Tu as déjà pas mal de pistes dans le message ci-dessus, mais je vais essayer de te donner ma manière de faire et d'être à peu près exhaustif sur le sujet.
Tout d'abord, en matière de manche de couteau, il y a deux modes de montages bien différents :
- le montage en soie : le manche est d'un seul morceau et la "soie" (qui a la forme d'une "queue" prolongeant la lame) vient se loger à l'intérieur sur tout ou partie de sa longueur
- le montage en plate-semelle : le manche est composé de 2 plaquettes séparées qui viennent se positionner de part et d'autre de la "plate-semelle" qui a la forme d'un plat prolongeant la lame.
Bien entendu, la mise en forme et le façonnage diffèrent radicalement selon le type de montage choisi :
- Dans le cas d'un montage en soie, le positionnement de la lame par rapport au manche est imposé par la manière dont la soie vient se loger dans le manche. Cette position étant établie, c'est le façonnage qui va permettre d'ajuster la régularité des lignes lame / manche et la symétrie de l'ensemble.
- Dans le cas d'un montage en plate-semelle, la forme finale du manche est déterminée par la mise en forme préalable de la plate semelle sur laquelle vient se calquer celle des plaquettes et le façonnage se limitera à égaliser leurs épaisseurs.
Pour faire de la gravure ou de la sculpture, tu peux travailler comme les sculpteurs avec un jeu de gouges. Je ne te cache pas que cela demande un certain entraînement. Il est aussi possible de travailler avec un outillage façon fraiseuse de dentiste ou de bijoutier (un bloc moteur, un flexible et un mandrin porte outil). C'est très polyvalent et plus facile à maîtriser.
Le passage de la 2D à la 3D ne se présente guère que pour des manches montés en soie car c'est quasiment le seul cas de figure où l'on peut envisager une véritable sculpture. Comme indiqué ci-dessus, il peut être utile de dessiner les lignes générales sur un bloc rectangulaire (vue de dessus, dessous, droite, gauche) ce qui permet un dégrossissage. Ensuite, le coup d'œil et le talent doivent prendre le relais...
Le polissage n'est qu'une question de patience. Il faut faire des passes croisées avec des grains de plus en plus fins et chaque passe doit "effacer" intégralement les traces de la passe précédente. Commencer au grain 50 ou 80; finir au grain 600 est un minimum, personnellement je trouve qu'il ne faut pas hésiter à pousser jusqu'au grain 1000, puis finir par un coup de frotte coton à faible vitesse pour faire briller.
Les petits trucs :- pour araser complètement les rivets, il faut faire le montage en collant plaquettes et rivets, puis les limer jusqu'à atteindre le bois et faire ensuite le polissage (bois et rivets) sur le couteau déjà monté. Pour ne pas risquer d'abîmer la lame qui est déjà finie, l'entourer largement de papier adhésif (le masque plinthes des peintres fait très bien l'affaire).
- le collage des plaquettes doit être fait sur des surfaces parfaitement dressées. Il faut donc soigneusement régulariser la plate semelle et les plaquettes pour qu'elles soient bien jointives. En revanche, inutile de les polir, une finition au grain 80 est largement suffisante. Une petite fraiseuse de modéliste peut être utile pour dresser les plaquettes.
- pour le collage ou le scellement d'une soie, il est utile de ménager des encoches dans la soie et dans le logement du manche. Cela permet au scellement d'accrocher de manière efficace.
- le positionnement des perçages sur les plaquettes et la plate semelle doit être parfaitement aligné. L'idéal est d'utiliser le perçage de la plate-semelle comme guide pour percer les plaquettes, à condition de les avoir soigneusement dressées (si on perce en prenant appui sur la plaquette et que la surface de celle-ci n'est pas rigoureusement parallèle à la plate semelle, le perçage ne sera pas perpendiculaire. Le même type d'erreur répété sur l'autre plaquette aura pour effet que les axes de perçage ne seront plus alignés et que le passage des rivets va bloquer lorsqu'il s'agira de traverser les deux plaquettes et la plate-semelle).
- plus le bois est clair plus les abrasifs et frottes doivent être propres. Attention, les pâtes à polir peuvent "salir" les bois clairs comme le buis. De plus, avec ces bois, le passage d'une frotte sur un rivet va déposer sur le bois des particules d'oxydes métalliques très salissantes.
Dans tous les cas, les bois doivent être secs sinon ils vont continuer à travailler et risquent de fendre autour des rivets.
Je ne connais pas de contre-indication à l'utilisation de l'huile de lin (à couper de préférence avec de l'essence de térébenthine)
Maintenant, il ne te reste plus qu'à te faire la main et à observer, ce qui est encore la meilleure manière d'apprendre !