Ariane a écrit:...La microstructure des aciers et des fontes : Genèse et interprétation de Madeleine Durand-Charre,
Institut National Polytechnique de Grenoble, Septembre 2003, SIRPE éditeur.....
J'ai ce livre chez moi et je connais assez bien Madeleine. J'ai travaillé avec elle un peu sur son nouveau livre pour rectifier quelques informations sur le wootz.
Ariane a écrit:Quelles sont les particularités relatives à la forge du Wootz ?
Il y a plusieurs problèmes avec la forge du wootz. Premièrement, a cause de sa structure cristalline qui s'est développée dans toutes les directions pendant le refroidissement calme au creuset, c'est très dur à forger de n'importe quelle direction.
Au début on a souvent l'impression que ça ne se déforme pas du tout. Le voir c'est toujours mieux, donc un petit exemple d'un bloc de wootz inox de 1,5 kilos sur un pilon Bêché de 75 kilos (!), a voir ici :
C'était environ la 40ème chauffe.
Deuxièmement, le wootz n'aime pas trop d'être contre-forgé. Quand on le fait trop, il y a des fissures.
C'est donc assez difficile de garder la forme et de ne pas finir avec un barreau de 200 mm de large...
En plus, forger du wootz nécessite de respecter un plateau de température bien défini.
Il est donc important de forger toujours avec la même lumière dans la même forge pour être capable de juger la bonne température.
Tout ça, ensemble, nous montre le vrai problème : c'est très long, dur pour les articulations et très ennuyeux et fatigant. Aux même temps, il faut garder sa concentration à 100 % pour ne pas surchauffer ou forger trop froid et casser le lingot. Il faut voir le début des petits crevasses et les enlever.
Ariane a écrit:En quoi se différencie-t-il, dans la pratique du coutelier forgeron, d'autres aciers comme par exemple le damas occidental?
Il ne faut jamais oublier qu'il faut être bien plus que forgeron simple pour faire du wootz. Le travail de fusion de l'acier n'était jamais un travail de forgeron, ni de coutelier.
Comparé au damas, le travail de la production du wootz est largement plus complexe et plus longue. Et même après le forgeage, c'est plus difficile. Le wootz nécessite beaucoup plus de soin et d'expérience dans la finition et la révélation.
By the way, le mot "damas occidental" est faux. Au même temps et dans les mêmes endroits de la production du wootz, il y a eu aussi des productions de très belles lames en damas soudé.
alain valette a écrit:......Dans l'attente de te lire.
- Le "wootz" moderne ou contemporain - si je puis l'appeler ainsi-, est-il disponible pour un coutelier qui souhaiterait l'utiliser ?
- Dans l'affirmative, quelles sont les dimensions des "morceaux" ?
- Et autre question béotienne : peut-on reforger sans destructurer le barreau ; y a t il des erreurs a ne pas commettre ?
Alain
- Au moins pour moi je peux dire que j'en vends de temps en temps, mais pas en grande quantité. Et je n'en fais pas sur demande.
- La taille des barreaux peut être assez importante. J'ai une lame non-finie de shamshir qui est environ 900 mm de long, 35 mm de large et 6,5 mm d'épaisseur. Et j'ai un lingot de 3,5 kilos à forger sur l'établi.
- Bien sûr c'est possible de reforger les barreaux quand on respecte ce que j'ai dit plus haut : température, contre-forgeage, etc...
Les lames que je fais en wootz ne sont pas faites en stock removal mais forgées.