La contrefaçon en ferronnerie


Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede Roland PINON » Dim 19 Oct 2008 16:21

VENET produit aux Muy 83
Il y a un atelier et un jardin expo à 1 km du Muy direction Callas.
Avatar de l’utilisateur
Roland PINON
 
Messages: 371
Inscription: Mer 8 Oct 2008 22:33
Localisation: Var

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede brindacier » Dim 28 Déc 2008 21:07

Apparemment, il y a unanimité sur la question de la contrefaçon de modèles créés par un ferronnier contemporain.
Pour relancer la discussion, je voudrais évoquer la contrefaçon d'antiquités.

Pour l'anecdote, je me souviens d'un couple de brocanteurs qui s'étaient inscrits au symposium de Saffré et qui cachaient à peines leurs intentions. Visiblement, ils étaient là pour apprendre à fabriquer des faux et ils ont été assez mal reçus dans certains ateliers. Bien fait.

Il faut avouer qu'on trouve chez les antiquaires des pièces forgées d'une certaine valeur qui sont aisées à fabriquer, je comprends que certains se laissent tenter par la fabrication de harpons à baleines par exemple. Une fois bien vieilli, bonne chance pour faire la différence avec une pièce authentique.

J'ai un ami qui fabriquait des pistolets à rouet, dont un s'est retrouvé en vente chez Sotheby, c'est quand même la classe (mais c'est pas bien, il ne faut pas le faire ).

Comment repérer des copies si elles ont été faites selon les mêmes techniques que l'objet original ?
Vous arrive-t-il de réaliser des copies d'objets anciens et si oui, y laissez-vous une marque qui puisse les différencier d'un objet d'époque ?
brindacier
 
Messages: 82
Inscription: Jeu 6 Nov 2008 11:14

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede thierry loeve » Dim 28 Déc 2008 21:27

Je me souviens d''avoir vu chez des brocanteurs des pièces en fer forgé vendues comme "authentiques" mais dont les finitions avaient été faites à la meule de façon si grossière que le plus modeste des bricoleurs pouvait s'en rendre compte.
Maintenant, tout le monde n'étant pas bricoleur, elles ont surement été vendues au prix fort.
Mais repérer les traces faites par les outils est un des moyens d'authentifier une pièce , à condition d'avoir une petite idée de l'outillage.

Je n'ai jamais fait de copie d'ancien et je ne voudrais pas en faire car je n'y trouverai pas l'interêt que je trouve à la création. Mais si cela devait se présenter je modifierai légèrement le dessin d'origine ,sur un détail par exemple afin qu'un expert puisse le trouver et je signerai de mon nom en partie cachée bien entendu
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede granfred » Sam 21 Mar 2009 14:35

Les artisans Chinois sont des copistes chevronnés. Ils arrivent même à berner les experts en faisant des faux authentiques passant avec succès les épreuves issues des dernières technologies.
Mais la pompe est surtout intéressante pour des choses ayant de la valeur ajoutée en pièce à tirages réduits ou industrialisable facilement.
Donc le truc est en effet de galoper en tête et de garder des longueurs d'avance en étant créatif, et hyper pro. La ferronnerie qui sort par containers des ateliers nord africains ne constitue pas une référence en termes de qualité et c'est bien connu: qui paie mal paie deux fois.

Techniquement, protéger ses dessins et modèles c'est bien, mais que dire des variantes infinies qu'il est possible de faire. Or il n'est pas possible en droit, de protéger un style. (exemple des pattes d'éléphant sur les pantalons à une époque)

Juridiquement, qu'il s'agisse d'enveloppe soleau, de pli à soi-même, à moins d'être soi même une cote comme Starck, c'est le pot de terre contre le pot de fer.
Pas perdre de vue que le travail essentiel d'un avocat est d'encaisser des provisions, avant même d'ouvrir un code.

Et oui, la contrefaçon est un moyen de partager les richesses et de tirer les revenus vers le bas.
Un moyen de mondialiser.
Avatar de l’utilisateur
granfred
 
Messages: 5
Inscription: Ven 20 Mar 2009 15:48
Localisation: Savoie

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede pauyaude » Mar 27 Avr 2010 09:24

Tombé par hasard sur ce sujet, je tenais a faire part de mon opinion.
Philippe a écrit:La contrefaçon, il n'y a pas grand chose à faire contre.
On peut déposer ce qu'on veut, si le produit est copié en Chine, par exemple, bonjour la procédure !

Mon avis est qu'il faut s'attendre à être copié, et garder toujours une longueur d'avance. Le temps où on s'endormait sur ses lauriers est révolu, je crois.

Pour moi, la véritable contrefaçon, ce sont les merdouilles en fer tordu qu'on trouve à vil prix dans toutes les grandes surfaces bricolage, et à l'aune desquelles sont hélas jugés nos travaux.
Les gens sont éduqués dans le sens du toujours moins cher, et ça, ça nous fout dedans comme il faut.
Ca finit par valoir ce que ça coûte !

Pour moi, le plus gros plagiat se trouve là, sur la ferronnerie industrielle et fers tordus. Et le verbe éduquer a bien sa place sur ce sujet, car c'est bien une histoire d'éducation...
Comment expliquer sinon que notre travail puisse être comparé au portail de brico-dépot, ou a celui d'un métallier qui n'assemble que des motifs (mauvaise facture) ?
A la vérité, je vous le dis, c'est tout un corps de métier qui est plagié...
Ce qui nous reste ?
Peut-être la technique, la façon, la justesse de la courbe, la personnalisation et la finition, mais encore faut-il que le client en soit conscient...

A coté de cela, la protection d'un modèle de tabouret me semble bien dérisoire.
Et moi, je l'avoue aisément, il m'arrive de réinterpréter les courbes d'ouvrages qui me plaisent et je suis loin de considérer cela comme du plagiat : mon trait, ma main, mon sens de la courbe me sont propres, ma façon aussi et le résultat sera forcement différent.
Encore pire, que dire de la ferronnerie de style ? C'est du plagiat total, non ?
Pas pour moi : c'est un métier...
pauyaude
 
Messages: 70
Inscription: Dim 31 Aoû 2008 09:56
Localisation: Puisaye Nivernaise

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede thierry loeve » Mar 27 Avr 2010 11:34

La contrefaçon au sens large est la réplique à l'identique de modèle connu dans le monde industriel et souvent déjà diffusé auprès du grand public, donc facilement reconnaissables, mais fabriqué à l'économie c'est à dire des matières moindre qualité et un coup de main d'œuvre très bas.
Le nom des marques y est associé.

La contrefaçon à l'identique d'objets artisanaux est l'appropriation d'un modèle dont le contrefacteur revendique la paternité.

Le plagiat est la ré-interprétation d'un modèle dont seul quelques détails diffèrent de l'original. Là aussi le plagiaire revendique la paternité.

La ferronnerie de style fait partie d'écoles ou de mouvements dont les caractéristiques correspondent à une époque couvrant des périodes plus ou moins larges. Ces mouvements ne sont pas circoncis à la seule ferronnerie : architecture, art, arts appliqués, etc... y participent. Les styles sont facilement identifiables, parfois connotés. Il est difficile de se démarquer de l'art nouveau lorsque l'on aborde le thème de la nature par exemple.

La protection d'un tabouret, comme d'un tasse à café, est essentielle car ce sont des objets facilement reproductibles à grande échelle. Ce n'est pas pour rien que Stark dépose des tire-bouchons, par exemple.
Le dessin alambiqué d'une rampe est déjà moins facile à reproduire mais cela aussi peut se faire.

La re-interprétation n'est pas du plagiat si l'auteur donne et précise ses sources et, surtout, si il y a accord de l'auteur ou de ses ayants-droits avant la réalisation de la pièce.
Mais réinterpréter est délicat et bien souvent proche de la fumisterie, permettant de cacher un manque d'imagination sous couvert d'étiquette "d 'œuvre d'art" ou de "hommage à..." accompagné d'un discours justificatif tout aussi fumeux.

L'avenir pour la protection de nos métiers tient beaucoup plus dans la capacité à être innovant, créatif, ouvert aux changements, aux échanges. Hormis la rénovation du patrimoine, ce sont des métiers que l'on devrait aborder parce que l'on a quelque chose à dire, parce que l'on a du gout pour la recherche "créative", pas pour être un simple tâcheron.
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede pauyaude » Mar 11 Mai 2010 21:13

la discussions est intéressante, j'avais commencé un message bien trop long pour être compréhensible, aussi, voici en quelques mots le fond de ma pensée (ca reste malgré tout un peu long, désolé) :

Qu'un désigner dépose ses modèles, ça ne me choque pas.
Par contre, en tant qu'héritier de centaines de générations de forgerons qui m'ont précédé, j'ai du mal a me prendre pour un artiste, ou un inventeur...
Un créatif, surement, mais d'abord et surtout un technicien, qui tient sa technique (qui inclue pour un ferronnier l'esthétique) des anciens.
L'avenir pour la protection de nos métiers tient beaucoup plus dans la capacité à être innovant, créatif, ouvert aux changements, aux échanges. Hormis la rénovation du patrimoine, ce sont des métiers que l'on devrait aborder parce que l'on a quelque chose à dire, parce que l'on a du gout pour la recherche "créative", pas pour être un simple tâcheron.

C'est en cela que je n'aime pas le terme "ferronnier d'art", bien que je comprenne qu'il serve à nous différencier des "assembleurs", le mot "art" offre une connotation élitiste qui est loin de redémocratisé (rapport à la notion d'éducation dont je parle dans mon message précédent) le fer forgé et nous fait passer pour des décorateurs inutiles plutôt que des artisans du "fonctionnel et beau".

L'innovation, la créativité et l'esthétique ont toujours été intrinsèquement liés aux métiers de fèvre/serrurier/ferronnier. L'évolution des styles nous montre que, de tout temps, les ferronniers se sont influencé, soit par opposition soit par inspiration, mais ont toujours mis la fonction avant l'esthétique:
Je ne peux pas me considérer comme un artiste, car avant de voir l'esthétique d'un ouvrage, il y a déjà, la destination, la fonction, les proportions et ensuite seulement vient l'esthétique, elle même restreinte par les conditions/capacités de réalisation, le budget, etc...

Et cette capacité (l'art) du technicien ferronnier à jongler avec toutes ces données (esthétique et créativité inclusses) est un héritage de nos prédécesseurs ; être fier d'un ouvrage réalisé et le poinçonner est une chose, par contre (a mon sens) vouloir s'octroyer comme propriétaire intellectuelle exclusif de l'ouvrage serait un peu comme renier nos anciens.
Sans oublier que les idées sont souvent dans l'air du temps ou liées a certains mouvements, car le beau est aussi une histoire d'éducation de l'oeil et de l'esprit, et ce concept du "beau" change avec les époques, quand à être acteurs d'une mouvance, ca fait juste parti d'une identité.
(Ca doit être vraiment très rare, mais j'imagine que de voir une copie conforme d'un ouvrage qu'on a exécuté, ne doit pas être très réjouissant..., peut être vaut-il mieux, dans ce cas, le prendre comme un hommage.)
Pour ma part, c'est un ouvrage = un lieu = un client = un graphisme, mais c'est vrai que je ne fat que très peu de mobilier ou "babiole" et encore moins de séries, donc je n'ai pas put rencontré "le problème du tabouret", mais je reste malgré tout persuadé qu'il faut laissé les notions conceptuels et la propriété intellectuelle aux artistes et à nous de réapprendre aux gens que la fonction n'as jamais empêché la beauté (et cela sans élitisme)

Amicalement.
Bertrand

PS : Même si certain travaux sont moins intéressant que d'autres, le fait d'être un tâcheron ne me dérange en rien, j'irai presque jusqu'à dire que c'est une fierté (en même temps, tu as plus de bouteille que moi, aussi, peut-être changerais-je d'avis avec le temps)
PS2 : Je pense que pour faire ce métier, il faut de bonnes bases théoriques et de la technique, et avec la liberté qu'offre cette technique, il faut aimer s'amuser avec la ferraille.
pauyaude
 
Messages: 70
Inscription: Dim 31 Aoû 2008 09:56
Localisation: Puisaye Nivernaise

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede grange » Lun 13 Déc 2010 19:10

la contrefaçon n'est qu'une reproduction du processus final qu'est la réalisation.
La créativité, l'inspiration et l'idée initiale restent à soi. C'est l'essentiel.

Je pratique la ferronnerie pour m'exprimer. Le plus important est de continuer à s'exprimer pour revendiquer une identité.
Avatar de l’utilisateur
grange
 
Messages: 31
Inscription: Jeu 12 Mar 2009 14:56
Localisation: 50800 Villedieu-Les-Poeles

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede Tripat » Dim 14 Aoû 2011 09:47

Je pense que la contrefaçon n'est que la copie qui se fait passer pour l'original, en quelque domaine que ce soit.
La copie qui se fait passer pour une copie reste une copie, rien de plus.
S'inspirer d'une œuvre n'est pas forcement répréhensible si tout le monde sait que c'est un travail d'inspiration et pas une œuvre originale.
Le peintre du dimanche qui fait un tableau "à la façon" de Monet doit-il être crucifié en place publique ? Par contre, celui qui fait passer cette œuvre pour un Monet, lui oui, mérite le bûcher.
Restons les pieds sur terre, tant qu'une œuvre n'est pas réalisée, elle n'existe pas, et quand elle est réalisée, il suffit de le faire savoir pour qu'elle soit reconnue (par le net, la photo de la date d'un journal ou autre).
Tout le reste n'est qu'une prise de tête.
Avatar de l’utilisateur
Tripat
 
Messages: 37
Inscription: Jeu 4 Aoû 2011 20:13
Localisation: Méru dans l'Oise

Re: La contrefaçon en ferronnerie

Messagede thierry loeve » Dim 14 Aoû 2011 10:45

Bonjour Tripat,
je suis d'accord avec toi pour ce qui est de la contrefaçon de grandes enseignes. La situation est différente au niveau artisanal.
Combien de non-créatifs font du plagiat d'autres artisans sans dire leur source et prennent ainsi une clientèle aux créateurs en se faisant, de plus, une notoriété sur leur dos ?
Combien se servent des sites de leur collègues pour démarcher des clients ?
L'inverse aussi existe : les clients repèrent sur le net des ouvrages de créateurs et demandent une copie, ou tout du moins dans le même esprit, à moindre coût. Combien d'artisans refusent ?
Je suis confronté aux deux cas.
Avatar de l’utilisateur
thierry loeve
 
Messages: 3814
Inscription: Mar 19 Aoû 2008 23:01
Localisation: Loire-Atlantique

La contrefaçon en ferronnerieLa contrefaçon en ferronnerie

Si vous trouvez ce sujet interessant, partagez-le sur vos reseaux sociaux favoris :

Lectures recommandées sur ce thème


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités