Métal d'apport pour souder le laiton ou le maillechort

[Denys]

Je suis Marie-Do, femme de Denys coutelier-forgeron eh oui chacun sa spécialité !
Je souhaiterais savoir ce que je peux utiliser comme fil de soudure pour souder le laiton ou le maillechort (fabrication de bijoux). J'avais acheté du fil d'argent comme j'ai appris en formation. Visiblement mon fil est soit trop fin (0,5, au lieu de 0,6 en stage) soit trop riche en étain car je n'ai pas le temps de l'approcher qu'il forme une bille en remontant le fil (il fond de peur comme on dit, sachant que je soude au chalumeau). Si vous avez une idée de ce qui se passe merci de vos conseils et de vos bonnes adresses pour trouver du fil adapté.
Merci à tous de vos éclairages.

[roseleur]

C'est un problème de différence de masse entre la pièce et la brasure. Il faut chauffer la pièce au rouge avant d'approcher la soudure ; ou couper des morceaux de fil et les poser à l'endroit de la soudure (paillons).
Autrement, il faut une brasure moins riche en argent mais dans ce cas c'est la pièce qui peut fondre avant la brasure...
Pour souder le laiton en brasure faible en argent, j'utilise la Castolin 181.

[cuprite]

Bonjour.
La flamme chalumeau est probablement aussi trop proche du fil de soudure lorsque ce fil entre en contact avec les pièces à souder.

[-Pierre-]

Bonsoir,
la soudure à l'argent se prêtera bien au maillechort et au laiton, il faut cependant un "flux de brasure" (par exemple du borax dilué dans l'eau ou l'alcool à 90°) pour éviter que ta flamme n'oxyde le métal et évite à la soudure de "couler" ; il faut aussi faire attention à ne pas avoir une flamme trop oxydante (par manque d'oxygène" qui va noircir les parties à souder).
En général, il faut faire une chauffe globale pour mettre en température une partie élargie de celle qui va recevoir la soudure, puis localiser la chauffe sur le paillon pour qu'il "coule" sur les parties à souder.
Voilà comment je procède et cela fonctionne bien.

[Denys]

Merci pour vos réponses et conseils qui me seront précieux, j'utilisais bien le flux... Je crois qu'il y a un problème quand même avec la qualité de ma brasure (trop riche en étain ?). Bonne journée Marie-Do.

[Invité 1]

Si je ne m'abuse, il n' y a pas d' étain dans les brasures argent.

[Denys]

je ne sais pas comment sont faites les appellations mais si on tape sur le net "soudure argent", il est proposé plein de produits appelé soudure argent et qui contienne en fait 62°% d'étain (utilisé en électronique). Mais la remarque est intéressante car cela me met la puce à l'oreille, peut-être faut-il taper brasure pour trouver le bon produit ?
Je vais voir tout de suite... Merci.

[Invité 1]

Et, oui, tu utilises de la soudure étain, les brasures la plupart du temps sont faites du métal principal à braser et de cuivre souvent, en diverses proportions, ce qui fait que l'on à des "soudures" plus ou moins fortes ; 62% d'étain, c'est pour autre chose que ce que tu veux faire, ça tiendra moins bien.

[seji]

J'ai l'impression d'avoir des préoccupations très proches de Marie-Do. J'ai fait moi aussi une formation en bijouterie traditionnelle, et je travaille les métaux "vulgaires", parce que je suis sculpteur. Je suppose que tu travailles de petites pièces (pour des pièces supérieures à la taille d'un poing, les techniques seraient différentes). Donc, pour les pièces de petite taille en métaux cuivreux (cuivre rouge, maillechort, demi-rouge, laiton, ...) J'utilise deux techniques différentes :
1. la brasure étain. Dans ce cas, ça n'est pas un chalumeau qu'il te faut mais un fer à souder puissant (>60w) et muni d'un thermostat. Les pièces à assembler sont décapées au chlorure de zinc (appellation commerciale : "eau à souder"), ensuite je dirais que le métal d'apport a peu d'importance (j'utilise de l'étain de récupération et ça convient très bien). Il faudra apprendre à choisir la panne du fer et la température adéquate, mais on comprend assez vite en pratiquant. Lorsque les brasures sont terminées, il faut neutraliser le chlorure de zinc dans une solution de (bi)carbonate de soude, et rincer à l'eau claire.
Avantages : rapidité de mise en œuvre, faible coût, on peut même faire ça sur un coin de table de cuisine.
Inconvénients : la brasure est visible et épaisse. Il va falloir limer, et l'étain colmate les limes. C'est la galère pour les nettoyer ensuite. la brasure résiste mal à la torsion.
2. la brasure d'argent. Je ne m'attarde pas sur la technique : Tu as fait une école de bijouterie, donc tu connais la musique. Je voudrais juste insister sur un point : Puisque tu travailles les métaux vulgaires, tu n'as aucun besoin d'utiliser de la soudure "au titre", fort coûteuse, et pas toujours facile à utiliser parce que le fabriquant est obligé d'y incorporer beaucoup d'argent. Ton compagnon est équipé pour réaliser ton métal d'apport : il suffit d'un chalumeau oxy-acétylène. voila les proportions que j'utilise avec succès depuis plusieurs années :

brasure forte : 80Ag, 13Cu, 6.8Zn
brasure faible : 63Ag, 30Cu, 7.5Zn

Personnellement, je réalise des lingots que passe au laminoir et à la filière pour en faire du fil que j'aplatis ensuite pour pouvoir y découper des paillons. Mais je crois qu'on doit pouvoir battre de petites quantités de ce métal d'apport au marteau et à l'enclume, en recuisant dès que le métal s'écrouit, jusqu'à obtenir une tôle de l'épaisseur voulue pour y couper des paillons.
Avantage : brasure nettement plus résistante que l'étain, nettement plus discrète aussi.
Inconvénient : Faut avoir le matériel du bijoutier.

[Invité 1]

La réponse plus développé de seji est dans le vrai.
Aplatir du fil fonctionne très bien, on peut également faire passer le métal liquide à travers un tamis métallique, ce qui donne de petites gouttelettes plus ou moins fines suivant la taille du tamis. Je précise que j'ai vu faire il y a longtemps, mais ne l'ai jamais réalisé. Ne pas oublier un récipient d'eau en-dessous du tamis.