Un peu de précision sur les techniques ferroviaires : a écrit:Le profil du rail en question est un "UIC-60" : pour "Union Internationale des Chemins de fer, 60 kg/mètre". C'est le plus gros qu'on peut avoir en France, il en existe un seul plus lourd, employé ...aux États-Unis.
C'est ce type de rail qui est employé aujourd'hui pour faire rouler les TGV : avant, les rails faisaient entre 12, 18 ou 24 mètres de long. Il fallait donc les souder de temps à autres, et il y avait toujours un décrochement : d'où le "clac-clac-clac-clac-..." intempestif des trains de jadis.
Comme les soudures de rails se font par aluminothermie et que le procédé coûte très cher et demeure parfaitement impropre pour les Lignes à Grande Vitesse, la SNCF a mis en place une technologie de rails "sans soudures" : les LRS, pour Long Rails Soudés. Dans le jargon de la SNCF, c'est un rail qui fait au minimum 382 mètres de longueur, jusqu'à un peu plus d'un kilomètre, ce qui permet des soudures très espacées. De tels profilés sont produits dans des usines sidérurgiques connectées aux réseaux ferroviaires et la livraison se fait toujours ...par rail, vu les dimensions !
Dans la pratique, ces rails sont entreposés sur des wagons spéciaux, et les profilés se déforment élastiquement lorsque le convoi ferroviaire prend un virage ou arrive en gare de triage. C'est plutôt malin comme technique de mise en œuvre !
Aujourd'hui, les rails LRS remplacent petit à petit le "réseau segmenté", qui est repris pour être refondu en LRS, et où la SNCF/RFF procèdent au remplacement des anciennes voies :
- ils refont le ballast (ce tas de cailloux sur la voie),
- ils retirent les traverses en bois créosotés (qui sont hautement cancérigènes !), les traverses sont remplacés par des blocs de bétons maintenus par un ligament métallique,
- les rails neufs sont maintenant continus.
L'élancement du rail LRS étant ici considérablement réduit (un mètre); je vous défie de pouvoir cintrer ce rail !
Il est raide comme la Justice.
Ce rail est donc traité thermiquement, pour résister à l'usure des essieux dans les courbes, et surtout pour les tensions phénoménales liées aux rétractations et dilatations du métal rendu presque continu, pendant les hivers et les étés.
Imaginez les gains/pertes sur des rails faisant 10 kilomètres d'un seul tenant !
D'après Wikipédia, la technologie LRS avec une voie armée de rails de 60 kg/m permet d'absorber des contraintes de compression et de traction alternée de 140 tonnes, qui transitent dans une section de 7745 mm².
Qui plus est, pour réduire les risques de rupture en service, TOUT les rails sont contrôlés à 100% au niveau de leur santé interne :
- surveillance de la chimie de l'acier lors de la coulée continue,
- vérification de la dureté en surface après traitement thermique,
- ET contrôle systématique par une technologie de contrôle non destructif, par la méthode des courants de Foucault : ici, si une anomalie interne (retassure, fissure, ségrégation majeure) vient à être détectée par variation locale des courants induits, la zone est marquée et une procédure de correction appropriée est mise en œuvre.
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