Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...


Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede thierry loeve » Lun 10 Nov 2008 14:05

Bonjour

Si le coeur vous en dit, je vous propose de nous faire partager ici vos histoires d'ateliers, qu'elles soient réelles ou issues du patrimoine culturel de votre pays.
Tout est admis : anecdotes, blagues, contes et légendes... dans le respect du lecteur bien évidemment.
Pour les textes longs , merci de simplifier ou de faire un lien.

Exemple :

" ...Le démon des Forges, ni plus, ni moins. Elle était sortie un moment quand elle a entendu brimbaler le gros marteau de la forge qui cognait boum ! boum ! boum ! comme en plein cœur de la semaine. Elle a tout de suite remarqué que la grande cheminée flambait toute rouge et lançait des paquets d'étincelles. Tout tremblait. Elle s'est approchée et a vu un homme qui avait une jambe sous le gros marteau. Il tournait cette jambe dans un sens et dans l'autre tandis que le marteau battais, comme on fait une barre de fer que l'on veut écrouir. La jambe s'allongeait comme si elle avait réellement été de fer rougi. L'épouvante a pris la Louise. Quand elle est rentrée, presque sans connaissance, la danse s'est arrêtée vite, je vous le garantis. | « Chut ! chut ! le diable est dans les Forges !... » qu'elle a dit avant de s'affaler sur le plancher."....

Extrait de "le Diable des forges du Saint Maurice" par Jos Violon, Québec .
Texte complet sur le site : http://www.dark-stories.com

Merci de nous faire partager vos rires et vos angoisses :lol: :lol:
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Re: Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede thierry loeve » Dim 14 Déc 2008 19:47

"Si quelqu'un faisait du tort au forgeron ou à un de ses parents, le forgeron menaçait de "tourner l'enclume" sur lui, l'accusé devait s'excuser humblement et si quelqu'un était accusé injustement, il devait prouver son innocence, mais coupable ou pas, la personne devait venir elle-même se libérer des dangers dépendant du sort supposé être pratiqué à minuit"
(Ms 880,pp.142-156- Donaghpatrick, Co.Galway)
Le forgeron se tenait derrière son enclume dont il inversait la position en dirigeant la corne vers la personne visée, il empoignait son marteau et le faisait tourner au-dessus de sa tête, puis il jetait le sort en jurant et frappait l'enclume avec son marteau et parfois crachait sur l'enclume...

...L'expression "tourner l'enclume " est utilisée lorsqu'une personne mariée meurt, pour dire à la mort de tomber de l'autre côté de la maison. L'enclume est toujours tournée vers le sud, sinon c'est signe de malchance imminente.
Le forgeron pointait l'enclume vers l'ouest, la bougeait lentement en rond d'Ouest en Est ou inversement, en jurant tout le temps.
L'enclume devait tourner 3 fois..."
Source: "La forge et le forgeron 1- Pratiques et croyances": le forgeron Irlandais. coll.Eurasie. n°11.
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Re: Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede thierry loeve » Ven 19 Déc 2008 23:16

"Le Forgeron de la Paix", écrit en 1876 par Villemer et Delormel,musique de Tac-Coen, fut la chanson la plus cité par les artisans lors d'une enquète du CRC de 1939.

"Dans un village minuit sonne
Le Forgeron frappe le fer
Près de son brasier qui rayonne
Son marteau se lève dans l'air

Il retombe et sa main velue
L'accompagne d'une chanson
En forgeant un soc de charrue
Pour la future moisson

C'est pour la paix que je travaille
Loin du canon je vis en liberté
Je travaille le fer qui sert à la semaille
Et ne forge l'acier que pour la liberté

Soudain par la porte qui s'ouvre
Entre une femme au teint bronzé
Sous le long manteau qui la couvre
Elle tient un glaive brisé

Sa poitrine est sanglante
Et l'homme fronçant le sourcil
Lui dit épouvanté
Femme que viens-tu faire ici?

Moi répondit l'étrangère
Dans le sillon je met du sang
Reconnais moi je suis la guerre
Et forge mon sabre à l'instant

Le Forgeron saisit la lame
Et la brisant sous ses outils
Lui dit Soit maudite ô femme
Toi qui m'a pris mon fils

C'est pour la paix dit-il que je travaille
Loin du canon je vis en liberté
Je travaille le fer qui sert à la semaille
Et ne forge l'acier que pour l'Humanité
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Re: Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede thierry loeve » Mar 3 Fév 2009 22:20

L’origine du feu en Amérique du nord

« Les Navahoes, ou Navajoes, tribu indienne du Nouveau –Mexique, racontent que leurs premiers ancêtres, six hommes et six femmes, sortirent de terre au milieu d’un lac qui est dans la vallée de Montezuma.

Dans leur ascension à travers le sol, ils étaient précédés par la sauterelle et le blaireau ; en fait en arrivant à la surface du sol, ils trouvèrent les mêmes animaux précisément que ceux qui l’habitent maintenant, sauf le daim et l’élan qui n’avaient pas encore été créés .

Bien plus , les animaux étaient dans une certaine mesure, mieux lotis que les hommes, car ils possédaient le feu, alors que les hommes et les femmes n’en avaient pas.

Mais parmi les animaux, le coyote, la chauve souris et l’écureuil étaient les amis particuliers des Navahoes, et ils se mirent d’accord pour s’aider les uns les autres à leur procurer du feu.

Aussi , comme les autres animaux jouaient au jeu du mocassin ou du soulier près d’un feu, le coyote se rendit au terrain de jeu avec quelques éclat de pin résineux attaché à la queue ; et tandis que l’attention des animaux était absorbé par le jeu, il traversa le feu en courant, de sorte que les éclats de pin s’allumèrent.

Il s’enfuit alors à la course, poursuivi par tous les autres animaux ; et quand il fut las, comme il avait été convenu auparavant, la chauve –souris le soulagea en reprenant le feu et la course.

Volant de ci de là, et tournant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, la chauve-souris échappa quelques temps à ceux qui la poursuivaient et, quand il lui fallu enfin s’abattre, elle remit le feu à l’écureuil qui grâce à son agilité et à son endurance extrêmes, réussit à apporter aux Navahoes le feu intact. »

  • Major E. Backus, “ An account of the Navajoes of New- Mexico”, dans “Indian tribes of the United States “(Philadelphie, 1853-1856)
  • Sir James George Frazer: “Mythes sur l’origine du feu”, Payot. Traduit de l’anglais par Michel Drucker. 1969.
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Re: Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede thierry loeve » Mar 3 Fév 2009 22:35

« A la Charme dans le département du Loiret, a cours une histoire selon laquelle le roitelet vola le feu du ciel et descendit avec sur terre, mais ses ailes prirent feu et il dut confier son précieux fardeau au rouge gorge.
Mais le rouge gorge se brûla la poitrine en éteignant le feu ; il dut abandonner sa fonction de porte feu ; l’alouette prit alors le feu sacré et , l’apportant intact sur terre, elle remit ce trésor à l’humanité. »

Cette histoire ressemble à beaucoup de mythes du feu des Indiens d’Amérique, où il est dit que le feu passe de l’un à l’autre, le long d’une file d’animaux coureurs.

  • E.Rolland , « Faune populaire de la France »
  • P. Sebillot, « Le folklore de France »
  • J.G.Frazer « Mythes sur l’origine du feu » Payot
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Re: Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede JOGOSSELET » Jeu 5 Fév 2009 21:51

Extra tes histoires, j'adore ce coté ancestral de la forge et du métal.
Je vais essayer de trouver tes bouquins.
Merci.
Avatar de l’utilisateur
JOGOSSELET
 
Messages: 70
Inscription: Mar 3 Fév 2009 23:03
Localisation: caouennec-lanvezeac

Re: Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede thierry loeve » Jeu 5 Fév 2009 23:27

Merci;
Si tu en trouves d'autres, n' hésite pas à nous les faire partager (sans oublier les références et les sources).
Dommage que les canadiens ne nous aient pas encore suivi sur ce sujet : Ils ont un vrai patrimoine de ce côté là . :D
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Re: Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede JOGOSSELET » Jeu 5 Fév 2009 23:33

C'est vrai le patrimoine canadien un pays que j'adore en plus. ;)
Avatar de l’utilisateur
JOGOSSELET
 
Messages: 70
Inscription: Mar 3 Fév 2009 23:03
Localisation: caouennec-lanvezeac

Re: Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Messagede thierry loeve » Mar 21 Avr 2009 19:23

LE DIABLE SERRURIER

"Au temps où l'on construisait Notre-Dame de Paris, Biscornet, apprenti serrurier, voulait devenir maître dans son art. Pour cela, il fallait accomplir un chef-d’œuvre, et la corporation des serruriers décida que Biscornet devrait ferrer les portes de la cathédrale.
Il ne s'agissait pas d'un mince travail, Biscornet en réva longtemps, imagina des plans de ferrures superbes, à la fois fines et fortes, aux courbes gracieuses, etc. Mais une chose était d'imaginer, une autre de réaliser.

Biscornet s'en aperçut ; chaque nuit passée à sa forge le décourageait, car le fer refusait d'obéir comme il l'aurait voulu, de se plier à sa volonté. Bref, l'apprenti serrurier n'arrivait pas à réaliser le chef-d’œuvre espéré.

Une nuit, devant le feu allumé et le fer rougi, il eut un geste de désespoir. Il repoussa le fer, jeta le marteau et cria n'importe quoi :
- Au diable !
Aussitôt, le feu se souleva, comme agité par la tempête. Et le diable parut, souriant :
- Bien le bonjour ! Biscornet, tu m'appelles, me voila. Je suis prêt à t'aider, tu en connais le prix : juste ton âme !
- Pas question, démon ! Et d'abord, je ne t'ai pas appelé.
- Si, tu as crié : « Au diable ! »
- Pas du tout !
- Mais si !
- Tu n'as rien compris !
Aucun des deux ne voulut en démordre ; ils se fâchèrent, et en vinrent aux mains, tant et si bien que l'apprenti serrurier finit par s'évanouir au cours de la bataille...
Lorsque Biscornet s'éveilla le matin, il vit sur l'enclume des ferrures faites, achevées, fines et fortes comme il les avait rêvées, une merveille, un pur chef-d’œuvre...
Et juste à cet instant arrièrent des maîtres serruriers venus lui rendre visite, qui s'extasièrent, levant les bras au ciel.
Paralysé par les compliments, les félicitations, Biscornet ne sut que dire. Ce travail était-il son oeuvre ou celle du démon ? Le démon, il ne l'avait pas appelé, et ne lui avait en aucune façon promis son âme. Donc, le travail était bien le sien, réalisé la nuit sans qu'il ne s'en rende compte.

Biscornet fut nommé maître serrurier. Un grand malaise le prit pourtant lorsqu'on fixa ses pentures sur les portes, et que celles-ci refusèrent de tourner dans les gonds du mur.
Seule fonctionnait la porte principale, celle où passait le Saint-Sacrement. Celle-ci, le diable n'avait pas osé y toucher. Les autres, sur les côtés, servant aux fidèles, restaient obstinément closes. Le diable pensait ainsi décourager les chrétiens d'aller prier.
Biscornet se sentit coupable... et innocent en même temps . Ce n'était pas de sa faute, pensait-il avec obstination.
On dut changer les ferrures et il ne retrouva jamais sa joie de vivre.

Lorsqu'il mourut, là, selon les conteurs les avis divergent, il alla en enfer, disent certains, pour n'avoir pas invoqué le Seigneur, mais le Malin. Tandis que d'autres conteurs prétendent que son ange gardien le sauva à l'ultime seconde, avec l'aide décisive de la Vierge Marie."

Conte bien connu dont la version présente a été trouvée sur le site http://www.ac-grenoble.fr
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Le petit homme rajeuni par le feu

Messagede contes-et-merveilles » Sam 3 Oct 2009 09:52

A l'époque où le Bon Dieu se promenait encore sur terre, il entra un soir avec saint Pierre chez un forgeron qui leur offrit de bon cœur l'hospitalité pour la nuit. Il se trouva alors qu'un pauvre mendiant, ployant sous la fatigue et le poids des ans, entra lui aussi dans cette maison et demanda l'aumône au forgeron. Pierre eut pitié de lui et dit :
— Seigneur et Maître, si tu vieux bien, guéris-le de son fléau afin qu'il puisse gagner son pain lui-même.
Le Seigneur dit alors avec douceur :
— Forgeron, prête-moi ta cheminée et ajoute du charbon, je vais de ce pas rajeunir cet homme âgé et malade.
Le forgeron accepta volontiers et saint Pierre se mit à actionner les soufflets.
Quand le feu commença à jeter des étincelles et qu'il fut grand et haut, le Seigneur saisit le vieil homme et le mit dans la cheminée au milieu des flammes rougeoyantes, si bien que celui-ci s'embrasa tel une branche de rosier et qu'il se mit à louer Dieu à pleins poumons. Le Seigneur s'approcha alors de la cuve, y plongea le petit homme tout incandescent, de telle sorte que l'eau se referma au-dessus de sa tête, et, après l'avoir fait refroidir bien comme il faut, il le bénit. Et, voyez : le petit homme jaillit aussitôt hors de l'eau, gracieux, se tenant droit et bien portant, aussi fringant que s'il avait vingt ans.
Le forgeron, à qui rien n'avait échappé, les invita tous à partager son dîner. Il avait une vieille belle-mère, bossue et à moitié aveugle. Celle-ci s'approcha du jeune homme et s'enquit d'un air grave si le feu l'avait brûlé très fort. Jamais il ne s'était senti mieux, lui répondit l'homme : le brasier lui avait semblé être une fraîche rosée.
Toute la nuit durant, les paroles du jeune homme trottèrent dans la tête de la vieille. Quand le Seigneur reprit sa route, au petit matin, après avoir remercié le forgeron comme il se doit, celui-ci se dit qu'après tout, il pouvait bien, lui aussi, rajeunir sa vieille belle-mère, puisqu'il avait tout observé bien attentivement et que cela relevait de son art. Il appela donc la vieille femme et lui demanda si elle voulait, elle aussi, marcher d'un pas aussi léger que celui d'une jeune fille de dix-huit ans.
— De tout cœur, lui répondit-elle, puisque cela avait paru si doux au jeune homme.
Le forgeron alluma donc un grand feu et y poussa la vieille, qui se mit à se tordre en tous sens et à pousser des hurlements effroyables.
— Tais-toi donc ! Qu'as-tu à hurler et à sauter ainsi ? Attends un peu, je vais attiser le feu comme il faut.
Sur ces mots, le forgeron actionna de nouveau les soufflets, jusqu'à ce que tous les haillons qu'elle portait soient en feu. Comme la vieille femme hurlait sans relâche, le forgeron se dit : "II y a quelque chose qui ne tourne pas rond."
II la sortit donc des flammes et la plongea dans la cuve. La vieille se mit alors à hurler de façon insoutenable, si bien que l'épouse du forgeron et sa bru, qui se trouvaient en haut, dans la maison, l'entendirent. Elles dévalèrent les escaliers et virent la vieille qui gisait dans la cuve, toute ratatinée, hurlant et glapissant, le visage tout ridé, plissé et difforme. Les deux femmes, qui portaient toutes deux un enfant, en furent si effrayées qu'elles donnèrent naissance la nuit même à deux garçons. Ceux-ci n'étaient pas faits comme des hommes mais plutôt comme des singes et se sauvèrent dans la forêt. Et c'est d'eux que vient la race des singes.

Ce conte fait partie de la nouvelle édition scientifique des Contes de l'enfante et du foyer de Jacob et Wilhem Grimm traduits par Natacha Rimasson-Fertin, collection Merveilleux, éditions Corti.
Avatar de l’utilisateur
contes-et-merveilles
 
Messages: 10
Inscription: Ven 2 Oct 2009 00:56

Histoires, contes & légendes du ferronnier, coutelier...

Si vous trouvez ce sujet interessant, partagez-le sur vos reseaux sociaux favoris :

Lectures recommandées sur ce thème


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités