Plan d'affaires (financement, rentabilité) d'une ferronnerie

[Wanax]

Bonjour à tous.
Voilà, je suis en train de faire une formation en ferronnerie à Bruxelles et j'ai un cours de gestion.
Nous devons faire un plan d'affaires afin de nous préparer à créer notre entreprise et nous devons poser quelques questions à des forgerons/ferronniers sur leurs débuts dans le métier.
Je viens donc à vous et vous demande un peu de votre temps pour répondre à ces questions :

1/ Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrez dans vos débuts ? (trouver des clients, des fournisseurs, se faire connaître, ...)

2/ Comment avez-vous financé vos débuts ?

3/ Quelle était votre marge et vos bénéfices au début de votre carrière et comment ont-ils évolué ?

4/ Quelles ont été vos relations avec vos concurrents et comment ont-elles évolué ?

5/ Avec le recul, quelles sont les erreurs que vous auriez pu éviter ?

6/ Avez-vous réussi à concilier vie professionnelle et vie privée ?

Essayez si possible de répondre questions par questions.
Voilà, merci pour vos réponses.

[thierry loeve]

Bienvenue sur le forum Wanax.

Comptes-tu t'installer en France ou en Belgique ? Les marchés, leur évolution et les aides à l'installation n'y sont pas les mêmes. Ces aides diffèrent aussi selon les régions, du moins en France (je n'ai pas d'information pour la Belgique).
L'installation il y a 20 ans n'était pas la même non plus : sur quelle période maximum porte ton étude ?

[Wanax]

Alors je compte m'installer dans le sud-ouest de la France.
Nous devons faire un plan financier qui présente notre entreprise et ses finances sur deux ans.

J'espère que tu pourras m'aider.
Wanax

[au gilet rouge]

Bonjour,
je te donne mon avis sur deux de tes questions :

2) J'ai toujours financé mes ateliers en autofinancement. L'inconvénient est que tes projets se développent lentement. L'avantage est que tu ne dois rien à personne, tu n'est pas obligé de faire du chiffre à tout prix en prenant des chantiers qui parfois t'éloignent de ton "rêve" initial.

5) Une erreur que j'aurais pu éviter dans la mise en place de mon premier atelier est celle de démarrer avec un atelier "non complètement opérationnel" (ceci est lié aux problématiques de financement). Tu perds beaucoup de temps et quand ton entreprise commence à bien tourner, tu as la tête dans le guidon, tu ne prends pas le temps de terminer ton atelier donc tu perds encore plus de temps en production.

Je pense que se mettre à son compte juste après sa formation n'est pas la bonne solution (je suis bien placé pour le savoir, je l'ai fait). Tu n'as pas de réseau, pas de connaissance du tissu économique, même si tu es un ouvrier virtuose, il te manque de l'expérience.

Salutations.

PS : Ne pas négliger l'organisation du bureau (achat, devis, suivi comptable).

[Wanax]

Merci pour tes réponses Au Gilet Rouge.
Je prends note.

[Wanax]

je rajoute une petite question :

Quelle était votre consommation de charbon mensuelle au début de votre activité ?

[BDelor]

Un message, juste pour appuyer ce qu'a dit "au Gilet Rouge" :

1) Même si on tient à préserver la part de rêve, il faut avoir beaucoup de réalisme dans la gestion de son affaire. Et quoi qu'on en dise, les revenus sont en relation directe avec la productivité que l'on parvient à atteindre. Il faut donc absolument avoir un atelier équipé, rationnel, afin de ne pas faire en 1 heure ce qui pourrait ne prendre que 10 minutes. Cela peut paraître tout bête, mais c'est fondamental, car à la fin du mois, le chiffre d'affaires reflètera la quantité de travail qu'on aura réussi à abattre.

2) Au delà du chiffre d'affaire "brut", il faut raisonner en terme de revenu net. Gagner mieux sa vie, c'est aussi apprendre à s'approvisionner à meilleur prix, à produire à moindre coût, quitte à sous-traiter parfois certaines activités.

3) La part de travail hors atelier représente à minima 30% de ton temps : conception, communication (salon, site web, contacts presse...), contacts clientèle, achats, facturation, gestion et formalités diverses...etc. C'est du temps qu'il faut prendre en compte dans le calcul de tes prix et dans l'évaluation de tes capacités de production.

4) S'autofinancer plutôt que de se mettre la pression en s'endettant prématurément. Certes le développement est plus lent, mais comme il faut aussi se faire un nom et une réputation, de toute façon l'activité ne démarrera que très progressivement. Cette phase de démarrage est à prendre en compte (personnellement j'ai pu exercer plusieurs années en double activité salarié + artisan, cela donne une grande sécurité, laisse le temps d'acquérir de l'expérience, et permet de construire sa situation sans hâte).

[thierry loeve]

1/ Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrez dans vos débuts ? (trouver des clients, des fournisseurs, se faire connaître, ...)
Du point de vue administratif, les chambres de métiers et de l'artisanat sont là pour faciliter les démarches de création d'entreprises. Ce qui n'est pas évident c'est de choisir le statut adapté à son cas. Celui-ci dépend entre autres de la façon dont on souhaite l'évolution future de celle-ci .
La première difficulté que j'ai eue, c'est de me sentir suffisamment confiant en moi à la sortie du CAP. C'est pourquoi j'ai préféré naviguer dans différentes entreprises et me confronter ainsi à différentes façon d'aborder le métal. Cela a duré 6 ans.
Pendant tout ce temps, j'ai créé des sculptures, des pièces de déco et de mobilier que j'ai commencé à présenter dans des expos. Cela m'a permis d'abord de tester ce que je faisais en dehors du cercle d'amis et du cercle familial. J'ai commencé à avoir des commandes. La création d'entreprise s'est révélée alors indispensable.
Pour les fournisseurs, je les connaissais pour la plupart ayant travaillé en entreprise dans la région.
Pour le local, j'ai commencé dans mon garage, puis après déménagement, dans une dépendance (25m2) et depuis l'an dernier dans une grange (90m2). La chance d'habiter à la campagne !

2/ Comment avez-vous financé vos débuts ?
A l'époque, on obtenait une aide par le dispositif ACRE. Cette aide s'est transformé en prêt remboursable...
Mes premiers outils de forge m'ont été donnés, une grande chance.
L'électro-portatif s'est constitué au fur et a mesure des besoins des commandes, d'abord bas de gamme puis outillage pro.
Comme Gilet Rouge : pas d'emprunt, pas de crédit, pas de dette.

3/ Quelle était votre marge et vos bénéfices au début de votre carrière et comment ont-ils évolué ?
Beaucoup de pertes financières par inexpérience : trop de cadeaux faits au clients. Pas ou peu de marge et bénéfices systématiquement réinvestis dans l'entreprise.

4/ Quelles ont été vos relations avec vos concurrents et comment ont-elles évolué ?
On n'est pas dans un concours. Les paramètres de décisions des clients sont variables et tiennent en grande partie au fait que si ils font appel à des artisans, c'est bien souvent pour leur spécificité. Autrement dit, je fais des choses que d'autres ne font pas, ou du moins pas de la même façon, et réciproquement. Je préfère trouver, comme ici, une notion d'échanges que de rivalité financière.

5/ Avec le recul, quelles sont les erreurs que vous auriez pu éviter ?
Vaste domaine ! Erreurs de stratégie, de communication, de gestion du temps, de naïveté...
Et puis certaines erreurs se sont avérées des réussites par la suite.

6/ Avez-vous réussi à concilier vie professionnelle et vie privée ?
C'était et cela reste primordial.

[Wanax]

Merci à vous pour toutes vos réponses.
A bientôt dans le vaste monde de la ferronnerie !