Mode opératoire et intérêt de la normalisation de l'acier

[billasse]

Bonjour
Je suis novice en coutellerie et me renseigne sur les traitements thermiques.
J’ai lu sur le forum plusieurs posts ou l’on parle de normalisation. D’après ce que j’ai compris il s’agit d’une opération effectuée en vue de diminuer la taille du grain de l’acier.
Mais en pratique comment est-ce que cela s’effectue ? Et quel en est le but exact ?

[BDelor]

Effectivement, l'utilité du traitement thermique de normalisation est de réduire la taille du grain cristallin de l'acier, taille qui peut avoir augmenté en raison de la température pendant le travail de forge. Ramener le grain à des dimensions inférieures permet d'atteindre de meilleures caractéristiques mécanique de l'acier (finesse du tranchant, résistance à la casse...).
Le principe consiste à porter l'acier à température d'austénisation, puis à le refroidir sans attendre. La plupart des couteliers effectuent successivement cette opération deux à trois fois afin d'en cumuler les effets. Le refroidissement peut se faire à l'air libre en agitant simplement la lame dans l'air, ou en la plongeant brièvement dans un fluide (eau ou huile de trempe).
Enfin, il est possible d'atteindre le même résultat en finissant le travail de forge à des températures progressivement décroissantes. C'est alors l'alternance des chaudes et des refroidissements sur l'enclume qui vont effectuer la normalisation.

Tous ces éléments sont discutés dans ce sujet : Traitements thermiques de l'acier en coutellerie
...et avec plus de détails sur le processus de normalisation dans ce sujet : Méthode de normalisation d'un acier de coutellerie

J'anticipe sur la question qui en découle forcément, à savoir comment est-ce qu'on évalue la température d'austénisation. Pour les aciers non alliés (aciers dit "carbone", c'est à dire les désignations XC..) voire pour les aciers faiblement alliés, la méthode la plus simple consiste à dépasser un peu le point de Curie qui se caractérise par la perte de magnétisme. Un simple aimant suffit donc.
Une autre méthode consiste à observer le phénomène de décalescence lié à l'austénisation, qui se traduit par l'apparition fugace d'une sorte d'ombre sur la lame une fois portée à température. Mais cela demande des conditions d'observation favorables et une bonne habitude...

Enfin, pour travailler de manière plus précise, ce qui est indispensable pour des aciers plus "complexes", il faut se référer aux caractéristiques techniques du fournisseur et utiliser un four de trempe régulé précisément en température.

[billasse]

Je te remercie pour ton explication exhaustive ainsi que pour les liens. J'avais déjà lu le premier qui m’avait laissé sur ma faim cause de l’absence :
- de précision sur les températures à atteindre,
- et de moyen simple définir ces températures.
Et je n’avais pas lu le second dont le titre est pourtant explicite. Je suis désolé d’avoir créé un sujet «inutile» mais tant que j’y suis, je continue.
BDelor, tu parles d’ombre fugace, parlerais-tu de la substance (plus sombre que l’acier incandescent) qui semble suinter de l'acier un peu avant température de forge (je ne suis pas sûr pour la température), que l’on pourrait appeler «transpiration» de l’acier.
Merci.

[BDelor]

Non, il ne s'agit pas de "substance" mais d'un phénomène thermique : le phénomène d'austénisation, lorsqu'il se produit, absorbe de l'énergie. C'est l'effet de cette absorption d'énergie qui se manifeste par une légère diminution de luminosité du métal, concrètement une sorte de voile sombre qui semble flotter et se déplacer à sa surface.

On parle plutôt de "transpiration" du fer lorsque l'on atteint la température de soudure, (bien supérieure à celle de la normalisation), et que le métal donne l'impression d'un phénomène de fusion en surface. On trouve d'ailleurs souvent, pour le fer, l'expression "blanc suant". Mais c'est un autre sujet...

[billasse]

Merci pour ces renseignements, je vais m’y mettre tout de suite.