Les échoppes pneumatiques pour la gravure en taille douce

[BDelor]

La réalisation d'embellissements en taille douce intéresse de nombreux artisans, qu'il s'agisse de travailler l'acier, comme par exemple pour des lames de couteaux, mais aussi les métaux non ferreux (cuivre, laiton, bronze, argent...) utilisés dans de nombreux contextes.

Traditionnellement, ce travail s'effectue soit au burin soit à l'échoppe.

Dans un cas comme dans l'autre, le temps d'apprentissage est long. Le travail au burin suppose d'apprendre à maîtriser une gestuelle précise pour parvenir à coordonner le mouvement et l'orientation du burin avec la frappe précise du marteau. Le travail à l'échoppe, quant à lui, s'effectue "à main levée", le contrôle précis de l'angle et de la force de coupe sont délicats à acquérir, et il est facile de ripper et de rayer le travail en cours.

Des fournisseurs américains ont développé depuis plusieurs années des systèmes pneumatiques qui rendent un peu plus aisé l'approche du travail de gravure. Ces systèmes consistent en une échoppe dans laquelle est logée une masselotte mobile mise en mouvement par de l'air comprimé. Elle agit alors comme une sorte de "micro marteau" intégré venant frapper avec une fréquence élevée l'outil de coupe monté sur l'échoppe. La puissance et la fréquence de frappe sont modulables par différents mécanismes de contrôle (pédale, capteur de pression...).
Pour répondre aux questions qui m'ont été posées plusieurs fois sur le forum, je n'ai pas connaissance de fournisseur européen ayant développé des systèmes similaires. Les deux entreprises américaines sont :

• Glendo Corporation : lien
• Lindsay Air Graver : lien

Avec une bonne dose d'habileté, il est toutefois possible de réaliser soi-même une échoppe pneumatique de ce type. Il me semble que des plans circulent sur le net, qui correspondraient aux tout premier modèle prototype de Lindsay, mais je n'ai pas davantage d'information à ce sujet.

Il faut par ailleurs souligner que, dans tous les cas, le matériel nécessaire pour faire un travail de gravure soigné ne se limite pas à l'outil de coupe. Un étau de graveur (étau boule rotatif) est très utile pour la coupe de courbes régulières, indispensable pour la gravure de caractères typographiques. De plus, la finesse des détails requiert à minima des lunettes grossissantes (type lunettes d'horloger ou de bijoutier), et idéalement une loupe binoculaire à fort grossissement. Cela peut donc devenir un investissement relativement important, en terme de coût et de temps d'apprentissage.

[roseleur]

Pour la loupe binoculaire on arrive à en trouver, avec un peu de patience, à des prix raisonnables sur les sites de vente d'occasion.
J'en ai trouvé une d'atelier à bras déporté, ancienne certes, mais pour 70 euros et elle a deux grossissements.
Pour la gravure pneumatique, ça fait un moment que ça me turlupine mais je n'ai pas pris le temps de faire des recherches.
N'y a t'il pas aussi des matériels électromécaniques un peu sur le principe des marteaux de sertisseur ?

[BDelor]

Je n'ai pas entendu parler de matériels électromécaniques, mais je ne prétends pas avoir le dernier mot sur le sujet...

Pour ce qui est des loupes binoculaires, on en trouve en effet assez facilement, mais il faut faire attention à la focale. Très souvent, il s'agit d'équipements de laboratoire qui ne laissent pas entre l'optique et la pièce observée un espace suffisant pour pouvoir placer ses mains et travailler correctement.

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Il y a 2 ans, j'ai fait un essai de gravure avec une échoppe pneumatique chez Jean Santos :

Depuis, j'en ai eu un :

Mais, ce n'est pas fini car il faut :
- une pédale, première version en bois qui n'a pas duré longtemps, avec les branchements pneumatiques :

Voici le second modèle en métal qui va durer :

Pour la vanne, j'ai fait un trait de scie sur la queue de commande de la vanne 1/4 de tour, avec un disqueuse pour avoir un repère visuel de sa position et pouvoir la commander avec un tourne-vis sans démonter la pédale supérieure (pour le réglage de la fermeture) :

- un étau boule : après achat une boule forgée de 100 mm, avec une grosse aide d'un copain tourneur :

- un roulement conique, une bonne dose d'extrait de méninges du tourneur (un grand merci à lui, je n'y serais pas arrivé seul), quelques vis, tige filetée, écrous inox, rondelles, pièces tournées et fraisées, et un étau vendu sur Ebay.
Il ne reste plus qu'à faire un support et aussi un sac de sable.
- une loupe de tête :

J'utilise une loupe avec éclairage fluo sur prince étau.

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Le voilà sur son support :

Et j'ai fait un photographie au maximum de l'inclinaison possible (même si je pense ne jamais l'utiliser comme ça) :

Voilà ce que ça donne sous ma loupe éclairante (2,5 si mes souvenirs sont exactes) :

J'ai fait les photographies sur la table où je mange mais bien sur c'est pas là que je travaille.

Et voici une petite vidéo de la rotation de l'étau :

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Maintenant que j'ai mon étau-boule, il faut que je puisse transférer mes projets faits sur ordinateur sur les plaques à graver.
Je viens de faire faire des essais de transfert d'une impression laser (Brother HL-5150D) ou je viens de mettre du toner de la marque (les premiers essais que j'avais faits étaient avec une cartouche générique qui donnait une impression très pâle). Après x et x essais, je viens d'arriver à transférer l'impression sur papier ordinaire avec de l'acétone sur une plaque de titane (merci Claude) :

Il y a eu un petit décalage.
Il faut tamponner le papier avec un essuie-tout légèrement imprégné d'acétone et qu'il humidifie légèrement le papier. On ne voit presque plus le transfert : c'est qu'il adhère à la plaque.
Une autre méthode consiste à utiliser du papier sulfurisé (papier cuisson) pour imprimer son dessin à transférer. Le toner n'adhère pas au papier sulfurisé mais il se transfère sur les rouleaux de l'imprimante avant la sortie de la feuille.
J'ai trouvé la solution de coller ce papier (sur laquelle j'ai déjà imprimé le dessin pour repérer l'endroit où je dois coller le morceau de papier sulfurisé) à la fin d'une feuille A4 en ouvrant l'arrière pour éviter que la feuille soit retournée.
Puis il faut préparer la plaque avec un mélange de vernis dammar et d'alcool à brûler (50%) puis appuyer le papier sulfurisé avec un outil arrondi. Le premier essai n'a pas été concluant, le vernis n'était pas assez sec.
Et il me faut aussi de quoi pouvoir voir plus grand ce que je fais ou permettre, lors des démonstrations, au public de voir ce que je fais. (En plus, je pourrais enregistrer des vidéos de ce que je fais).
Je me suis acheté, il y a pas mal de temps, un microscope Usb Dnt (chez Aldi en Allemagne : ~ 70 €uros) :
lien
Je vous passe quelques photos (Celle que j'ai faite de l'essai de transfert à été faite avec) :
Une pièce de 2 €uros prise à 20 cm et éclairée pas les LED :

La même pièce prise avec le microscope posée dessus :

Et je viens de m’apercevoir qu'il y a un autre focus :

Il est capable de focaliser à l'infini :

Je ferai un essai de gravure avec et si ça ne va pas pour la gravure, il me permettra de faire des vidéos de mes travaux.
Et voilà mes premières gravures faites en démonstrations (avec pas mal de défauts) :

En détail :

Le fils d'un copain a essayé :

Bien sûr, je ne suis pas encore arrivé à son travail :

Maintenant, j'attends mes pointes refaites à neuf et un beau temps sur ma terrasse pour faire les prochains essais. Il me reste à faire des gabarits pour rafraîchir tout seul mes pointes, et des essais de transfert de dessin en utilisant le papier sulfurisé.

[ti serge]

A propos d'échoppe pneumatique, je viens d'en fabriquer une, finie hier soir.
Au départ, je l'ai faite pour graver du marbre mais elle marche très bien sur du laiton et de l'acier, le tout c'est d'apprendre à s'en servir ! C'est agréable à manipuler, ça avance tout seul !
(Longueur 80mm, poids 145 g. 15 jours de travail et de mise au point. Prix de revient de la matière autour des 15 euros. Accessible à tout bricoleur qui possède un tour.)

[BDelor]

Est-ce que c'est une conception personnelle, ou t'es tu inspiré des plans que l'on trouve ici où là sur internet (et qui correspondent - paraît-il - aux premiers modèles de graveurs Lindsay) ?

[ti serge]

C'est une conception personnelle inspirée du marteau piqueur (ça en a un peu le bruit). Mais mon échoppe tient plus à la plomberie qu'à la mécanique de précision. Je ne manquerai pas de mettre une photo et pourquoi pas des plans s'il y a des amateurs, mais pour ça il faudra que je les fasse.
J'ai l'habitude quand je fais ce genre de choses, de travailler avec des croquis de principe et de regarder dans mes tiroirs ce qui pourrait me servir, c'est pour cela qu'elle est composée de raccords en laiton, de plastique et d'outils cassés ! C'est aussi pour ça qu'elle est simple à faire.

[bryan]

Et c'est probablement pour ces raisons là que ça va intéresser beaucoup de monde.