologie nordique est celle qui me fascine le plus, j'ai notamment des croyances qui peuvent se remarquer tout simplement par le marteau de Thor que je porte constamment autour du coup...
Voilà je n'en dirai pas davantage puisque c'est un point qui est personnel. Ceci étant, j'espère que cela peut vous donner une idée du milieu dans lequel je navigue : de l'ancien, du métal, du feu, de vieux livres et autant de passions qui naviguent autour de tout cela.

Merci encore messieurs pour vos commentaires, mon site internet reste ouvert à tous et toutes, si vous avez des impressions à donner, n'hésitez pas tout y est disponible également pour vous exprimer. Bien à vous,
Amélie