Couteau boucheron ou couteau de traite

[dauph]

Bonjour,

Je vous écrit du Québec, au Canada. J'aimerais savoir si quelqu'un possède de l'information sur le mythique couteau ''boucheron'' qui furent en usage du temps de la Nouvelle-France. Il s'agissait en fait d'un couteau bien simple, disponible normalement en trois grandeurs, petit, moyen et grand. C'était évidement un couteau de mauvaise facture connu aussi sous le nom de ''couteau de traite''. Un des noms gravés sur les lames qui revient le plus souvent était DORON. J'ai comme projet de travailler à la reproduction d'un tel couteau mais les informations y sont très rares. Si l'un de vous possède de l'information et qu'il désire partager, je suis preneur.

Quelle était la composition du métal qui était utilisé à l'époque du XVIIIème siècle ? Le fer était-il la seule composante et qui explique la pauvre qualité des ustensiles ?

Aussi, si on considère le fait que les couteaux étaient de mauvaise facture, disponibles pour la traite, est-ce que les lames étaient polies ou laissées dans un aspect cru ?

Merci.
Martin Dauphinais

[regibier]

As-tu pu voir le poinçon du coutelier ?
Jean-Claude et Louis Doron sont des couteliers originaires de la ville de Saint Etienne en France vers 1740, ils sont les fils de Claude Doron fabricant de lames d'épées.
"Rabateur d'épée au temps de son union on le voit devenir par la suite maitre et marchand coutelier de Saint Etienne" dixit des résultats de recherches archéologiques de la ville de Saint Etienne sur les couteliers stéphanois et l'export vers le Nouveau Monde.

[dauph]

Oui je peux voir les poinçons sur plusieurs lames qui ont été retrouvées... Je n'ai pas mes notes sous la main mais ce soir je vais vérifier et tenter de les décrire, il y a toujours une couronne et dessous comme un maillet ou un outil à percussion. C'est assez étrange, toutefois, le nom ''DORON'' apparaît sur la majorité des lames retrouvées !

Intéressant le bout de biographie sur DORON.
Merci.
Martin

[BDelor]

Concernant le métal, il s'agissait très certainement d'acier, dont des techniques de production étaient connues bien avant le XVIIème siècle, et non pas de fer comme tu le suggères. Mais, comme tu l'as souligné, il s'agissait d'une production en nombre d'instruments purement utilitaires sans grande valeur, avec par conséquent des finitions minimales.
Je présume que la lame devait recevoir un polissage / affûtage à la meule sur toute sa surface (émouture ronde traditionnelle).

[dauph]

Je suis tout à fait profane dans le domaine, est-ce que je pourrais avoir une idée de ce qu'est une ''émouture ronde'' ?

Donc, si l'acier est connu à cette époque, je ne triche pas trop dans la reproduction si je prends le plus pauvre acier disponible ici ?
Est-ce que les différents trempages étaient tout aussi connus ? Trempaient-ils à l'huile ou uniquement à l'eau ? Je me demande si un livre comme celui de J-J Perret me donnerait davantage de réponses ?
Merci.
Martin

[BDelor]

Une émouture ronde est un profil de lame allant régulièrement du dos de la lame jusqu'au tranchant avec une légère courbure régulière.

Pour le choix de l'acier, il suffit de prendre un acier non allié ou acier "carbone", qui peut très bien se tremper à l'eau tiède.

[regibier]

Oui, ce sont bien ces coutellers stéphanois
Souvent le poinçon est une couronne avec leurs initiales en dessous ; et contrairement à ce que l'on peut croire, ce n'était pas des couteaux de mauvaise qualité mais plutôt des couteaux utilitaires sans fioriture qui étaient l'outil de tous les jours.
Ils sont tout bêtement dérivés des couteaux de boucher, ce n'est que lorsqu'ils sont devenus une monnaie d'échange avec les indiens qu'ils ont pris une valeur commerciale et qu'ils ont été produits en quantité, en gros.

[dauph]

Savez-vous s'il existe des exemplaires originaux quelque part... des collectionneurs ? Des photos ?

Merci pour vos réponses qui sont pleines de sens et ajoutent un peu plus à mes recherches...
Martin

[BDelor]

On peut trouver des exemples dans les planches de l'encyclopédie Diderot & d'Alembert. Par exemple, pour le métier de boucher :