Salut Didier.
brise roches a écrit:alors je vais probablement me faire taper sur les doigts mais je maintiens : plus il y a de couches dans une trousse moins on distingue le dessin
Ça, c'est tout à fait logique si la distance de regard reste la même.
Et, plus intéressant, c'est seulement vrai si la trousse ne contient pas de couches nickel pur. Les couches de nickel ne vont pas agir comme de l'acier, mais vont s'allier avec les couches d'acier qui le touchent et vont élargir les "couches" brillantes.
brise roches a écrit:cela me semble logique dans la mesure où les couches deviennent de plus en plus fines et que leurs différents composants s'interpénètrent de plus en plus.
Pour le carbone, tout à fait d'accord, parce que c'est l'élément qui migre le plus vite. Mais le carbone a très peu d'influence sur la variation de "couleur" des couches. Quand je fais un damas avec du XC75 et du 75Ni8 (15N20), le taux de carbone est absolument pareil, mais la différence de contraste est énorme et il faut faire beaucoup de couches, selon mes expériences largement plus de dix mille, pour ne plus être capable de distinguer les différents aciers après une révélation adaptée.
Plus important que le carbone pour les différents contrastes dans le damas, sont le nickel (qui fait une migration très lente) et le manganèse (qui ne fait quasiment pas de migration du tout dans l'acier non liquide).
Mais il est bien sûr possible de faire tellement de "couches" qu'il ne sera plus possible de distinguer quelque chose. Dans ce cas par contre il ne s'agit plus d'un damas, parce que le but de faire un damas c'est d'avoir un motif. Il s'agit plutôt d'un acier de corroyage.
brise roches a écrit:les sabres japonais en sont un bon exemple
Désolé, mais les sabres japonais sont un très mauvais exemple parce qu'il ne s'agit pas d'un damas (fait avec des aciers différents pour obtenir un dessin spécifique) mais d'un acier de corroyage qui est fait avec un seul acier de la même loupe de bas fourneau tatara.
brise roches a écrit:[...] j'ai toujours tiré une éprouvette de mes blocs finis parce que justement il n'y a pas de protocole pour la trempe d'une lame en damas, la soudure à la forge et même au four a gaz présente un certain empirisme, les alliages que nous "fabriquons" ne rentrent pas dans les cases des abaques de trempe des aciers standards.
Je ne suis pas complètement d'accord avec toi parce que si tu connais les aciers et leur quantités respectives dans tes damas, il est assez facile, à l'aide des standards de la métallurgie, de calculer le protocole des différents traitements thermiques pour le damas produit. Ça aide aussi de ne pas travailler avec trop d'aciers ou avec des aciers trop différents point de vue TT, aux moins pour le débutant.
J'ai même fait le chemin dans l'autre sens : développer un damas avec des aciers et des propriétés bien spécifiques et son traitement thermique sur le papier et la production après. C'est tout à fait faisable.
brise roches a écrit: seule une pratique assidue permet de reproduire les mêmes résultats et d'obtenir une qualité constante. Dès le début je me suis fabriqué un banc de rupture à l'aide d'un vérin hydraulique et je me suis procuré une machine à biller ,ce qui m"a permis de parler rockwell preuves à l'appui .
Tout à fait d'accord. J'ai eu de la chance, parce que dès le début de mes essais de damas, j'ai eu la possibilité de travailler avec des laboratoires métallographiques différents des universités de Aachen et de Duisburg. C'était très agréable d'être capable de ne pas seulement mesurer la dureté, la résistance à l'impact etcétéra, mais aussi de faire des recherches métallographiques et des analyses chimiques pour par exemple tester la qualité des soudures sous le microscope ou une décarburation éventuelle selon la méthode de travail.
brise roches a écrit:fabriquer une trousse présentant un contraste élevé n'est pas très compliqué : une presse de bonne puissance , du nickel pour le "brillant"un bon four à gaz mais ce n'est pas cela qui fais un bon acier de coutellerie sauf si l'on considère que le visuel prime sur les qualités premières d'un couteau : souplesse et tranchant (dureté), cet équilibre si difficile à atteindre .
Encore, tout à fait d'accord. C'était la raison pour laquelle j'ai par exemple développé l'acier 60Ni20. Les forgerons de damas cherchent la facilité de soudure, le contraste et la qualité du tranchant. Mais les aciers industriels qui existent vont donner l'un ou l'autre ou deux de ces trois mais jamais les trois ensemble. La raison est simple: l'industrie ne produit pas des aciers pour en faire du damas mais pour des applications bien spécifiques, souvent avec du chrome, qui augmente la trempabilité mais n'est pas bon pour la soudure. Avec ce nouvel acier, développé pour faire des damas de qualité, le problème n'existe plus.