Bonjour,
Effectivement, les fumées sont une plaie dans bien des métiers. Pour le mien, la soudure, les choses ne sont pas simples, car il y a fumées et fumées. Il en est des "visuelles" certes toxiques, mais pas autant que des émanations presque invisibles mais néanmoins redoutables, contenant du chrome hexavalent par exemple, dans les fumées de soudure des aciers inoxydables par exemple.
Mais pour votre cas, je vous propose un raisonnement "par l'absurde", cela peut être utile pour dégager une solution qui soit "la moins pire". Le "moins pire" est soit à l'attention du forgeron, soit à l'attention du voisinage (mère Nature et les autres âmes qui vivent non loin). Le "bien moins pire" vise à sauvegarder au mieux les deux.
Mais l'expression "usine à gaz" se prête malheureusement bien à ce sujet. Il faut dire aussi que cette préoccupation est noble, malheureusement certains industriels du tiers-monde et des PVD n'en ont cure...
A mon sens, employer du charbon minéral apporte quatre grands méfaits :
- On baigne dans la poussière nocive de celui-ci, celle du charbon de bois est aussi toxique et provoque de graves désordres respiratoires (silicose des mineurs de l'Est/Luxembourg et du Nord),
- On emboucane le voisinage avec une fumée bien reconnaissable,
- Il y a la pollution olfactive, en plus de l'éventuelle auditive,
- On génère des gaz pas nets, du style CO / SO2, et consorts phosphatées, voire dans certains cas une brumisation de métaux lourds : certains charbons minéraux contiennent des métaux lourds comme le chrome, l'arsenic, l'antimoine, du plomb, du cadmium, du mercure... tout dépend de son origine géographique et de sa pureté physico-chimique.
Même le charbon de bois semble "corrompu" : j'ai entendu il y a peu cet été 2010 sur France-Info que la SNCF se débarrassait de ses traverses de chemins de fer (celles en bois créosotés hautement cancérigène), à des sociétés spécialisées, qui les recyclaient par carbonisation, en ...charbon de bois. A vos barbecues !!
Filtrer des poussières contenues dans la fumée revient à "cribler" des particules plus ou moins grosses. Les gaz parfaits (comme le CO2, le très toxique CO, les redoutés H2S et SO2, tout comme la vapeur d'eau) restent des molécules libres qu'il n'est pas possible de piéger, sous entendu ici de les retenir. Piéger ces gaz là, à part la captation et la distillation cryogénique pour les séparer, il n'y a pas d'autres moyens et ces techniques coûteuses n'ont aucun intérêt...
Si l'on veut piéger les microparticules, il faut un filtre "à mailles serrées". Le charbon actif est semblable à une éponge percée de milliards de trous, il peut remplir ce rôle.
D'un autre côté, le filtre créant de fortes pertes de charge qui s'oppose à la traversée de ce fluide qu'est une masse d'air et de fumée ascensionnelle, le danger est de plusieurs ordres :
- Quels sont les polluants qui passeront outre le système de filtrage ?
- Quels sont ceux qui seront piégés par le filtre ?
- Que se passera t'il lorsque le filtre sera saturé ?
- Que fera t'on du filtre une fois qu'il sera saturé ?
- Comment forcer la colonne de fumée à emprunter le filtre ?
Pour répondre à cela, je prendrai l'approche suivante : les gaz nocifs ne seront pas traités par un filtre. Le composant requis pour cela, c'est un élément catalytique qui va accélérer le processus de stabilisation des polluants. Le CO va se transformer en CO2, l'H2S en eau et en SO2, les autres n'auront pas de modifications chimiques. Mais la plupart des catalyseurs coûtent très cher, sont très dangereux à manier, comme le nickel de Raney qui génère de l'hydrogène explosif; ici, ils ne serviront à rien car peu d'entre eux sont thiorésistants : la plupart du temps, le soufre est un poison des catalyseurs.
Pour les macroparticules, comme les suies, celles-là seulement seront stoppées par le filtre. Les microparticules passeront outre. Cela est valable avec un filtre sur lit (à charbon actif, qui est juste du charbon de bois écrasé en miettes compactées et traité à l'eau ou à l'acide phosphorique pour avoir de très nombreux pores à parois ultraminces) et avec un séparateur cyclonique à la
James Dyson.
Le danger, c'est que le filtre soit tellement filtrant qu'il réduise le tirage : on risque d'avoir des turbulences et d'emboucaner littéralement le forgeron.
Il faudrait donc dans l'absolu employer un système d'aide, à base d'un ventilateur amont, voire d'un ventilateur aval pour un filtre-lit, cela génère du bruit et cela coûte cher à l'achat et très cher à l'usage.
Et puis, on n'a pas réglé le problème de la pollution intérieure, celle qui règne là où le cône de dépressurisation est trop faible pour changer la trajectoire "dépositoire" de cette pollution, à fines poussières surtout; et là où le forgeron travaille.
Donc pour proposer une avancée, voilà ma vision des choses :
- Pour ce qui est du local, il faut veiller à avoir un local avec le moins d'aspérités possibles, où les surfaces lisses sont présentes, avec un fort contraste visuel (sols clair, murs blancs),
- Je pense que vis-à-vis du voisinage, on pourra privilégier le lavage des fumées,
- Si il y a nécessité absolue d'augmenter le tirage, l'emploi d'un seul ventilateur d'extraction auxiliaire peut être envisagé,
- Les lessivats peuvent être directement mis en épandage dans du sol arable, les produits soufrés et phosphorés sont un bon apport pour les plantes, les suies sont dégradées (lentement, c'est vrai) par l'humus. Les volcans nous ont bombardés de suies et de cendres et nous sommes toujours là; les cultures poussent même mieux après,
- La chose aérodynamique étant "une usine à gaz" en termes de prévision, de calcul et d'exécution; il me semble plus pragmatique d'équiper une forge à charbon avec une hotte réglable en hauteur et pourvue d'ouïes latérales escamotables : si une grande pièce doit être forgée, on ouvre les volets, le reste du temps la hotte remplit son rôle de tirage des fumées. Et avec un simple manchon tubulaire concentrique, le relevage de la hotte est possible tout en ayant de quoi continuer à laver les fumées par une brumisation continue. Et on règle sa forge au coup par coup pour capter le maximum de fumées, pour réduire au plus l'exposition. La hotte est par défaut toujours relevée, elle est montée sur des compas à gaz placés dans des tubes emboîtés, pour protéger leurs tiges. La descente de la hotte se fera manuellement avec une commande par treuil, et poulies.
Les compas à gaz sont récupérables -pour rien- dans les casses, sur les modèles d'utilitaires et monospaces, qui ont de grands, lourds et nombreux ouvrants, idem pour le ventilateur de tirage auxiliaire, récupéré dans les souffleries derrières les planches de bord, ils s'alimentent en 12 Volts-DC à partir d'un chargeur de batteries ou toute source de courant continu pas chère et facile à se procurer.
J'ai décrit une possibilité d'installation de ce type
ici.
Si vous voulez réduire la pollution découlant de l'usage du charbon minéral, employer du charbon de bois me semble être une excellente alternative, je suivrai les conseils de Thierry Loeve pour ma part. Baptor a raison, le pouvoir calorifique du charbon de bois est plus faible, mais c'est de par sa densité plus faible, dans les deux cas c'est du carbone presque pur, même si le charbon de bois est généralement plus pur que les charbons minéraux. Le charbon de bois étant microalvéolé, la flamme "passe" au travers, sans faire trop de flammes, et il n'y a pas de fraisil.
L'autre alternative, c'est d'employer une forge à gaz, soit au butane / propane (GPLs), soit au gaz naturel, même si celui-ci n'a pas un PCS terrible terrible (je prends le gaz B (Groningue/Slochteren) comme standard, ayant un PCS entre 9,5 à 10,5 kWh/Normomètre cube, le gaz H -non présent en Lorraine je crois- a un PCS de 10,5 à 13 kWh/Nm3, le propane a lui un PCS voisin de 28 kWh/Nm3).
Là, on supprime les poussières, mais on peut aussi condenser la vapeur d'eau produite à partir de la cheminée, sans trop de difficultés pour récupérer de l'eau chaude, et pourquoi pas chauffer l'atelier en hiver, et la piscine en été.
Voilà en l'état les possibilités immédiates.
Bien à vous tous.