Restauration d'un martinet, outil de forge

[brise roches]

bonjour à tous,

tout d'abord une petite présentation : Je m'appelle Didier, je forge dans le sud depuis 1985 principalement de la coutellerie (uniquement en damas), de la sculpture et de la fonte lorsque j'en ai le temps.
J'ai un atelier standard : un coté forge équipé d'une forge, d'une presse et de quoi souder ; j'ai utilisé différents martinets puis un électro-compressé (Glasser 65 klg), de l'autre coté un tank pour les lames, un tour et une fraiseuse.

Du materiel qui va me permettre d'entreprendre la restauration d'un ancien. Repéré sur le net, il avait l'air en assez bon état, à première vue. Une petite négociation d'usage et je vais le chercher à Vaison la Romaine chez une charmante jeune femme qui l'utilise pour de la sculpture. Il provient de l'atelier d'un papi sans que j'en sache plus (forgeron, taillandier, date de mise en route ? : pas beaucoup d'information)... A ce sujet, tout renseignement ou iconographie sur ce modèle sera le bienvenu.

De retour à l'atelier, la machine va subir les outrages du karcher, ce qui va me permettre de prendre la mesure des dégâts.

suis sur que s'est sa premiere douche depuis 80ans au moins

A première vue rien de grave : deux paliers a refaire, changer les lames de frêne, posé des graisseurs à la place des becs a huile et surtout refaire un embiellage cassé. Celui-ci a été maintenu en place par une sangle a cliquet, cela fonctionnait mais je dois avouer que cela heurtait mon sens de la mécanique.

Premiere opération : démonter les pièces sans oublier de prendre des photos : la machine à beau être simple, cela peut toujours servir. On fait chauffer le tour et les tarauds et quelques jours plus tard on commence à remonter.

un p'tit pallier tout neuf

On voit bien les deux lames brisées sur le bras, ce petit travail va être confié à un pote ébéniste.
Le moteur va être désolidarisé pour être fixé au mur, et je vais lui adjoindre une enclume que je gardais pour l'occasion depuis de longues années.
Cette machine possède un mécanisme (malheureusement incomplet) qui permettait de déplacer le bras automatiquement de manière transversale (forge de faux par ex.).
L'embeillage à été refait, ce n'est pas très compliqué : à cette époque, les côtes étaient loin du micron, ce qui simplifie les choses.

[brise roches]

Je suis moins doué avec un clavier qu'avec un tig, du coup j'ai du m'y reprendre a deux fois pour finir mon exposé.
Je disais donc : la plupart des pièces on été réparées ou refaites, et le martinet a trouvé sa place dans l'atelier.

Détail de l'enclume :

à peu pres le mème age :1852

Fixé solidement au sol, je vais pouvoir le faire frapper une première fois histoire de régler les courroies et voir ce qui ne va pas.

Il me reste à faire refabriquer un ressort de rappel (il y en avait 3 a l'origine) et à forger quelques heures pour voir comment il se comporte, et surtout comprendre comment fonctionne son système de régulation de vitesse : contrairement à un martinet standard, ce n'est pas le fait de tourner plus vite qui va augmenter la frappe mais un étrange système d'embiellage couplé à un excentrique, le tout maintenu par des ressorts : si quelqu'un connait ce principe, je suis preneur.

D'ici a quelques semaines, si tout se passe bien, je lui fais manger un petit pain de damas, pour voir.

[BDelor]

Merci de partager cette belle expérience avec nous.
Les machines anciennes sont plus intéressantes qu'il ne parait à priori. Leur construction est bien plus robuste que celle de la plupart des machines modernes. En outre, elles sont souvent assez faciles à démonter et à remettre en état. Leur robustesse et leur simplicité leur permettent de retrouver une nouvelle jeunesse à moindre frais. Personnellement, j'ai remis en route un vieux Tyro sans trop de difficultés, pourtant je dois dire que la mécanique et moi, ça fait deux, et depuis il me sert sans faillir.
En plus, utiliser une machine que l'on connait de fond en comble pour l'avoir mise en pièces et remontée, c'est rassurant, on sait qu'on ne sera pas pris au dépourvu en cas de panne.

[bernard]

Bonjour de Bernard,
Effectivement il ressemble au Burton.
Le Burton lui possède un bâti en fonte, frappe de la même manière à 145 coups/minute sur l'enclume à bigorne, et chariote d'un bord à l'autre à l'aide d'une deuxième commande au pied qui actionne une boite d'engrenage conique afin de faire bouger le frappeur de droite à gauche et inversement.
La frappe est très puissante et très sèche (prudence au débutant).

Je travaille sur ce matériel depuis 1980 et n'en connait en service que quatre (deux chez moi, deux autres en Bretagne).
Très difficile à trouver, ce marteau fonctionnait certainement comme les miens, avec chaudière à vapeur ou moteur thermique.
Je connais l'histoire de la marque depuis 1905, celui ci semble être soit antérieur, soit une copie de facturation maison.

Il était surtout utilisé par des forgerons maréchaux, mais surtout ferronniers.
Je compte sur toi pour mettre des photos sur le site .

[Roland PINON]

Salut

ce n'est pas le fait de tourner plus vite qui va augmenter la frappe mais un étrange système d'embiellage couplé à un excentrique, le tout maintenu par des ressorts : si quelqu'un connait ce principe, je suis preneur.

Poste des photos, peut être les connaissances techniques de certains pourront permettre de comprendre les subtilités de ta belle machine.

[bernard]

Bonjour de Bernard,
le fait de tourner plus vite donne rien de plus certes ; mais dans le cas présent, mieux vaut s'en être servi pour pouvoir constater que certaines machines anciennes fonctionnent de manière différente.
Le fonctionnement latérale du Burton est monté sur une vis sans fin montée sur pignons, à engrenage droite et gauche afin de tourner soit dans un sens soit dans l'autre. Un collier (commandé au pied) permet le mouvement.
Visiblement ton frappeur n'en n'est pas équipé.
Est-ce que tu peux le bouger à la main ?
Si tu veux, j'ai des pièces pour le Burton.

[brise roches]

bonsoir bernard,
effectivement la machine possède une vis sans fin (non bloquée) et un couple de pignons conique qui renvoie un axe vers la poulie maitresse. Visiblement l'axe à été coupé environ 20cm au-dessus du mécanisme.
Cette machine ne possède aucune marque apparente ou du moins je n'en ai encore pas trouvé. Le bâti possède certaines parties en fonte, d'autres en acier.
Si tu possèdes des pièces qui me permettraient de remettre ma machine proche de l'état d'origine, je suis effectivement preneur.

Lorsque je parle de modifier la vitesse, ce n'est pas des tours-moteur dont je parle mais du même principe que pour un compagnon ou n'importe quel martinet standard ou en prenant les tours, la cadence de frappe augmente.
Quant aux photos, je tache d'en passer rapidement.
A pluche.

[Metal Connexion]

Bonsoir brise roches,
L'annonce auquel tu as répondu mentionnait un martinet de forge année 1930.
D'autres images :

[brise roches]

La remise en route suit son cour : j'ai refabriqué une pédale adaptée à ma morphologie puis fabriqué une série de lardons qui vont permettre d'immobiliser l'enclume.

Ensuite j'ai pratiqué une opération qui va faire hurler les puristes : j'ai découpé l'enclume pour avoir une partie qui corresponde a un tas inférieur : je sais, j'aurais pus utiliser une enclume possédant une queue d'aronde mais je n'en avais pas, et puis ce sera pas la première enclume ni la dernière que je modifierai, c'est dit.

Cette fois, je vais forger dans des conditions presque optimales puisqu'il ne me reste que les lames de frênes à changer.
Le barreau fait 50/20 en acier à ferrer les ânes, il sera descendu au format 20/20 en une chaude.

[brise roches]

cette semaine je vais découper le plateau de frêne que je me suis procuré et changer les lames .j"ai placé un contrepoids qui me permet une tension constante sur la courroie plate
un gros baby (crapaud en niçois ) surveille toutes les opérations

voila ,voila , à pluche .