Campanile en cuivre et plomb repoussés de ti serge

[Metal Connexion]

Au XIX ème siècle, c'est l'industrialisation des métaux : le métal en feuille dans l'architecture prend la place de la pierre pour plus de légèreté.
Les décors sont surtout en zinc, parfois en plomb, et dans le nord de l'Europe surtout en cuivre.

Ti serge a bien voulu me confier ce campanile.

Campanile (Campanil, 1586 ; it. campanile "clocher") : Clocher à jour ou lanterne surmontant le toit de certains édifices.

Campanile : hauteur 1,80m (maquette) - Les campaniles peuvent atteindre 15m de hauteur.

La technique :

• Cuivre et plomb repoussés. Certains éléments sont repoussés au tour : haut et bas des colonnes, épi de fâitage, rosace au centre ;
• le reste est repoussé à l'outil sur du bois ou du plomb.

Une 1ère question, ti serge :

• A qui est destiné ce campanile ?
• Où se trouve-t-il actuellement ?

Merci.

[ti serge]

Il n'a aucune destination, c' est un amusement d'un ferronnier en retraite et qui passe son temps à pratiquer d'autres techniques dans le travail des métaux.
il est actuellement dans un musée pour une exposition consacrée aux décorations de toitures.

[roseleur]

Beau travail, les colonnes torses ont du être amusantes à réaliser.

[Metal Connexion]

Bonjour ti serge,
techniquement, as-tu recherché ici à employer des techniques que tu voulais découvrir ou est-ce avant tout, un projet esthétique ?

[ti serge]

Au départ, je voulais réaliser un campanile : je l'ai dessiné et c'est donc l'esthétique qui a primé et m'a imposé d'utiliser certaines techniques.
Cette démarche est valable pour toutes mes réalisations.
J'ai dû employer la technique du repoussage au tour : j'en connaissais le principe mais ne l'avais jamais pratiquée.

La difficulté a été double car j'ai dû, en raison de leur forme, faire la base et le haut des colonnes sur un mandrin brisé, un mandrin étant la forme en bois sur laquelle on repousse le métal. Un mandrin brisé est composé de plusieurs morceaux qui coulissent les uns sur les autres pour que l'on puisse les ressortir d'une pièce qui n'a pas de dépouille.
Il existe aussi le mandrin brulé, c'est à dire que l'on chauffe l'ensemble de façon à bruler le bois sans détruire l' objet.

Ce sont des techniques employées en orfèvrerie. C'est passionnant à faire, surtout quand on découvre.
J'oubliais de dire : j'aime bien la difficulté et les moutons à cinq pattes.

[roseleur]

Cinq, ce n'est pas beaucoup.
Ces mandrins à pièces peuvent être en bois ou en acier.
Une pièce centrale (fût) maintient les différents éléments du mandrin dont un est prévu pour sortir en premier (clef).

[ti serge]

Pour Roseleur : c'est peu quand on aime les gigots !

[thierry loeve]

Quelle a été la partie la plus délicate à réaliser ?

[ti serge]

La partie la plus délicate à faire est peut être la boule du faitage (j'ai traité le campanile sur le thème de la spire).

• Pour la faire, d'abord tourner une demi-sphère en bois sur laquelle on repousse 2 demi-sphères en cuivre,
• les ajuster parfaitement bord à bord (pas le droit à l'erreur, épaisseur 6/10 )
• les souder à la brasure d'argent 40%,
• ensuite percer un trou dans l'axe,
• couler du plomb à l'intérieur, pas trop chaud pour ne pas risquer de déssouder. Le plomb a tendance à se figer sur les parois de la boule et à faire un retrait à l'intérieur, ce qui donne de la souplesse pour le repoussage (j'aurais pu employer du ciment de repousseur, dirait Roseleur, mais je n'en ai pas... alors j'ai fait avec les moyens du bord),
• ensuite tracer les spires et les repousser avec des outils de différentes formes, en buis et en acier,
• chauffer la boule pour faire ressortir le plomb : attention à ne pas dessouder.

C'est fini ou presque.

[thierry loeve]

Travail impressionnant et très interressant au niveau des réponses . Merci Ti-serge !
Comment fais-tu pour le repoussage des motifs d'angles ?