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Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Jeu 15 Avr 2010 20:54
de BDelor
J'ouvre ce sujet car je rencontre de manière récurrente des difficultés à obtenir un polissage vraiment propre, en tout cas par des moyens mécaniques.
Le sujet de bpc Emerisage d'un polissoir à couteaux aborde de manière très intéressante une technique traditionnelle. Pour élargir le sujet, J'aimerais en profiter pour mettre en perspective les différentes approches possibles et rassembler vos témoignages et expériences.

Dans l'immédiat, je vois plusieurs approches différentes, (certaines étant sans doute complémentaires les unes des autres) :
  • l'utilisation de bandes abrasives sur un backstand
  • l'utilisation d'un polissoir traditionnel (comme évoqué par bpc)
  • le polissage à la main sur pierre dormante
  • le polissage à la main avec un cale et du papier carrosserie
  • l'utilisation d'un tambour vibrant
  • l'utilisation de pâte à polir sur disques sisal ou coton

En ce qui me concerne, j'ai expérimenté le travail sur backstand + finition à la pâte à polir, et je ne suis pas très satisfait des résultats :
- le rendu est correct avec des bandes de grain 120, à la rigueur 240, mais ce n'est pas suffisant pour obtenir ensuite un poli en passant au disque sisal puis à la frotte coton
- l'utilisation de bandes de grain plus fin (400, 600) laisse des traces disgracieuses quand utilisées en appui, ou des manques quand utilisées sur la partie flottante de la bande (il est possible que la qualité des bandes ou du backstand y soit pour quelque chose)

J'obtiens de meilleurs résultats en finissant le polissage à la main avec du papier carrosserie et une cale à poncer, en montant jusqu'au grain 1000, puis en faisant une finition sisal et enfin coton.

A la lecture du sujet de bpc, je crois comprendre qu'il obtient de bien meilleurs résultats sans recourir à des abrasifs de grain aussi fin, ce qui serait à la fois un gain de temps et de qualité.

Parmi les autres approches, certaines sont couramment utilisées, par exemple les pierres dormantes (polissage traditionnel japonais) ou le tambour vibrant (bijouterie). Si vous en avez la pratique, vos témoignages sont les bienvenus !

Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Jeu 15 Avr 2010 21:46
de roseleur
Le sisal après grain 240 sur acier demande l'usage d'une pâte à polir adéquate mais peut tout à fait éliminer les rayures d'émeri avec un peu d'insistance.
La finition au coton ensuite ne pose pas de problème particulier.
Pour les pâtes à polir je conseille les établissement Merard Cauillaudin qui ont des bonnes pâtes à haut pouvoir de coupe et de brillance.
Ce sont des fabricants. Le lien vers leur site ici: Matériel pour polissage

Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Jeu 15 Avr 2010 21:58
de bpc
Pour bien aborder le polissage en coutellerie, il faut garder présent à l'esprit qu'auparavant il y a eu meulage. Les différentes techniques de meulage laissent des traits plus ou moins profonds, ce qui conditionne un peu la suite.

D'autre part, le polissage est vraiment une question de tours de main très personnels. Il n'y a pas une manière idéale et définitive, ça varie un peu avec chaque polisseur.

Mais évidement, les professionnels ont résolu depuis longtemps tout ce qui se rapporte à cette question.
Les techniques anciennes donnent des résultats parfaits, très rapidement et pour un coût négligeable en consommables (une fois que l'on possède déjà les disques).
La seule difficulté, comme pour toute les techniques spécifiques, c'est qu'elles demandent de l'expérience et de la pratique.
Il faut avoir beaucoup de lames à polir et souvent, pour que cela vaille la peine de s'investir dedans. Mais de toute façon, ça vaut la peine si on aime le "beau geste".

Pour du couteau, une des possibilités est :
- polissage avec du gros grain collé sur un feutre dur ou du cuir collé à plat sur un disque en bois,
- rillasage avec du grain moyen sur un feutre demi-dur.
Ca suffit pour avoir en quelques instants un aspect satiné agréable à regarder.

Pour continuer vers un poli glace, on peut utiliser:
- polissage avec un grain fin sur un feutre demi-dur ou du cuir collé sur champ à la périphérie d'un disque en bois,
- pâte à brosser sur disque sisal,
- pâte à brillanter sur disque drap.

Je reste volontairement un peu évasif, car dans le processus entrent beaucoup de détails comme les diamètres, les vitesses, la lubrification avec des matières grasses, le tour de main, etc...
Mais c'est grosso-modo la démarche la plus efficace.

Re : Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Jeu 15 Avr 2010 22:20
de cardoso5fr
Personnellement, j'utilise une bande de 240 ou 400 (oxyde d'aluminium), puis frotte coton et pâte à polir (2 types : une marron pour dégrossir et avoir un satiné, une grise pour le brillant si j'en ai envie). Je ne cherche quasiment jamais à obtenir une finition parfaite qui ne correspond pas réellement à mon travail.

Quand je veux vraiment pousser le polissage, il faut que je monte au moins au grain 1000 tiré à la main avant d'attaquer le polissoir.

Sinon, avant sur les émoutures plates, les bandes de 400 faisaient des facettes très rapidement (dés que l'abrasif n'est plus "neuf", le mordant était moins régulier). Je n'ai plus trop le soucis depuis que j'ai investi dans une plate en céramique et toujours avec les même bandes.

Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Jeu 15 Avr 2010 22:53
de BDelor
Quand tu parles de "gros grain", "grain moyen", "grain fin", à quoi est-ce que cela correspond en nombre de grains ? Je suppose que ce n'est pas l'échelle 36 / 60 / 120 que tu cites dans le sujet sur l'émerisage ?

Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Ven 16 Avr 2010 09:06
de bpc
Et pourtant, oui !

En fait, les outils de polissage de coutellerie se comportent très différemment des bandes abrasives.
En jouant sur les paramètres que sont la technique de collage, la souplesse ou non du disque, etc..., on peut obtenir un aspect intéressant avec des granulométries qui sont pour les bandes abrasives réservées au gros enlèvement de matière, d'où, grande rapidité du travail, etc...

Mais le véritable intérêt n'est pas là, il est dans la suite que l'on donne à l'émouture :
dans un travail d'émouture pure, sur meule à eau, ce qui est décrit habituellement n'existe pas ! Parler des trois émoutures, convexe, plate et creuse n'a pas de sens. C'est un raisonnement industriel pour le réglage des machines d'émouture.

Un émouleur fait éventuellement un peu de tout ça sur une même lame. Par exemple, sur beaucoup de lames, l'émouture va être plus épaisse au début, et plus fine vers la pointe. Donc, avec des polissoirs traditionnels, on va pouvoir "unir" toutes ces zones pour obtenir une régularité des traits plaisante a regarder. Ca agit comme une gomme.

Pour exemple, avec un feutre souple de 350mm à 1800t/mn, je crois, émerisé avec un mélange 36/60, légèrement lubrifié avec un peu de suif, j'ai une fois le disque rodé, déjà un aspect satiné et doux ! Sinon, du 120 ou du 180, doivent suffire pour un aspect de polissage ordinaire, déjà flatteur pour une lame.
Moi, je ne descendrai vers du plus fin uniquement que pour faire du poli glace.

NB. Ce que j'explique est valable pour le polissage a main levée, c'est un peu différent avec les machines de polissage ("sorcière").

Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Ven 16 Avr 2010 09:31
de cardoso5fr
Tu as besoin de quelle puissance-moteur pour entrainer ton feutre de 350 et ta meule en grès ? Faut-il un moteur très puissant ou une puissance inférieure à 1cv suffirait-elle ?

Peut-on utiliser des roues en coton ou sisal (cousues rond par exemple), les recouvrir de ton mélange d'émeri, et obtenir plus ou moins la même chose que ton feutre émerisé ? Ou ces deux matériaux sont-ils vraiment réservés à faire le polissage final ?
(En fait, j'ai des roues sisal et coton et je me demande si je ne vais tester un peu ton mélange.)

Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Ven 16 Avr 2010 09:44
de bpc
A priori, les draps ou sisal émerisés sont trop souples pour la coutellerie, pour les lames en tout cas.
Ca va plutôt servir pour ce qui est lié à la chaudronnerie, un réservoir de moto, par exemple.

Un feutre demi-dur de 300 à 400 mm, tournant entre 1800 et 1500 t/mn, me semble assez polyvalent pour des lames.

Pour les moteurs, 1 cheval peut suffire, mais 1.5 ou 2 est plus sûr. En fait, les fabricants de moteurs ne sont pas très clairs là-dessus.
Suivant les marques, pour une même puissance affichée, l'un est presque inutilisable et cale dés que l'on appuie dessus, et un autre supportera tous les travaux.
(Chez les professionnels le problème est moins sensible, car l'on est souvent en triphasé 380V.)

Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Ven 16 Avr 2010 09:55
de cardoso5fr
Ok merci, à l'occasion je prendrais un feutre dur que je monterais sur mon moteur de 1,5cv, histoire de voir si je peux faire un joli satiné.

Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

MessagePosté: Ven 16 Avr 2010 11:57
de lecameleon18
Pour répondre a Bdelor : pour ma part, après le grain 400, je continue sur le backstand avec des bandes trizact de chez 3M en taille A45, A30, A16 et A6, et je termine avec des bandes en nylon à polir toujours pour backstand à charger de pâte (une bande par type de pâte).
La taille A6 correspond +/- a un grain de 2000 : voila l'échelle de comparaison.

Cardoso, chez le même fournisseur, tu trouveras tes feutres à polir. Exemple : lien.