Bonjour,
comme vous l'avez sans doute constaté en parcourant le forum, il y a différentes perceptions et approches du métier d'artisan. Le sujet est polémique et les avis sont partagés. Il me semble toutefois qu'il y a quelques
faits incontournables :
- L'artisan coutelier est en concurrence avec la production industrielle. Cette situation lui est rarement favorable, car c'est la production industrielle qui est la norme, et c'est donc la seule que connaît le public "non averti".
- La société de consommation dans laquelle nous vivons a fait des "prix bas" le premier argument commercial, souvent au détriment de la qualité et de la durée de vie des produits. A contrario, la production artisanale présente des coûts plus élevés (main d'œuvre, matières de qualité).
- La visibilité commerciale des produits artisanaux est très faible : volumes de production confidentiels, peu de points de vente, pas de présence dans les grands circuits commerciaux (publicité, grandes surfaces... etc). Dans la majorité des cas, le public ignore purement et simplement qu'il existe une alternative à la production industrielle.
Cette situation n'est guère favorable au développement du métier d'artisan coutelier. Pour tirer leur épingle du jeu, les artisans développent différentes approches, pas forcement incompatibles :
- développement de gammes semi-industrielles : l'artisan ne pratique plus que le montage et les finitions manuelles de pièces dont il a fait la conception mais sous-traité la fabrication industrielle,
- positionnement sur le marché du produit de luxe : couteaux haut de gamme et de collection, couteaux dits "d'art", matières luxueuses, finitions très travaillées, coûts très élevés, pour un marché étroit et confidentiel de collectionneurs et d'amateurs aisés,
- positionnement sur le marché de l'outil de qualité, sans fioritures inutiles, mais créé par un artisan ayant fait l'effort difficile de maîtriser pleinement les tours de main et les savoirs-faire qui seuls permettent de travailler vite et bien, et donc à un coût abordable et avec un excellent rapport qualité / prix.
Dans tous les cas, le client ne vient pas naturellement à l'artisan. C'est l'artisan qui doit développer, outre ses qualités techniques et/ou artistiques, une démarche commerciale active pour se constituer une clientèle. Pour répondre à votre question, je pense (réponse qui n'engage que moi), que oui, ce métier a de l'avenir, pour le petit nombre des artisans qui visent l'excellence, sont capables de concilier savoir technique et compétence commerciale, et ont la patience de se constituer une clientèle et une réputation professionnelle reconnue au fil des années. Mais après tout, n'en est-il pas de même, dans tous les métiers non salariés ?