Recuit d'une lame de couteau

[hurz]

Bonjour,
j'aimerais connaître la façon dont vous procédez pour la phase de recuit (dans les cas où vous n'avez pas de four régulé, évidemment). Personnellement, je ne trouve pas ça si facile et cette phase me semble bien plus importante qu'on se l'imagine d'abord (en plus, je trempe à l'eau, donc un recuit réussi limite les risques de casses, je pense).
Pour ma part, je chauffe une sorte de tube métallique, j'y mets de la cendre, ma lame de couteau chauffée, je recouvre de cendres et je remets ça dans ma forge dans laquelle il reste assez peu de charbon et avec la soufflerie éteinte.
Le tout n'est froid que 7-8 heures plus tard.
Merci,
David

[BDelor]

Le procédé me semble correct, du moins pour ces aciers non alliés.
Dans le cas d'une forge à charbon, on peut aussi porter la lame à température, couper la ventilation, puis remettre la lame dans le foyer encore chaud et recouvrir le tout de cendres.
Il est aussi possible de placer la lame dans une caisse remplie de vermiculite (isolant thermique). En fait, tout procédé assurant une baisse de température très progressive fait l'affaire.

Ceci dit certains aciers, comme par exemple le 90MCV8, nécessitent une baisse de température très lente qui idéalement ne peut être obtenue qu'en four régulé (même si on arrive tout de même à des résultats à peu près corrects en jouant sur l'inertie thermique comme tu le suggères : tube massif en acier porté au rouge, empli de centres chaudes, le tout enfoui dans la cendre...).

Mais il n'y a pas que le recuit : pour éviter la casse à la trempe, il est très important de bien faire les normalisations !

[hurz]

Merci. Oui, c'est justement des idées de procédé assurant un baisse de température lente que je cherche.

Qu'appelles tu "bien faire les normalisations" ? J'en fais toujours 3 ou 4 avant le recuit. Y-a-t-il des choses particulières auxquelles je dois prendre garde ? J'ai relativement peu de casses à la trempe, mais souvent de légers voilages de la lame (et je trouve très dur de redresser une lame après trempe, même après revenu, d'ailleurs).

[Stéphane Détrait]

Bien faire des normalisations consiste à les faire en respectant bien les températures avec une baisse de celle-ci à chaque fois.
Tu peux les faire de manière forcée avec un refroidissement de 1 a 2 secondes dans l'huile, ou en faisant des moulinets à l'air libre ou enfin en refroidissant à l'air calme. Certains le font aussi à l'eau en les trempant consécutivement 2 à 3 fois de manière très brève : Jean-Luc Soubeyras procède ainsi pour le C70 chauffé au marron avant les normalisations. Généralement, on normalise avant le recuit.

[hurz]

Oui, je fais ça avec de l'huile comme tu le suggères, avant le recuit.
Je me demandais s'il y avait d'autres choses que Bernard sous-entendait.

[BDelor]

Non, je ne sous-entendais rien de plus ! Simplement, ne pas oublier les normalisations dans le processus. Quant à la manière de les faire, tout est dit au dessus.

[fleurierdu30]

J'ai rempli un grand bac de cendres de bois que j'ai bien tamisées au préalable et une fois mes lames portées à température, je les fourre dedans en les recouvrant dans leur totalité de cendre de bois.

De cette façon, combien de temps pensez-vous qu'il faut à l'acier pour qu'il perde ses contraintes internes ? Bien sûr, cela dépend de la taille de la lame, mais peut-être avez-vous une fourchette ?

[BDelor]

Le paramètre important est de faire en sorte que la température évolue suffisamment lentement. Ce paramètre dépend de la nuance de l'acier, ce qui fait qu'un recuit sera facile à réaliser avec certains aciers (comme par exemple les aciers "carbone") et plus délicat avec d'autres aciers alliés (comme par exemple le 90MCV8). La taille de la lame par elle-même n'y change rien si ce n'est sa propre inertie thermique : avec plus de matière le refroidissement mettra plus de temps à se faire, alors qu'avec une petite lame, le refroidissement sera plus rapide, sans doute trop pour un recuit correct.