Je suis apprenti ferblantier, autodidacte, et je fabrique donc des ustensiles ménager, récipients et autres objets d'illumination, avec des feuilles d'acier galvanisé de 4 ou 5/10 ou encore de tôle en fer blanc provenant de l'industrie alimentaire. Je sais que ce métier sort un peu de l'objet de ce forum, mais la question qui m'amène, la soudure de ferblantier, sera sans doute d'intérêt.
A ce sujet, dans mon apprentissage, j'aspire à savoir souder avec les moyens similaires à ceux dont disposaient les anciens, c'est à dire le fer à souder dont la panne est en cuivre massif et nu (chauffée ici à la flamme d'un chalumeau) et d'un flux qui, selon le besoin, peut être du chlorure de zinc ou de l'acide chlorhydrique dilué ou non avec de l'eau. Le processus le plus satisfaisant auquel je suis arrivé après maints essais est le suivant (supposant que la pointe de cuivre ait été récemment repassée à la lime) :
pendant que le fer chauffe en ayant attention à ne pas dépasser le rouge cerise du cuivre, je mouille les bords d'union des pièces à souder à l'aide d'un petit pinceau de poils naturels avec du flux. Je plonge rapidement la pointe de la panne dans du chlorure de zinc puis je l'étame parfaitement en l'approchant de la barre d'étain. Ceci fait, je décharge et fait couler cet apport d'étain par contact au long de l'union préparée auparavant. En procédant ainsi, le cordon de soudure n'est jamais très fin (dans le sens qu'il ne mouille pas beaucoup par capillarité) mais régulier, lisse et bien ‘collé’. Une fois déposée cette quantité d'étain, je procède à en reprendre une autre de la même façon autant de fois que la pointe du fer reste étamée (4 ou 5 fois).
Arrivé à un moment, cet étamage devient terne et ‘sec’, ne permettant plus de rétamer de nouveau la pointe sans la rafraîchir à la brosse métallique, mais déjà ce rétamage n'est plus aussi parfait qu´au début, bien que je puisse continuer à souder. Ensuite ceci dégénère rapidement et je dois nettoyer la pointe du fer à souder en la plongeant de nouveau rapidement dans le chlorure de zinc. Ceci la rafraîchit mais ne permet plus de l'étamer aussi bien qu'au début.
Dans ce processus, et c'est là l'ennui, le cuivre se ronge en forme de ‘caries’ de un ou deux mm. de profondeur, ce qui m'oblige ensuite à retirer à la lime une quantité appréciable de matière au fer à souder, afin d'en éliminer ces imperfections qui rendent impossible le déroulement convenable d'une soudure. De cette façon la panne disparait à vue d´œil, et ceci est pour moi un dilemme car certains de ces outils sont anciens et ceux qui les utilisaient savaient minimiser leur usure normale, au point qu'une autre personne ait pu en hériter et puisse continuer à les utiliser. Mais pas comme je le fais.
J'ai également essayé avec de la résine colophane qui est un acide, faible afin de nettoyer le fer, mais elle ne le fait pas nettement et de plus épaissit ensuite le cordon de soudure, la rendant moins fluide. De même avec du chlorure d'ammonium (sel d´ammoniaque) pur ou mélangé en différentes proportions avec de la colophane broyée. En tout cas, c'est très corrosif avec le cuivre.
La personne auprès de laquelle j´ai commencé à apprendre ce métier frottait la panne de son fer à souder contre un bloc de pierre ammoniacale, qui ne se trouve plus dans le commerce (quand ce métier était en essor, on en trouvait dans les drogueries les plus achalandées, plus maintenant).
J'en suis donc à chercher à améliorer ma technique de soudure tout en restant fidèle aux techniques anciennes. Quelques questions me viennent à l´esprit après ces expériences :
- Pourquoi le cuivre se corrode t-il en dessous de l'étamage ?
- Pourquoi l'étain devient il terne (brûlé ?) au bout du fer ?
- Comment réussir une soudure fine, dont le cordon disparaît par capillarité entre les deux superficies à unir ?