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Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Mar 16 Aoû 2011 16:57
de BDelor
La galalithe est un polymère biodégradable, antiallergique et antistatique, formé à partir d'une protéine de lait, la caséine. Le procédé de fabrication permet l'incorporation de teintures donnant accès à une grande variété de nuances et d'aspects.
En coutellerie, elle est principalement utilisée comme substitut à l'écaille de tortue dont l'utilisation fait désormais l'objet d'une interdiction quasi totale par les accords CITES, la plus belle qualité provenant traditionnellement d'une espèce protégée, la tortue imbriquée.

La matière se présente en blocs, baguettes, bâtonnets, etc...



Elle se travaille comme un plastique, pas sciage, abrasion, polissage manuel ou mécanique. La principale difficulté est d'éviter un échauffement excessif qui entraînerait d'une part le ramollissement de la pièce travaillée, et d'autre part la production au point d'échauffement d'une sorte de "grumeaux" collants, difficile à éliminer. Ci-dessous, par exemple, un essai de réaction à l'échauffement provoqué par le ponçage d'un rivet traversant :


De la même manière qu'un plastique, la galalithe conserve à froid une certaine souplesse ce qui permet de l'utiliser en plaquettes rivetées sans craindre de casse.
En fonction du type de teinture utilisé, elle peut être translucide ce qui permet de lui faire adopter, par transparence, la couleur et l'aspect de surface du matériau sous-jacent. Attention, cependant, car toutes les imperfections (rayures, salissures) seront alors également visibles.

Un exemple d'utilisation de la galalithe est visible dans ce sujet : Couteau pliant, ressort à cran plat

Re: Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Mar 16 Aoû 2011 17:09
de lamoksha
Merci pour ces informations ; c'est vrai que l'aspect extrêmement proche de l'écaille de tortue et de ses superbes tons en dégradé, est intéressant.
J'ai une question, cependant, ne connaissant pas la matière ni son ancienneté : est-ce qu'on a assez de recul, par rapport au vieillissement, au point de vue craquelures ou instabilité ?

Re: Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Mar 16 Aoû 2011 17:30
de BDelor
Je n'ai pas d'expérience personnelle sur le vieillissement de cette matière.
Toutefois, on trouve encore nombre d'objets élaborés fin XIXème ou début XXème, époque à laquelle la galalithe était utilisée avant d'être remplacée par les matières plastiques, et apparemment ils supportent bien les années (ce qui - au passage - n'est pas le cas des plastiques ! ). Reste à savoir si les matières proposées actuellement répondent au même précédé de fabrication qu'alors...

Re: Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Mar 16 Aoû 2011 17:38
de lamoksha
Oui, désolé pour mes lacunes : je ne pensais pas que son invention était si ancienne : 1897 après recherche.
Cela laisse une certaine marge de sérénité, en effet.
Merci Bernard en tout cas de ces précisions.

Re: Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Mar 16 Aoû 2011 21:14
de Xav41
Il s'agit d'un polymère, mais personnellement, je me demande si il ne devrait pas être placé dans la case polymère thermodur.
Je m'explique : d’après la photo mise par Bernard de l'échauffement, la matière semble brulée plus que fondue, du moins c'est l'impression que cela me donne. As-tu une idée de la température à laquelle tu es monté lors de ce ponçage, en gros ?

Je pense que le polymère a directement été dégradé par la chaleur. Un polymère tel que le polypro, pour l'exemple, présente un long plateau caoutchoutique en général. Je ne pense pas que ce ponçage ait pu atteindre la température de dégradation du polymère.
J'ai pu lire, en faisant quelques recherches sur le sujet moi-aussi, que la galalithe ne se moule pas. Ce qui est le cas d'un thermodurcissable. Une fois la mise en forme effectuée, c'est fini : si on réchauffe, on ne peut que détruire la matière. Un thermoplastique peut être refondu pour moulage... si on travaille a température un peu plus élevée que la température de transition vitreuse.

Donc comme Bernard l'a déjà dit, attention aux températures de travail si l'on ne veut pas gâcher une plaquette pour rien... Notons que la zone touchée sur la photo est assez étendue dans l'épaisseur du matériau, au moins un bon millimètre selon moi.

Re: Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Mar 16 Aoû 2011 22:03
de BDelor
Pour te répondre, je peux citer deux contextes différents :
  • D'abord l'exemple d'un ponçage sur une machine à bois (petit combiné bande / lapidaire comme on en trouve dans tous les magasins de bricolage), bande grain 180, vitesse réduite : si l'on ponce à plat, la galalithe chauffe modérément (à la limite du supportable pour les doigts), et devient souple. Si l'on attaque un angle ou une arête, la pression étant supérieure, on produit presque instantanément un copeau blanchâtre qui adhère et ressemble à de la matière fondue, et que l'on peut détacher avec l'ongle. La plaquette en dessous n'est pas altérée.
  • Ensuite, l'exemple donné ci-dessus en photo. Je voulais contrôler la réaction de la galalithe lors de l'échauffement produit par l'abrasion à la bande d'un rivet acier déjà positionné au travers de la plaquette. Pour cet essai, j'y suis allé franchement (habituellement, par prudence, je procède avec plus de précautions !) : l'extrémité du rivet est montée au rouge, la partie située entre l'extrémité et la plaquette galalithe est passée au bleu. Au contact avec la plaquette on devait avoisiner brièvement les 300°C
Ceci dit, sur le pliant montré en exemple, les rivets ont été ajustés de la même manière - mais avec plus de précautions - avant matage, et les plaquettes n'ont subi aucun dommage. Si l'on travaille à la main et que l'on respecte un échauffement compatible avec le contact des doigts, il n'y a pas grand risque d'endommager la pièce.

Re: Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Dim 21 Aoû 2011 17:30
de Jacques Delfosse
Sauriez-vous s'il existe encore des plaques ou lattes de galalithe blanc-crème ?
Dans le temps, nous allions régulièrement visiter un atelier de fabrication de boutons, à Echternach, Au Grand Duché.
Ces gens fabriquaient des boutons en galalithe de cette teinte, que mes parents utilisaient dans leurs productions vestimentaires.
J'en ai eus, que je sculptais au SAK et avec des petits burins. J'en faisais des sortes de petits totems. Ils vieillissaient bien et après polissage et +- léger passage dans du café, pouvaient se patiner, un peu comme des netsukés.
Ce serait bien sympathique de pouvoir en refaire des plaquettes de poignée pour des couteaux.
N.B. : Cette galalithe-là était plutôt cassante et peu souple.

Re: Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Dim 21 Aoû 2011 18:29
de BDelor
Pas à ma connaissance ; j'ai bien peur qu'il ne faille faire de la récupération en brocante...

Re: Utilisation de la galalithe en coutellerie

MessagePosté: Mer 18 Jan 2012 18:42
de Schoenlaub
Je ne suis pas du tout certain que ce que vous montrez en photo soit de la galalithe. Cette matière ne fond pas et ne granule pas au perçage, aucun résidu ne colle à l'outil. Juste des copeaux et de la poussière fine. Là, on voit nettement de la matière fondue sous l'action de la chaleur, comme lors du travail du plexiglass. La galalithe n'adhère jamais.
Je travaille la galalithe depuis les années 70, je connais un peu...