Le code du patrimoine est clair : toute utilisation d'un détecteur de métaux sur un terrain public ou privé sans autorisation préalable du Service Régional de l'Archéologie (SRA) est illégale, car avant d'être reconnu comme archéologique, un site est un champ de labours, une forêt, une prairie, un jardin, quelle que soit la profondeur considérée. L'autorisation du propriétaire n'est pas suffisante.
Dans le cas d'une découverte fortuite, c'est à dire étant le fruit du hasard sur un terrain non répertorié comme archéologique et faite sans utilisation d'équipement spécifique, il faut prévenir le SRA, qui dépend de la DRAC de la région concernée, afin de faire enregistrer la découverte. Dans ces conditions, vous ne serez pas dépossédé de votre découverte, même si elle peut vous être empruntée, contre un reçu, pour être étudiée par un spécialiste du sujet. La déclaration va vous permettre de savoir précisément ce que vous avez découvert, et de renseigner la communauté scientifique sur la présence éventuelle de vestiges nouveaux sur une commune. Vous pourrez aussi avoir des conseils professionnels sur la préservation de votre trouvaille.
Ainsi, lorsque vous proposez pour identification des objets trouvés en terre, sous l'eau ou entre les deux, vous vous engagez à ce que la loi soit respectée en déclarant votre objet si vous apprenez qu'il présente un intérêt archéologique ou en disposant d'une autorisation préalable du SRA.
Les précisions suivantes seront alors utiles :
- - le lieu de la découverte : commune, département,
- le contexte de la découverte : en surface ou à "X" centimètres sous terre, la présence à proximité d'un lieu particulier...
- les dimensions et des photos nettes,
- ce qui n'est pas visible sur les photos ainsi que les objets (céramique, ...) qui pouvaient être à proximité.
Un objet archéologique est le témoin d'une civilisation, d'une technologie et de la vie de son ancien propriétaire. Chaque objet est unique par son histoire et son contexte d'enfouissement.
Il peut raconter cette histoire, pour peu que l'on sache l'écouter.
Cela commence dès sa découverte : le lieu, la couche du sol dans laquelle il se trouve, les autres objets qui peuvent lui être associés : métal, céramique, pierre, verre, os, textile, bois..., la position exacte qu'il occupe par rapport à tous ces objets et aux structures naturelles et artificielles de cet ensemble. Cette histoire se formalise lors de l'étude : identification, conservation, restauration, dessins, photos, comparaison technique et typologique, datation, mise en rapport avec le reste de l'ensemble, publication d'un site où chaque élément est une pièce indispensable du puzzle.
Imaginons qu'un objet métallique soit extrait à l'aide d'un détecteur de métaux, à la pelle. Combien de couche archéologiques vont être détruites, seuls éléments parfois permettant de dater un site ? D'autres fois, c'est justement l'objet métallique seul qui permet de dater une structure comme une sépulture isolée.
Si l'objet est reconnu comme significatif lors du pillage (appelons les choses par leur nom), c'est sur son aspect immédiat et son éventuelle valeur marchande. Exit donc l'objet en fer méconnaissable sous sa gangue de corrosion, mais pourtant présent et précieux. L'objet se trouve privé de son contexte, de son histoire, des autres pièces du puzzle et réciproquement, le site se trouve privé d'une pièce parfois essentielle de son puzzle.
Aujourd'hui, le commerce des objets archéologiques issus de pillages, en France comme dans le monde, n'est florissant que parce que quelques personnes s'arrogent le droit de conserver dans leur collection privée, cachée aux yeux et à la connaissance du reste du monde, quelques jolis objets qui ont perdu leur intérêt scientifique et disparu du patrimoine commun de l'humanité.