de 
Une fois à température, le rond est aplati, toujours à l'orange, pour former une surface plate d'environ 1mm d'épaisseur, grossièrement en forme de goutte d'eau. Cette opération s'est déroulée sur trois chaudes, et le rond a été aplati sur environ 3 cm de longueur.
Par la suite, une fois la "goutte d'eau" suffisamment fine et large, elle est placée sur le creux situé entre le bout de la table de l'enclume et la base de la bigorne ronde, puis martelée avec la panne du marteau de façon à ce que les bords commencent à se courber vers l'intérieur de la forme.
L'amorce de l'enroulement étant effectué, la "goutte d'eau" est portée sur la table de l'enclume, et est progressivement roulée en forme de cône par l'action du marteau, qui frappe en oblique de telle façon à ce qu'il forme un angle proche de 45° avec la table de l'enclume, afin que le cône ne se transforme en cylindre.
Le cône est alors roulé de manière à ce que les deux bords se recouvrent l'un et l'autre...
... pour obtenir ceci :
L'étape suivante consiste à venir écraser la 'pointe' du cône à nouveau avec la panne du marteau, pour créer la partie intermédiaire entre le cône, qui sera désormais nommé "douille", et la partie du rond qui formera la future pointe.
Cette opération s'effectue sur le bord de l'enclume, mais peut également s'effectuer par un martelage avec la table du marteau à plat sur le rond reposant sur un dégorgeoir d'enclume.
La douille et la partie intermédiaire étant désormais forgées, le reste du rond d'acier qui servait jusqu’à présent de support pour tenir à la main (gantée), est coupé à environ 1 cm de la partie intermédiaire au moyen d'un tranchet d'enclume, coin d'acier muni d'une queue, qui est inséré dans le trou carré porte-outils de l'enclume.
Pour trancher, il convient préalablement de porter le rond à l'orange vif, voire au jaune, puis de poser la partie à couper sur le fil du tranchet, et de frapper au marteau tout en imprimant un mouvement circulaire au rond. Une fois le rond suffisamment entamé, la douille est saisie à l'aide d'une pince spéciale, et est rompue du reste du rond.
Voici donc ce que vous devez obtenir. La pince spéciale précédemment citée n'est autre (dans mon cas) qu'une vieille pince de modélisme à mors ronds.
Suite à la coupe sur le tranchet, la pointe reste à forger. Par souci de changement par rapport aux modèles de pointes anglaises à section carrée, ou "bodkin", pointes responsables des lourdes défaites de nos aïeux sur les champs de batailles de Crécy, et surtout d'Azincourt (1415), la pointe sera forgée en forme de feuille de saule à section losangique, modèle mixte, pour la chasse comme pour la guerre.
La pointe est donc remise au feu...
... avant que le dernier centimètre du rond présent après la partie intermédiaire ne soit écrasé et forgé en plat :
... et que l'ébauche de pointe ne soit réalisée au marteau par frappes conduites à 45° des deux cotés, avec contre-forgeage pour rétablir l'épaisseur, contre forgeage lui-même conduit par par une série de frappes égales de chaque coté du plat.
La section losangique de la pointe est alors réalisée par la forge d'un double tranchant similaire à ceux d'une dague (cela dit, en passant, je conseille fortement à un débutant de réaliser des pointes de flèche à section losangique comme celle-ci, qui constituent un bon entrainement pour réaliser par la suite les émoutures de dagues au marteau), ce qui va faire apparaitre une arête centrale qu'il conviendra de centrer correctement (ce qui s'avère être le plus difficile, surtout au début).
La section losangique obtenue, la forme globale de la pointe va être esquissée sur le bord de la table de l'enclume à l'aide d'un marteau plus léger que le marteau de forge classique (dans mon cas, je me suis muni de mon fidèle marteau à boule), à savoir une forme qui va donner son nom à la pointe de flèche : une forme de feuille de saule.
Enfin, la dernière opération de forge va consister à régulariser les tranchants de la pointe qui ont été légèrement écrasés lors de l'opération précédente, de s'assurer que l’arête centrale est alignée, que la pointe elle-même est alignée dans l'axe pointe-partie intermédiaire-douille ; puis la pointe finalisée est saisie à l'aide d'une autre pince, plate mais avec un creux dans les mors permettant de ne pas abimer l’arête centrale, et de marteler la douille à coups très légers avec le marteau classique, pour s'assurer que sa section conique reste correcte. Si nécessaire, utiliser un mandrin, mais comme ici, avec un minimum d'habitude, on peut obtenir une douille correcte uniquement au marteau.
Et voila le résultat final que vous devez obtenir ! La forge est terminée, il restera à faire subir les traitements thermiques adéquats, recuit, puis meulage de la pointe, suivi d'une trempe (de la pointe, mais pas de la douille, ni de la partie intermédiaire), et d'un léger revenu, si les pointes sont destinées à servir. Bonne soirée à tous, et joyeux Halloween !
Voici donc la pointe terminée, post-traitements thermiques. Ne possédant pas encore de backstand, les émoutures et le polissage ont été effectués au touret à meuler et à la meule à eau, avant affûtage sur une meule dormante. Pour terminer, je l'ai trempée (à froid, suite aux opérations précédentes) dans de l'huile d'olive, pour prévenir l'oxydation, très rapide sur certains aciers.
Une fois que vous arriverez à réaliser parfaitement toutes les opérations de forgeage, vous arriverez facilement à forger différents modèles de pointes de flèches, ou des pointes de différentes tailles :
