Montage sur soie d'un manche de couteau

[Jux]

Bonjour à toutes et tous,

Voilà, je viens de me forger une couteau d'une grande simplicité (type petit couteau de cuisine paysan du siècle dernier), aussi je souhaite apporter à ce dernier un manche en bois sachant que pour l'encastrement, j'ai laissé environ 8cm étiré et appointi.
Ma (ou plutôt mes questions) sont les suivantes :
Premièrement : y a t'il une essence de bois particulièrement adaptée à mon projet ?
Deuxièmement : étant quelque peu rétro (médiéviste... et oui tout le monde ne peut pas être parfait), l'idée de le fixer par des moyens actuels type colle ne m'enchante guère ; aussi est-il possible par exemple de lier la lame au manche par un anneau forgé et resserré à la base ? (Si oui bien sûr, comment dois je le forger et l'ajuster avant la pose ou puis je le forger directement sur ma pièce de bois en l'enserrant ?)

Vous remerciant par avance de vos éclaircissements !
Bien amicalement.
Julien

[BDelor]

Bonjour,

le principe consistant à fixer la lame en l'encastrant dans un orifice ménagé dans la lame s'appelle un montage sur soie (la soie est la "queue" effilée qui prolonge la lame et vient prendre place dans le manche). Plusieurs manières de procéder sont possibles :

• soie non traversante : la soie est moins longue que le manche. Pour la fixer dans le manche, on utilise un ciment ou une colle. On peut également ménager un logement légèrement trop étroit, et encastrer la lame "à chaud", la soie portée au rouge faisant d'elle même sa place en brûlant localement le bois au contact. On peut consolider la fixation en effectuant ensuite un perçage latéral qui traverse le manche de part en part ainsi que la soie, et en plaçant un rivet de blocage qui empêchera la lame de se desceller du manche.
• soie traversante : la soie est plus longue que le manche, elle dépasse donc de son extrémité. La fixation se fait en plaçant une pièce de métal percée en extrémité du manche (un pommeau), puis en rivetant par matage l'extrémité de la soie sur le pommeau, ou encore en vissant un écrou sur l'extrémité de la soie préalablement filetée. Dans ce dernier cas, le boulon peut être une pièce décorative, travaillée sur mesure, ménageant par exemple le passage d'un anneau.

[Jux]

Merci beaucoup,

Je pense que dans mon cas on parle de soie non traversante étant donné que, dans un souci de proportions agréables à l'oeil, il convient que mon manche soit un peu plus long que ma queue.
En revanche, un paramètre m'inquiète, ma soie étant en effet relativement fine (peut-être 5 à 7 mm environ), le perçage de cette dernière ne risque-t'il pas d'être quelque peu compliqué ? Pour ce qui est de l'enfilement à chaud, cela ne risque-t'il pas de dégrader (craqueler ou fragiliser) mon bois ?

Enfin as-tu quelques pistes à m'apporter concernant les essences utilisables ?
Amicalement.

[BDelor]

Il faut en effet faire attention à ne pas sectionner la soie en perçant dans une partie trop étroite, (ni risquer de passer à côté de la soie). Le mieux est de percer quelques centimètres seulement en arrière du ricasso, à l'endroit ou la soie s'élargit pour rejoindre la lame.
Si elle est trop fine, mieux vaut se contenter de sceller. Des irrégularités ménagées au préalable dans le logement et dans le métal de la soie elle-même permettront une accroche suffisante. Une méthode qui respecte la tradition consiste à faire le scellement avec du ciment de coutelier, qui présente de plus l'avantage de permettre un démontage ultérieur à chaud si nécessaire.

Enfin, en cas de montage à chaud, il faut bien sûr éviter une trop grande finesse du manche. Une fois la lame en place, plonger le manche dans l'eau si nécessaire pour stopper la combustion...

[Jux]

Très bien, encore une fois merci infiniment pour ces réponses rapides et formatives !

Mais qu'appelles-tu "ciment de coutelier" et où s'en procurer ?

[roseleur]

Quelques éléments de réponse se trouvent dans le sujet sur le ciment de coutelier.