L’Eau forte, un procédé de gravure sur métal - Aqua-fortis

[Metal Connexion]

Un sujet en guise de clin d’œil au travail onirique et souriant d’Alain Laboile.

Le monde de ce créateur se raconte autour du sujet entomologique : l’insecte et la pierre, l’insecte et la photo, l’insecte et le métal… Toutes ces associations aboutissent à des représentations graphiques fascinantes.
Cette dernière association se produit par exemple lorsqu’il s’agit de graver une matrice métallique destinée à imprimer : l’eau forte.

Aeschnidae par Alain Laboile

Alain, l’aquafortiche, décrit sur son site le principe.
Il s’agit de recouvrir les deux faces d’une plaque d’acier zingué par un vernis résistant à l’acide.
L’insecte est alors esquissé à l’encre sur ce support et servira de repère à un outil qui se chargera ensuite d’éliminer le vernis à certains endroits.
La plaque est ensuite plongée dans un bain d’acide, et les zones dégagées se creusent pour révéler l’insecte. La concentration acide du bain et le temps de morsure de la plaque devra être contrôlée pour obtenir la profondeur de taille recherchée.
La pièce photographiée est une matrice en métal qui permet ensuite de réaliser des tirages papier.
La plaque encrée reçoit un papier humidifié… Le transfert de l’encre sur le papier sera assuré par des rouleaux de presse à taille-douce. L’image apparait alors en négatif.

Alain Laboile
538 Contillon
33760 Arbis
mail : lab@lab6.fr - Site internet : http://alain.laboile.free.fr - Ses eaux fortes

[roseleur]

Cette technique peut utiliser également le cuivre ou même l'aluminium.

[thierry loeve]

Est-ce fait à l'acide chlorhydrique ?

[roseleur]

L'acide chlorhydrique n'attaque pas le cuivre ; par contre il convient pour l'aluminium et pour le zinc.

[Metal Connexion]

Le bain traditionnel serait de l'acide nitrique dilué ; le mordant pouvant être par ailleurs du perchlorure de fer.
Il serait possible d'utiliser certains produits (fleur de soufre,...) capables de diffuser l'attaque du métal pour créer des effets (brume, pointillisme, etc..).

[BDelor]

Un exemple de gravure -simple - sur une lame de couteau.
Préparation au vernis graveur et attaque au perchlorure de fer.

[roseleur]

Dans ce dernier cas la gravure est à but de décor et non de planche d'impression.

La gravure à l'eau forte peut permettre également de créer des effets de matière :

Celle-ci a été réalisée sur laiton avec un vernis réalisé à partir de bitume de Judée en solution dans la térébenthine et l'attaque réalisée à l'acide nitrique. Le vernis est tamponné avec une éponge.

[BDelor]

Voici le marquage d'initiales sur le pommeau d'un couteau de chasse (B et L entrelacés). Le motif est la copie de celui qui est gravé sur la chevalière du commanditaire du couteau.

Passage de la pièce au vernis graveur et tracé du motif (initiales B et L entrelacées) à la loupe binoculaire.

Résultat après attaque au perchlorure de fer.

[Olivier21]

Merci pour ces précisions. Il me faudra essayer le vernis à graver un de ces jours. Cela fonctionnerait-il avec du vernis à ongle ?
Bonnes fêtes,
Olivier

[BDelor]

L'avantage du vernis graveur, c'est qu'il est fait pour cet usage, et que - contrairement au vernis à ongle dont l'objectif est de tenir le mieux possible - il s'enlève très facilement. Cela permet de tracer le motif sans faire aucun effort pour arracher le vernis, ce qui est primordial pour réaliser des détails fins.
Dans l'exemple que j'ai montré, l'ensemble du motif ne dépasse pas 2 x 1,5 cm, la précision du tracé interdit de devoir faire le moindre effort pour gratter le vernis : les contours sont faits avec la pointe d'une épingle, et l'intérieur des traits avec un stylet de bois effilé !