Pour la photo c'est assez facile. C'est une lame de 7,7 mm d'épaisseur (au ricasso) avec deux flancs d'un damas de 320 couches et une couche intérieure en
ultrafort. Au début du forgeage/soudure, les blocs de damas mesuraient environ 13/14 mm et l'ultrafort 8,6 mm. A la fin, les flancs en damas étaient de 2,7 mm et la couche ultrafort d'environ 2,3 mm.
L'
acier ultrafort ne contient quasiment pas de carbone dans son état original (moins que 0,03 % C). Le damas utilisé contient 0,9 % de carbone. L'ultrafort se charge avec le carbone du damas. La profondeur sur laquelle cet acier s'est chargé est d'environ 1/4 de son épaisseur sur chaque côté, ce qui sera environ 0,6 mm. Je rappelle : il n'y a eu qu'une seule soudure.
Pour revenir sur l'exemple plus haut : un damas de 150 couches qui est fait selon les méthodes traditionnelles nécessite bien plus qu'une seule soudure. L'épaisseur des couches dans le cas d'un barreau de, disons, 10 mm d'épaisseur (assez épaisse pour un couteau), est de 0,07 mm = 7/100 mm.
La règle approximative, c'est que la migration du carbone se passe avec une vitesse de 1 micron en 20 secondes à 1000° C.
Plus chaud veut dire (largement) plus vite.
A 800° C et plus bas, le carbone ne bouge quasiment plus.
Pour migrer complètement dans une couche de 7/100 mm, le carbone doit donc migrer de 3,5/100 mm ou de 35 micron de chaque côté ce qui sera fait en environ 11 minutes à 1000° C (température de forgeage), et beaucoup plus vite au dessus, pendant les soudures. Comptez un peu le temps que la trousse passe au feu pendant les chauffes de soudure et vous voyez le résultat.