Règle de proportion pour forger une lame de couteau ?

[JEAN MICHEL]

bonjour a tous,
j'ai une question qui me taraude : Existe-t'il une règle concernant l'epaisseur a respecter du dos de la lame lors de la forge de celle-ci ?
je m'explique : y at'il un rapport épaisseur - longueur - largeur qui prévaut ou cela n'a-t-il aucune importance pour la solidité de cette dernière ?

Par avance merci de m'éclairer a ce sujet, je n'ai rien lu à ce sujet.

[Jacques Delfosse]

Règle ?

Je ne pense pas qu'il y ait une règle, mais quelques principes :

• plus le couteau sera long et large, plus le dos pourra être épais ; mais il ne faut pas transformer le couteau en fendoir avec lequel on fait les bûches, il y a du matériel prévu pour ça,
• d'autre part, certains couteaux se forgeront avec un tranchant venant directement, à plat du dos ; ils permettront un dos plus étroit,
• quand tu forgeras, par contre, un couteau à dos plus épais, mais de moindre longueur, cela te permettra de faire plus facilement une émouture creuse, au backstand.
• il y a aussi la sorte d'acier qui compte : certains étant plus "cassants" devront donner des lames plus épaisses, d'autres plus "souples et/ou flexibles" permettront des lames et donc des dos plus fins.
• quand je forge une grande lime ou râpe, avec une lame dépassant les 30 cm, je me permets des dos de 8 mm... pour les coupes-coupes, machettes et coutelas dépassant les 50 cm, tu peux aller jusqu'au cm.
• En dessous des 30 cm, je trouve que 4 à 6 mm sont largement suffisants...

Un exemple : un K-Bar (Camillus est bon aussi), couteau industriel, mais efficace et bien éprouvé fait pour l'original :

• 300 mm hors tout
• 125 mm de poignée en rondelles de cuir,avec pommeau métallique où est forcée la soie, au montage
• 177 mm de lame
• 160 mm après le ricasso
• 33 mm de largeur de lame avant aiguisage
• 4mm d'épaisseur de lame avant le contre tranchant
• 54 mm de contre tranchant aiguisé
• 64 x 17 mm pour la garde métallique

Pour moi, un couteau idéal, aux proportions idéales aussi à bien des égards, le meilleur choix pour une utilisation bien plus générale qu'on ne le pense... et sujet à de nombreuses copies industrielles ou artisanales... avec plus ou moins de bonheur !
Rien n'empêche d'en faire une bonne copie forgée....
J'ai depuis longtemps comme projet d'en réaliser un, avec une plaque de damas d'Achim Wirtz : la lame en est déjà à peu près découpée (eh oui, ce sera scié, mis en forme, poli, etc. à la main, mais pas reforgé.... ).

Voilà

[cardoso5fr]

Sur de plus petites lames (genre une douzaine de cm de tranchant), on peut même descendre dans les 2.5-3mm.
Pour des pliants, il n'y a qu'a voir les lames de PH qui font à peine 1.5-2mm d'épaisseur. Faut pas chercher à fendre une buche, mais ce n'est pas ce que l'on demande à un pliant.
Comme l'a dit Jacques, l'épaisseur de la lame sera surtout en fonction de l'utilisation future et des matériaux choisis pour répondre à cette utilisation.
Il ne faut pas oublier aussi que l'épaisseur entraine du poids... et que si le couteau est déjà grand, plus épais sur une grande surface = un ane mort à se trainer.
Mais bon, en coutellerie tout est une question de compromis. Je dirais donc pas de règles, mais du bon sens et une recherche d'adéquation entre l'épaisseur, les matériaux et l'utilisation du couteau.

[Marc Alain]

Je suis d'accord pour dire qu'il n'y a pas de règle absolue :
Tout dépend de l'usage qui a été prévu au départ.

Pour un couteau de cou avec un tranchant de 6 ou 7 cm, on recherchera à gagner du poids :

• Lame fine de 3 mm et semelle d'épaisseur dégressive
• ou mieux montage sur soie.

Pour un couteau de camp, qui comme son nom l'indique est destiné à rester au camp, le poids n'est plus un problème. On peux même le considérer comme un outil agricole : une serpe. On pourra lui donner un poids conséquent qui sera utile pour récolter du bois de chauffe ou réparer le trépied de la marmite.
Il y a aussi tous les usages spécifiques, par exemple le couteau d'archer, court et très épais, pouvant supporter tous les efforts déployés pour récupérer une flèche qui aura eu le mauvais goût de se planter dans une branche...

[Jacques Delfosse]

Il y a aussi tous les usages spécifiques, par exemple le couteau d'archer, court et très épais, pouvant supporter tous les efforts déployés pour récuperer une flèche qui aura eu le mauvais goût de se planter dans une branche...

bon exemple !
Notre fils a pendant un temps tiré avec une arbalète Barnett Commando (il était para - commando), et utilisait alors un "couteau d'archer" fabriqué artisanalement par notre ami, le coutelier belge Victor Monteiro.
il correspond exactement à ta définition et reste intact à ce jour, malgré un usage intensif... et pas toujours approprié (ouverture de caisse à munitions, par exemple ).