Fabriquer un couteau à pompe de randonnée : conseils techniques

[Delphy]

Bien le bonjour à tous !

Je suis tout nouveau sur le forum, et j'ai vu que beaucoup d'entre vous était de grands connaisseurs sur la coutellerie et j'aurai besoin de quelques conseils car j'aimerais moi aussi apprendre à fabriquer mes propres couteaux.

Tout d'abord, voici des précisions sur ce que j'aimerais créer. Il me faudra pas mal de temps j'imagine, mais le jeu en vaut la chandelle comme on dit ! Mon but est de faire un couteau (taille, épaisseur, etc pas encore déterminée) pour la randonnée, donc solide, avec un acier qui résistera surtout au niveau du tranchant. Je voulais d'abord savoir quelle acier serait le plus approprié, ensuite j'aurai bien voulu la colorer en rouge avec la trempe mais est-ce que ça va tenir au fil des années ? Où est-ce que ça risque de fragiliser la lame ?

Pour le bois, je sais pas encore lequel choisir (j'en cherche un qui tirerait vers le rouge aussi), et je pense que ce n'est pas trop important pour le moment. Par contre j'aimerais faire un couteau à "pompe" arrière (je ne sais pas si le terme est bien le bon.... ), c'est-à-dire qu'on bloque avec un ressort à l'arrière et qu'on déverrouille la lame en appuyant sur la pompe.
Est-ce compliqué à fabriquer ? Sachant que je pensais utiliser du laiton pour la pompe mais je crains que cette matière soit trop "souple" et risque, au fil du temps, de se plier et de ne plus actionner le ressort.

Qu'en pensez vous ? Tout vos avis sur la question m'intéresse et je vous remercie d'avance de m'avoir lu !

Merci beaucoup, et à bientôt !

[BDelor]

Bonjour et bienvenue sur le forum.

Pour un couteau de randonnée, il faut effectivement du robuste. Encore que pour la polyvalence, Nessmuk conseillait plutôt d'en avoir deux (voir : Origine du couteau Nessmuk).

Concernant la lame, deux approches sont possibles :

• lame en acier non allié (dit "acier carbone") : facile à forger et à traiter thermiquement, tenue de coupe moyenne dans le temps mais affûtage très facile
• lame en acier inox de coutellerie : à ne travailler par forgeage que si l'on a une bonne maîtrise de la question, sinon à mettre en forme par abrasion ("stock removal"). Traitement thermique impossible à réaliser soi-même sans outillage professionnel (four de trempe), excellente tenue de coupe dans le temps mais affûtage difficile.

La fabrication d'un couteau pliant à mécanisme, pompe arrière ou autre, n'est pas simple pour un débutant. Il y a un délicat travail d'ajustage à effectuer, qui nécessite pratique et expérience. Je vous conseille la lecture du livre "Le Thiers, secrets de fabrication", Camille éditions, ISBN 2-913028-00-4. Vous y trouverez un guide de fabrication pas à pas ainsi que des gabarits pour les différentes pièces.
Les pièces composant le mécanisme de pompe arrière sont : le ressort et la bascule de blocage de la lame. Toutes deux doivent être fabriquées en acier afin de présenter les caractéristiques de résistance et d'élasticité requises. Le laiton ne peut pas convenir.

Dernier point : la coloration de lame ne peut être obtenue de façon durable, en tout cas par des moyens artisanaux. Il existe des procédés de bronzage plus résistants, mais j'avoue ne pas en connaître qui donneraient une coloration rouge. Ces procédés sont généralement utilisés pour des armes de chasse ou de combat, et dans un cas comme dans l'autre, les couleurs discrètes ont la préférence !
Il existe en revanche de très belle nuances de bois rouges, comme par exemple l'ébène rouge ou "aloha", ainsi que les bois stabilisés qui peuvent recevoir avant traitement toutes sortes de colorations, ces bois stabilisés étant par ailleurs bien adaptés à un usage randonnée du fait de leur inertie en milieu humide.

[Delphy]

Bonjour et merci bien pour cette réponse précise !
Je savais bien que je m'attaquais à du lourd dès le départ ; je pense que je vais acheter le livre que tu m'a conseillé avant de commencer ce travail et voudrais savoir en même temps : penses-tu qu'il serait préférable pour moi, étant débutant, de commencer par un couteau droit (qui serait utilisé dans le même but que le couteau dont j'ai parlé précédemment, la randonnée) ?
Autre question, est-il possible de graver la lame sans outil de professionnel qui coûte très cher ?

[BDelor]

Commencer par un couteau droit me semble en effet plus raisonnable, à moins que tu n'aies une expérience professionnelle de micro-mécanicien, ajusteur, ou quelque chose comme ça, auquel cas le pliant ne devrait pas te poser trop de problèmes.
Le couteau droit présente déjà son lot de challenges techniques pour le débutant : faire une ligne et une émouture correctes, réussir les traitements thermiques, faire un montage soigné...

La lame peut être gravée à l'acide après avoir été recouverte d'un vernis "graveur" que l'on entame avec une pointe à tracer pour dessiner le motif. Voir par exemple le sujet sur le couteau pliant à intercalaire torsadé.

[Delphy]

La technique la plus " simple" serait de faire la lame avec la forme du manche en une seule pièce que l'on fixerait aux deux pièces du manche par des rivets, donc un couteau en 3 parties, la partie métallique qui serait la lame et la platine et le manche qui serait coupé en deux. Mais j'aimerais bien avoir des précisions sur le montage d'une lame avec une "soie" (je ne sais pas si le terme est exact... ) car je n'ai jamais vraiment compris comment on pouvait fixer la lame ainsi.

Est-il possible de faire ces réalisations sans matériel de professionnel ? Comme par exemple faire les traitements thermique avec un four de cuisine ?

Désolé de poser autant de question, mais je suis énormément curieux et votre forum est vraiment une mine d'or pour moi !