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Façonnage d'un manche de couteau en bois

MessagePosté: Mer 15 Déc 2010 19:43
de Dzé
Bonjour,
J'aurais voulu connaître vos retours d'expérience/tours de main sur le façonnage d'un manche en bois.
Une fois l'essence choisie :
- comment passer de la 2D à la 3D ?
- quels grains ?
- comment bien travailler en symétrie ?
- faut-il travailler le bois un peu humide ou après "micro-ondage" (comme vu sur ce forum) ?
- comment aller au-delà de l'abrasion façon "cireur de chaussure" et créer des "empreintes" ou gravures ?
- comment bien faire araser les rivets sans abîmer le manche ?
- vaut-il mieux travailler le manche une fois monté ou séparément ?
- quel état de surface pour le collage ?
- enfin, le bain dans l'huile de lin est-il universel pour les bois non stabilisés ?

Beaucoup de questions, je sais. Je débute...
Merci.

Re: Façonnage d'un manche de couteau en bois

MessagePosté: Mer 15 Déc 2010 21:30
de tekxou
Salut a toi.
Moi, je vais te répondre en tant qu'amateur autodidacte, mes manières de faire marchent bien mais si un coutelier pro veut modifier ou rajouter des éléments à ce que je dis, je suis tout ouvert, ça me fera aussi avancer !

Du coup, pour ce qui est des manches, tu prends un bois sec d'une année ; tu en fais un bloc rectangulaire à la scie a ruban et de là, tu traces ton gabarit sur une des faces. Pour le bois, j'essaye de prendre une grosse branche ; comme ça le noyeux a plus de traits et est plus large : de ce fait, ton manche sera plus joli. Pour le bloc rectangulaire, essaye de prendre 3 voir 4 cm d'épaisseur que tu couperas ensuite en deux pour avoir tes deux cotés.
Pour la surface de ta plates semelle, pour moi, la surface n'a pas d'importance du moment qu'elle est bien plate et qu'il n'y a pas de trou, là je serre jointe un coté du manche sur la plate semelle et je fait un pré-trou avec une mèche de 2mm dans le bois et de 4mm dans la plate semelle (je t'expliquerai après pourquoi).
Je fais pareil pour l'autre morceau du manche.
Moi, je n'utilise pas de rivet mais des clous de 4 mm : je mets les clous de 4mm dans les trous de 2mm du manche et avant ça, je mets un peu d'araldite sur la plate semelle.
J'ai oublié : je travaille un peu la descente du manche au backstand au niveau du ricasso pour que ce soit plus propre.
Une fois les manches couler entre eux, je serre jointe pour que la colle prenne bien et que ça rattrape tout les mini jeux entre la plate semelle et le manche.
Une fois le manche mis, il sera d'allure carré. Tu coupes tes clous ou rivet à la scie à métaux et de là, tu peux travailler ton manche au backstand à la bande de 40 pour dégrossir, 120 pour affiner la forme, et 600 pour avoir un rendu brillant et propre.
Quand tu ponces, il ne faut pas hésiter à forcer sur le dessus du manche pour que le bois et le métal soient bien unis ; et pour ce qui est des rivets ou des clous, tu peux les poncer à la bande : ça va les raboter en même tant que le bois.
Quand j'ai fini au backstand, je passe quand un coup au papier a main à 600 pour enlever toutes les irrégularité faites au backstand si tu appuies trop. Un petit coup de polette et hop, le travail final : un petit coup de chiffon imprégné d'huile de lin pour nourrir et faire ressortir les veines du bois et tout est fini...

J'espère que j'ai pu t'aider mais j'attends impatiemment d'autres posts de gens plus expérimentés pour t'aider et m'aider aussi.
Allez, a plus.

Re: Façonnage d'un manche de couteau en bois

MessagePosté: Jeu 16 Déc 2010 00:50
de BDelor
Tu as déjà pas mal de pistes dans le message ci-dessus, mais je vais essayer de te donner ma manière de faire et d'être à peu près exhaustif sur le sujet.

Tout d'abord, en matière de manche de couteau, il y a deux modes de montages bien différents :
  • le montage en soie : le manche est d'un seul morceau et la "soie" (qui a la forme d'une "queue" prolongeant la lame) vient se loger à l'intérieur sur tout ou partie de sa longueur
  • le montage en plate-semelle : le manche est composé de 2 plaquettes séparées qui viennent se positionner de part et d'autre de la "plate-semelle" qui a la forme d'un plat prolongeant la lame.

Bien entendu, la mise en forme et le façonnage diffèrent radicalement selon le type de montage choisi :
  • Dans le cas d'un montage en soie, le positionnement de la lame par rapport au manche est imposé par la manière dont la soie vient se loger dans le manche. Cette position étant établie, c'est le façonnage qui va permettre d'ajuster la régularité des lignes lame / manche et la symétrie de l'ensemble.
  • Dans le cas d'un montage en plate-semelle, la forme finale du manche est déterminée par la mise en forme préalable de la plate semelle sur laquelle vient se calquer celle des plaquettes et le façonnage se limitera à égaliser leurs épaisseurs.

Pour faire de la gravure ou de la sculpture, tu peux travailler comme les sculpteurs avec un jeu de gouges. Je ne te cache pas que cela demande un certain entraînement. Il est aussi possible de travailler avec un outillage façon fraiseuse de dentiste ou de bijoutier (un bloc moteur, un flexible et un mandrin porte outil). C'est très polyvalent et plus facile à maîtriser.

Le passage de la 2D à la 3D ne se présente guère que pour des manches montés en soie car c'est quasiment le seul cas de figure où l'on peut envisager une véritable sculpture. Comme indiqué ci-dessus, il peut être utile de dessiner les lignes générales sur un bloc rectangulaire (vue de dessus, dessous, droite, gauche) ce qui permet un dégrossissage. Ensuite, le coup d'œil et le talent doivent prendre le relais...

Le polissage n'est qu'une question de patience. Il faut faire des passes croisées avec des grains de plus en plus fins et chaque passe doit "effacer" intégralement les traces de la passe précédente. Commencer au grain 50 ou 80; finir au grain 600 est un minimum, personnellement je trouve qu'il ne faut pas hésiter à pousser jusqu'au grain 1000, puis finir par un coup de frotte coton à faible vitesse pour faire briller.

Les petits trucs :
  • pour araser complètement les rivets, il faut faire le montage en collant plaquettes et rivets, puis les limer jusqu'à atteindre le bois et faire ensuite le polissage (bois et rivets) sur le couteau déjà monté. Pour ne pas risquer d'abîmer la lame qui est déjà finie, l'entourer largement de papier adhésif (le masque plinthes des peintres fait très bien l'affaire).
  • le collage des plaquettes doit être fait sur des surfaces parfaitement dressées. Il faut donc soigneusement régulariser la plate semelle et les plaquettes pour qu'elles soient bien jointives. En revanche, inutile de les polir, une finition au grain 80 est largement suffisante. Une petite fraiseuse de modéliste peut être utile pour dresser les plaquettes.
  • pour le collage ou le scellement d'une soie, il est utile de ménager des encoches dans la soie et dans le logement du manche. Cela permet au scellement d'accrocher de manière efficace.
  • le positionnement des perçages sur les plaquettes et la plate semelle doit être parfaitement aligné. L'idéal est d'utiliser le perçage de la plate-semelle comme guide pour percer les plaquettes, à condition de les avoir soigneusement dressées (si on perce en prenant appui sur la plaquette et que la surface de celle-ci n'est pas rigoureusement parallèle à la plate semelle, le perçage ne sera pas perpendiculaire. Le même type d'erreur répété sur l'autre plaquette aura pour effet que les axes de perçage ne seront plus alignés et que le passage des rivets va bloquer lorsqu'il s'agira de traverser les deux plaquettes et la plate-semelle).
  • plus le bois est clair plus les abrasifs et frottes doivent être propres. Attention, les pâtes à polir peuvent "salir" les bois clairs comme le buis. De plus, avec ces bois, le passage d'une frotte sur un rivet va déposer sur le bois des particules d'oxydes métalliques très salissantes.

Dans tous les cas, les bois doivent être secs sinon ils vont continuer à travailler et risquent de fendre autour des rivets.

Je ne connais pas de contre-indication à l'utilisation de l'huile de lin (à couper de préférence avec de l'essence de térébenthine)

Maintenant, il ne te reste plus qu'à te faire la main et à observer, ce qui est encore la meilleure manière d'apprendre !

Re: Façonnage d'un manche de couteau en bois

MessagePosté: Jeu 16 Déc 2010 05:56
de Dzé
Merci pour ces deux réponses vraiment complètes.
Et maintenant...
le coup d'œil et le talent doivent prendre le relais...

Re: Façonnage d'un manche de couteau en bois

MessagePosté: Mer 22 Déc 2010 18:06
de polsk
Quant au micro-onde je pense que c'est une bêtise : c'est pas pour rien qu'on se donne la peine de le faire sécher un ou deux ans ; trop rapidement, et c'est la fente assuré ! De manière générale, et crois moi je l'ai appris à mes dépens, être trop pressé c'est le meilleur moyen de rater son coup.

Re: Façonnage d'un manche de couteau en bois

MessagePosté: Sam 15 Jan 2011 22:32
de danielC
Bernard en a dit beaucoup déjà... personnellement, je ne colle jamais !
Sauf dans le cas d'une soie non traversante.

Sur un plate semelle, je perce mon trou (on va dire à 3mm) puis je prends un vieux foret de 3,2 que je chanfreine sur 5 ou 6 mm...
Je passe ce foret dans mes trous pour donner un léger cône.
Je place mes rivets et je martèle afin que le rivet gonfle dans le cône... il ne reste plus qu'a poncer et le tour est joué, plus rien ne bouge !

Re: Façonnage d'un manche de couteau en bois

MessagePosté: Dim 16 Jan 2011 08:04
de Fred
Bonjour,
juste un mot sur le séchage du bois : on compte généralement un an par centimètre d’épaisseur à condition que la coupe ait été faite en sève descendante (en début d'hiver de préférence). Un séchage trop accéléré a pour effet de refermer les pores du bois et d'emprisonner l'humidité à l’intérieur. Et le micro-ondes, je ne vois vraiment pas.

Re: Façonnage d'un manche de couteau en bois

MessagePosté: Sam 30 Avr 2011 16:55
de winter
Rivetage des clous : au début je ne matais pas mes rivets sur les plates semelles et aucun couteau n'est encore revenu ! Maintenant je le fais systématiquement, ça me rassure quand même ! Du coup sur des plaquettes déjà façonnées et quasi finies.
Et je préfère chanfreiner légèrement avec un forêt plus gros, donc à 120 ° car je trouve que ça fait mieux une "tête de clou" en bout de tige, plutôt qu'un léger cône comme toi Daniel... j'ai toujours peur que le rivet ne s'élargisse trop profond dans le bois et ne le fasse fendre, surtout quand les plaquettes ne sont pas épaisses et/ou que la lame est souple. Seuls inconvénients, le diamètre visible du rivet augmente... et il faut être régulier dans la martelage... et avec l'inox c'est un poil raide. Avantage : c'est indémontable tout seul même avec des bois qui souffrent... pis les têtes martelées j'aime assez.
Et je colle toujours, au moins pour l'étanchéité (mes lames ne sont pas inox, donc mes platines non plus !).

alignement des perçages : pour être certain d'être aligné, je perce avec la platine comme guide comme l'a déjà dit Bernard, mais en laissant la première plaquette percée, les rivets en place (surtout s'il y en a 3) et en positionnant la deuxième pour tout traverser avec le foret (pince pour bloquer le tout), en retirant seulement le rivet concerné par le perçage, et le en remettant aussitôt après : jamais de pb de coinçage, qui se résoudrait par des trous ovales pour rattraper ! Donc un plaquette foutue, ou dans l'autre cas un forcing à la bourrin, qui se soldera probablement à plus ou moins long terme par une plaquette fendue.

pour Tekxou : pas compris ta technique de perçage à 4 et 2 mm !