Bonjour à toi Bernard,
Oui, j'ai une certaine expérience de la chose.
J'ai déjà vu des réalisations pas si imposantes que ça en volume, mais qui sont des trésors d'ingéniosité.
Ces machines sont des laminoirs à rouleaux "duo" (le "quattro" est tout à fait possible); pourvus d'une largeur utile de 1000 mm environ.
La machine que j'ai vue est un dérivée d'une ancienne rouleuse pyramidales à tôle, telles que fabriqués en France par Vernet, Lisse, Picot. Là pour le coup celle-là venait de Suède, un fabricant de Göteborg au nom imprononçable. Cette machine, je l'ai vue dans un ancien chantier naval reconverti en chaudronnerie lourde, en Suède, à Uddevalla. Celle-là servait à laminer (à chaud !) des plaques épaisses par étages, pour obtenir des poutres en forme de H, mais améliorées : très épaisses au centre (50 mm), elles deviennent plus fines sur les bords (10 à 15 mm). Cette inertie variable permet d'alléger les structures et/ou d'accroître les portées des ponts et des hangars. De telles poutres ont le nom de PRS : poutres reconstituées soudées. Du très grand art.
Cette machine peut donc sortir des bandes de 20 à 30 mètres, en une seule pièce. On place une première bande à épaisseur variable au sol, puis on soude une "tôle à augets" qui est verticale, et à été pliée de très nombreuses fois (je n'ai pas le terme suédois pour cette pièce !). Vue du dessus, cette tôle veticale a cette allure : __/''''''''\___/''''''''''\__ .
On dépose la deuxième bande sur la tôle à augets, on fait une grosse soudure au plafond, on retourne la poutre à 180°, et on termine de souder à genoux. Et ensuite la barge vient chercher les poutres.
Les suédois que j'ai rencontrés ont procédé de la manière suivante : le but de la manœuvre à consisté à démonter la rouleuse à tôle (celle que j'avais vue avait des rouleaux de 500 mm de diamètre pour peut-être 4 mètres de long initiaux), à extraire chaque rouleau, et à les recouper/retailler au tour "dimension maousse", en réduisant leur longueur jusqu'à 1200 / 1500 mm.
Après usinage, un traitement de cémentation est réalisé en surface, suivi d'un glaçage / rodage de la surface. Le but était de valoriser une rouleuse "au bout du rouleau" et surtout de pouvoir répondre à des appels d'offres. Il suffit ensuite de remonter les abords du châssis et la pignonnerie, et ça repart.
L'opération de "laminage" est faite à chaud, avec des gros rouleaux refroidis à l'eau glycolée. Je n'ai pas pu faire de photos de cette machine suédoise. On en a discuté, je l'ai vu fonctionner mais j'étais sur autre chose.
Mais j'ai un fond photographique d'une machine "à onduler les foyers" que j'ai utilisé personnellement, elle fait du forgeage de tubes jusqu'à 1 mètre de diamètre, pour 8 mètres de long et 25 mm d'épais ! :shock:
Cette machine met en rotation un tube-foyer de chaudière industrielle placé à l'horizontale sur des flasques; on chauffe à l'oxytétrène (un substitut de l'acétylène pour des chauffes presque aussi performantes) jusqu'à 1180°C, et on défonce le tube avec une grosse molette, aussi refroidi à l'eau. Le foyer est alors ondulé comme un soufflet d'accordéon ou un baril de pétrole. J'ai les photos de cette bécane sur l'autre PC.
Pour ton cas, on peut faire la même chose avec une rouleuse manuelle vendue 500 €TTC sur leboncoin, je peux aller te la chercher si tu veux :
La seule contrainte, c'est du trouver un usineur pour retailler le rouleau après l'avoir rechargé par soudage (mieux vaut le faire avec préchauffage et au TiG), et procéder après usinage et rectification à un rechargement dur sur les nouvelles parties actives. Le meilleur moyen, c'est d'utiliser une torche
HVOF. (
High Velocity Oxygen-Fuel).
Avec de l'oxyacétylène et un tube de Delaunay convergent / divergent, on réalise une flamme supersonique (c'est pour ça qu'on voit des "diamants" qui sont des fronts de compression, dits "cônes de Mach"; et on en profite pour injecter des billes d'alliage dur sur une surface polie et sans oxydes, la poudre d'apport est obtenue par la métallurgie des poudres. On obtient une surface homogène et extrêmement dure, résistante aux haute températures et à la compression. Je pense en particulier aux Stellite(R & TM, Deloro Stellite Group), une classe d'alliages possédant en proportions très variées et étudiées du cobalt, du nickel, du fer, de l'aluminium, du bore, du carbone, du chrome, du manganèse, du molybdène, du silicium, du titane et du tungstène. Généralement, l'alliage tourne autour du cobalt, du chrome, du tungstène et du carbone. Avec ça, c'est d'une dureté et d'une performance incroyable !
L'application se monnaye au poids déposé et à la préchauffe; fonction de la taille de la pièce. Quelques sociétés existent en France, dont plusieurs près de Marseille, à cause de l'activité robinetière.
Il faut parfois une sous-couche pour une question de tenue, mais comme on retire de la matière au tour, on récupère des copeaux issus de la surface et pour 80 €HT, on les passe au spectromètre de masse. On connaît donc exactement la composition de l'acier, donc on peut déterminer si une sous-couche de liaison est requise ou non. On est donc sur du velours.
Il faut veiller à renforcer la fixation des deux rouleaux et à usiner des bagues pour des cages à aiguilles pour très fortes charges de compressions tangentielles, de chez SKF Industrie.
Et là on a un petit laminoir d'atelier pour pas trop cher (dans les 3000 €HT), et surtout durable.
Mais tu l'auras compris, c'est tout, sauf du bricolage !
Bien à toi.