Vaste sujet.
Sur mon site tu trouveras un résumé succint des
différentes techniques de dorure sur métal.
La dorure au mercure est une technique très ancienne qui repose sur la propriété du mercure de dissoudre l'or par amalgamation.
Une goutte de mercure déposée sur une surface dorée provoque la formation d'une tâche blanche : ce n'est pas un dépôt, le mercure pénètre en profondeur et seule la chaleur peut faire évaporer le mercure en laissant l'or mat.
La qualité de la dorure au mercure est généralement exceptionnelle et l'épaisseur d'or peut être très importante. Il m'est arrivé d'avoir en main des objets dont l'épaisseur était visible à l'œil nu sur le bord des zones dorées.
Cette technique permet en effet de ne dorer que les parties visibles, l'aspect des dos des pièces est du reste un élément d'expertise. Les "débordements" de la dorure sont caractéristiques :
Ces bronzes d'applique proviennent d'un meuble Louis XVI. A noter : les petits coups de burin pour créer des rugosités semblables à des dents de râpe à bois pour une accroche plus facile sur le ciment de ciseleur
Décapage : Pour réaliser la dorure au mercure, il faut agir sur un métal parfaitement décapé. Les artisans réalisaient cela en utilisant des mélanges d'acides (nitrique, sulfurique, chlorhydrique) : cette opération est très importante.
Voici un atelier de décapage de bronzes du milieu du XIXème. Cette gravure est extraite du manuel de Roseleur.
Amalgame : ensuite une autre opération délicate est la réalisation de l'amalgame proprement dit : l'or est introduit dans le mercure chauffé à 200 degrés dans un creuset, l'amalgame lavé dans une peau de chamois et ensuite appliqué à la surface du métal avec une brosse. Le métal est ensuite chauffé dans un four ou au chalumeau et le mercure se volatilise.
D'où la nocivité du procédé : le mercure sous forme de gaz est un élément particulièrement dangereux.
Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur l'aspect technique, le manuel de Roseleur, une fois de plus, fournit des renseignements assez précis :
lien
Finition : Il faut également savoir qu'une grosse partie du travail réside également dans la finition de la dorure obtenue, celle-ci est parfois
grattebossée pour donner un peu de brillance localement et mettre le modelé en valeur.
Le doreur doit également jouer sur la couleur de l'or qui n'est pas toujours celle recherchée : elle reste souvent un peu trop jaune citron... il utilise donc toutes sortes de recettes qui ont pour but :
- soit de dissoudre les traces d'autres métaux déposés avec l'or en raison du manque de pureté de celui ci,
- soit de déposer dans les rugosités de la surface de la suie ou des pigments,
- soit de provoquer l'oxydation du bronze à travers la porosité de la couche d'or.
Les sels et pigments employés pour la mise en couleur des dorures sont entre autres : le nitrate de potassium (salpêtre), le sel, l'alun, l'ocre, la cire, le curcuma, le rocou, le ferrocyanure de potassium...
Brunissage : la dorure au mercure présente la particularité de permettre d'obtenir des contrastes forts entre le mat et le brillant grâce au
brunissage.
Certains métaux support conviennent mieux que d'autres ; le plomb contenu dans certains bronzes par exemple compromet par exemple le bon déroulement de l'opération.
L'influence de la dorure sur la composition des alliages employés par les fondeurs est prépondérante. Et ce depuis l'Antiquité.
Cette technique concerne tous les objets anciens avant la découverte et l'exploitation de l'électrolyse (milieu XIXème) avec des qualités variables suivant l'épaisseur d'or déposé.
C'est la technique traditionnelle à cause de laquelle des générations de doreurs sont morts prématurément.
Au point que c' est devenu un problème très important de salubrité publique qui a revêtu une importance de premier plan au début du XIXème avec les débuts de l'industrialisation. Il existe des débats du parlement à ce sujet. Un prix a même été décerné suite à un don de Ravio riche ciseleur. C'est D'Arcet qui l'a remporté avec une conception moderne de hotte aspirante et de réduction maximale des risques suivant les possibilités techniques de l'époque. L'avènement de l'électrolyse a radicalement résolu le problème et a fait totalement disparaitre en Occident, en l'espace d'un siècle l'usage du mercure .Cependant a diminué aussi l'importance de l'usage de la dorure dans le revêtement des objets décoratifs...
A subsisté une technique hybride,
la dorure au nitrate ou dorure nitratée : l'objet est doré par électrolyse puis passé au nitrate de mercure qui dépose une couche de mercure, l'objet est ensuite chauffé et fini comme pour la dorure au mercure... ce procédé est un peu moins toxique au vu des quantités de mercure plus faibles utilisées, mais reste quand même dangereux. Il est en voie de disparition totale.
La technique de dorure au mercure est beaucoup plus solide que celle de la dorure à la feuille, la raison en est l'accroche de l'or qui est intimement lié au bronze alors que pour la feuille, il s'agit simplement d'un adhésif (mixtion).
A noter qu'il existe une technique de
dorure à la feuille au mercure : l'adhésif est remplacé par le mercure, la surface du bronze est mercurée et la feuille appliquée se "fond" dans le mercure ; la pièce est ensuite chauffée pour éliminer le mercure.
A signaler également que le
vermeil est de l'argent massif doré au mercure.