Méthode de travail pour forger une lame

[JEAN MICHEL]

bonjour à toutes et à tous,
voici une description quant à ma méthode pour forger une lame dans une lime (idem pour une rape).
Partant d'une lime de 30 cm de long, largeur de 3 cm, épaisseur de 6 mm :
je mets en route ma forge avec du papier journal recouvert de charbon que j'achète dans une coopérative agricole en sac de 25 kilogrammes.
Montée en température, j'introduis la lime dans le foyer.
Une fois la lame arrivée a une couleur orange/claire, je commence toujours a former la pointe.
Ensuite, j'affine l’épaisseur en prenant bien soin de ne pas toucher au dos de la lame : il faut constamment redresser la piece car elle a tendance naturellement à remonter vers la pointe.
Je descends a une cote d'environ 1mm du tranchant.
Ensuite je passe au manche que j'affine a 3mm en bout pour que le couteau soit ainsi fin à la pointe, épais au ricasso et que la côte du manche aille en diminuant jusqu'au bout.
je dresse la lame bien droite sur toute sa longueur parce que le métal travaille beaucoup en refroidissant et je me suis aperçu, au fil du temps, qu'une lame bien droite a haute température arrive a gauchir, arrivée a froid.
Pour qu'elle ne redescende pas trop vite en température, je la place dans un seau métallique rempli de cendres chaudes et je la laisse dedans environ 1/2 heure.

Voila succintement comment je fais.
Je vous parlerai plus tard comment je pratique la trempe.
JMichel

[lecameleon18]

Quand tu dis "j'affine en prenant bien soins de ne pas toucher au dos de la lame", pourquoi ne pas y toucher ?
Moi quand je forge une lime, je l'affine sur toute la largeur, ce qui me permet d'avoir une lame plus large que le manche si j'en ai besoin ou envie... mais c'est surtout une question de gout.

[JEAN MICHEL]

bonjour caméleon,
Effectivement, je laisse le dos de la lime tel quel car j'aime bien laisser une trace de l'outil qu'elle était.
Je trouve aussi que ça fait sympa mais comme tu le signales, le fait de travailler sur toute la largeur me permettrait peut être de faire évoluer les formes de mes lames....
Merci, je tenterai le coup la prochaine fois et je verrai ce que cela peut donner.

[lecameleon18]

Ca dépend bien sur de l'aspect final recherché. Si tu veux garder l'aspect "lime", ça le fait pas d'avoir des coups de marteau dessus.
Mais quand j'utilise des limes étroites, je récupère un peu dans l’épaisseur ce qui me manque dans la largeur avant de sortir le tranchant... donc plus question de les avoir en brut de forge après cela.
Sinon, même procédé que toi : d'abord former la pointe, cintrer la lame vers le tranchant, sortir le tranchant (ce qui redresse la lame), ajuster la forme de lame, puis je m'occupe de la forme du manche.

[Jacques Delfosse]

Très bien tout çà, Messieurs, mais je ne lis rien au sujet des TTH que doit subir la lame ou la râpe avant d'être forgée.
A lire Jean - Michel, il me semble même qu'il "attaque" directement à forger sa lame dès qu'elle est à température de forge.
De deux choses l'une : ou il travaille avec des limes et râpes "molles", dès lors faciles à forger, mais qui prendront peu de trempe..., ou il risque des brisures et des fentes plus tard !

Petits conseils personnels :

• Commencer par bien choisir son matériau en sélectionnant râpes et limes d'avant guerre (entièrement faites en acier - beaucoup d'engins plus modernes ont un coeur mou et sont recouverts d'acier plus dur),je m'oriente principalement vers les Nicholson USA ; il existe aussi des Nicholson Holland, moins bonnes.
• Je porte la lime ou la râpe à température de forge, la laisse dans la forge, à cette t° au moins 1/2 heure et puis la fait refroidir lentement dans un seau de cendre tamisée de charbon de bois ou dans du sable comact, même humide (une nuit).
• Je fais un essai de forge et si je sens l'acier "dur" sous le marteau, je recommence le procédé autant de fois qu'il faudra pour obtenir une "forge facile"...

J'aime aussi laisser la trace de la lime sur la lame et je m'arrange en général pour qu'on puisse la voir sur le ricasso.
Je forge aussi "au plus près" et laisse en général 1 mm au tranchant.
Avant de tremper, je "détends" ma lame en la reportant plusieurs fois à température de forge et en la refroidissant à l'air libre en faisant de grands moulinets (au moins 3 ou 4 x pour les petites lames / 6 à 7 x pour les grandes).
Je finis par une dernière chauffe et un refroidissement d'une nuit dans le sable ou la cendre

Ainsi, pas ou peu de problèmes de gauchissement.
Pour éviter ces problèmes, il faut aussi que la lame arrive uniformément à température, soit dans une forge suffisamment grande, soit en faisant coulisser la lame dans le foyer, comme les forgerons japonais.

Voilà.

[gaw]

C'est difficile avec des limes triangulaires mais on peut en faire de petites dagues. Comme tu le précises, il est bien voire très important de bien prendre le temps de laisser l'acier se détendre et plusieurs montées en températures sans frappe. Personnellement, j'obtiens de bons résultats esthétiques en soudant des limes sur le carre de gros boulons SNCF qui font par la suite office de manche.