Mr Magne
J’avoue être un peu décontenancé par votre attitude et ce message que je trouve pour ma part fort agressif et malvenu et auquel je vais donc me permettre de répondre, en mon nom et sans aucune autre prétention.
Je ne connais que très peu le travail de Baptiste Darnault mais il me semble qu’il travaille avec une vraie sincérité et une vraie créativité.
Que vous ne goûtiez pas au résultat de ses cogitations et de ses fabrications est une chose mais que vous vous permettiez de le juger d’une manière lapidaire sans jamais, me semble t-il, avoir montré ici le fruit de vos efforts, me semble un peu déplacé.
Pour vous qui êtes attaché à la tradition, je me permettrai de citer la définition du Littré en ce qui concerne le fer forgé. (J’ose espérer que la référence au Littré satisfera votre goût pour la référence normée) : « Travailler le métal, le plus souvent à chaud, pour lui donner une forme,… »
Point de notion de style, de façon, de mode de chauffe ou autre restriction !
Je ne doute pas que vous ayez un vrai penchant, qui je l'espère se rattache à un vrai savoir faire, pour la tradition mais alors que penser des travaux d'Alfred Habermann ou de Peter Parkinson. Sans volute ni spirale, loin de l’apparence des travaux de Lamour, leur production révèle pourtant une maîtrise du travail de forge qui se place dans une démarche en corrélation avec son temps.
Vous êtes peut-être de ces gens qui pensent que la peinture devrait toujours être faite comme au quattrocento et qui n’acceptent pas des Soulages ou des Zao-Wou-Ki ou qui pensent que Rodin supplante Chillida. Je suis bien au regret de vous l’apprendre mais le monde avance avec son cortège d’innovations.
Bien, je voulais être bref mais je confesse que ce conservatisme à outrance me hérisse et me fait parfois sortir de mes gonds…(forgés).
En conclusion, je voudrais dire que je pense que vous vous trompez de combat et que au lieu de fustiger le travail de Baptiste Darnault, qui travaille au marteau et au charbon, qui crée, et qui a suivi les enseignements d’une vraie école de forge, vous feriez mieux de vous en prendre à ces soi disant « ferronniers d’art » que l’on voit fleurir à tous les coins de zones industrielles et qui n’ont d’artistique que leur don à faire croire que l’assemblage soudé de fers tordus importés par containers entiers des quatre coins du monde est un vrai travail de ferronnerie d’art !
Un dernier addendum pour vous signaler que le dernier numéro de « Fèvres » magazine, que vous devez connaître étant donné votre intérêt pour le travail du fer, présente des travaux de ferronniers européens à couper le souffle, loin des travaux de Lamour, résolument contemporains et définitivement magnifiques !
Métalliquement votre.