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Ferronnerie artisanale ou industrielle : prix et couts

MessagePosté: Mar 4 Nov 2008 12:15
de Metal Connexion
Ce sujet va recueillir de la manière la plus concrète qui soit une liste de coûts cachés, attachés aux produits de la ferronnerie pas chère... Pas chère, c'est vite dit ; c'est ce que nous allons essayer de montrer ici.

Pour cela nous allons imaginer un produits fictif (mais cette fiction là ne dépasse pas la réalité !).
Sous une élégante dénomination, la pergola Exotica présente des lignes d'une grande sobriété. Elle est idéale pour manger entre amis un repas provençal. Ce coin ombragé se chargera de poésie si vous décidez d'y faire pousser des plantes grimpantes. [ndlr : dans l'offre qui a servi de support, la catalogue parlait de tonnelle alors qu'il s'agit d'une pergola, c'est à dire un ouvrage adossé à la maison...]
Caractéristiques techniques affichées :
  • Poids : 40 kg
  • Dimensions : Longueur : 4 m * Largeur: 3 m
  • Hauteur des tubes : 2,20 m -
  • Hauteur de la partie adossée aux murs : 2,65 m
  • Pieds : Tubes rond en acier D 50 mm - Barres de toit intermédiaires : D 13 mm
  • Assemblage par visserie (fournie) - Fournies avec patines percées. La fixation se fait en fonction de votre habitation, soit dans la terre, avec des sardines (fournies) , soit splitée (vis non fournies).
    Garantie 1 an

Attention, prix imbattable, messieurs : 399,00 €.

Alors, tout cela ne vous donne-t-il pas le sentiment que la bonne affaire est ici ?

Re: Ferronnerie artisanale ou industrielle : prix et couts

MessagePosté: Mar 4 Nov 2008 23:23
de pegase
J'aime la provocation, cher Forge ! me voilà tomber dans le panneau tendu par tes soins.
Je comprends néanmoins les questions de certains futurs acheteurs qui ne voit pas forcément l'interêt de multiplier les prix par 3 ou 4.
Il faut prendre en considération 3 facteurs importants pour l'achat.
un : pérénité, deux: esthétique adapté au bati, trois: qualité de l'assemblage et de la pose.
Si l'acheteur se fiche de ses éléments, le prix de chaussure de 399 € conviendra parfaitement.

Re: Ferronnerie artisanale ou industrielle : prix et couts

MessagePosté: Mer 5 Nov 2008 13:06
de Metal Connexion
Je regrette si cela apparait aux yeux des professionnels ou des initiés comme de la provocation...
Mais à mon avis, mieux vaut ne pas esquiver le sujet puisqu'un acheteur est aujourd'hui conduit dans ses recherches avant tout et surtout vers ce type d'offre.
Alors, pourquoi ne pas mettre en avant ce que les professionnels de la ferronnerie pensent tout haut ?
N'est-ce pas pédagogique et écologique ?

Re: Ferronnerie artisanale ou industrielle : prix et couts

MessagePosté: Mer 5 Nov 2008 20:20
de thierry loeve
Bonsoir,

Si un acheteur est conduit vers ce type d'offre c'est aussi que les moyens marketing sont fait en conséquence, dans une mesure impensable pour une petite forge.
Ce qui doit mettre la puce à l'oreille, c'est la garantie de 1 an : un produit galvanisé est garanti 10 ans.

C'est la différence entre ce qui s'appelle le haut de gamme et le bas de gamme, que l'on appelait autrefois le travail bien fait et le travail de cochon.

Ce qui est malheureux, c'est que les personnes qui ont peu de moyen financiers, et il y en a de plus en plus, n'ont, bien souvent, pas d'autre solution qu'un bas produit industriel : un homme seul au pied de sa forge, qui détient un savoir faire séculaire, ne peut pas rivaliser avec un outils de production industriel en terme de prix et la question même ne devrait pas se poser : comme dit Pégase, Il ne s'agit pas de la même éthique et donc du même marché.

Voilà pourquoi les 1300 ferronniers de France doivent se positionner clairement et travailler en conséquence si il veulent vivre de leur art et renvoyer une image de marque de qualité, fiabilité, créativité, etc.

Je me permet de dire cela car même si ces métiers deviennent rares, ils sont concernés eux aussi par des ateliers peu scrupuleux, parfois influencés par les produits industriels. En effet si les produits de mauvaise qualité se vendent pourquoi se casser la tête ?

Ce qui ne facilite pas la communication...

Re: Ferronnerie artisanale ou industrielle : prix et couts

MessagePosté: Mer 5 Nov 2008 21:15
de Roland PINON
Bonsoir
Ce qui est garanti un an, c'est les tubes !
Mais monsieur, comme vous l'avez mal montée, que vos fixations ont été posés dans des materiaux dont vous ne pouvez me fournir le DTU et, que les serrages que vous n'avez pas vérifiés tout les 6 mois comme stipulé dans le manuel, n'étaient pas fait au couple nécessaire, notre garantie ne s'applique héééélaas pas !
Mais je veux bien faire un geste commercial, il m'en reste une et je vous fait 15 % dessus.

Un artisan ne garantit rien mais il croise ses clients souvent ! Ceci l'oblige à un minimum d'éthique professionnelle.

Malgré tout, je comprends le client car si je dois demain allé me faire faire un costume sur mesure, je serais bien en mal de séparer le bon grain de l'ivraie.
Le client a peur car il doit prendre des décisions sans rien comprendre aux problèmes techniques qui se posent à lui.
L'artisan étant juge et partie, prescripteur et encaisseur, il est normal qu'une certaine tension naisse entre lui et sont client.
Mais bon dites vous bien que une choucroute à 10 euro c'est.....un truc comestible et une Mercedes à 8000 euros .... une Logan !

PS: Dans la même catégorie de produit, il y a la table en fer tordu, soudée avec une demi baguette portant son magnifique plateau en zelige, le tout se dandinant tellement que vous n'avez même pas à touiller la vinaigrette dans le saladier. Pas chère, presque donnée et disponible pour ce soir.

Re: Ferronnerie artisanale ou industrielle : prix et couts

MessagePosté: Lun 23 Mar 2009 21:26
de granfred
C'est vrai qu'on voit pas mal de ferronnerie décorative à des prix tellement bas qu'on se dit, qu'une fois payée la ferraille, y a plus de place pour ajouter les heures de boulot.
Y a qu'à voir les portails deux battants qu'on trouve à RastoCama par exemple, les pergolas.
Celui qui achète se dépanne mais devra réitérer sa dépense en plus cher pour avoir enfin l'impression d'en avoir pour ses ronds.
Un examen d'un oeil averti voit de suite que c'est du bricolage : des profils extra minces, 4 points de soudure...
Les pergolas branlent comme la queue du merle à la moindre brise...
... pas de soucis de ce côté là : qui paie mal, paie deux fois.

Néanmoins, certaines enseignes proposent des articles tels que tables ou chaises, ouvragés, de bien belle facture, à des prix qui ne sont possibles qu'en série et certainement pas au coût horaire artisanal français. Pays de l'Est ou Nord Afrique ? Probablement.

Mais je connais un artisan qui travaille pour un client qui a emmené le travail en station, en hélico... y avait de la neige et la table en acier de 1500 kgs devait être au "pied" de l'arbre de Noël.
C'est juste, parfois, l'histoire de trouver le client qui ne compte pas, mais en veut justement pour ses ronds.

Pour conclure, je dirais que celui qui veut s'en sortir à son compte, ne doit pas compter ses heures : donc travailler beaucoup plus pour essayer de conserver son niveau de rémunération. La notion de rentabilité devient archaïque dans un contexte international à tendance esclavagiste.
Ensuite, l'histoire des amortissements sur investissement dans du matériel neuf est handicapante dans un contexte où le travail est aléatoire. Il vaut donc mieux garder le matos qui a déjà fait ses preuves et bricoler celui qui manque. Le système D est un très bon Joker.