Bonjour à vous,
J'ai quelques éléments pour vous :
- Tous d'abord en ce qui concerne les lentilles de contact en soudage, il n' y a aucune interdiction qui prévaut. Des soudeurs TiG peuvent tout à fait souder avec. Les lentilles sont évitées par les soudeurs eux-mêmes s'ils estiment prendre trop de risques : travaux salissants, travaux en hauteur et avec un fort vent, atmosphères très poussiéreuses (sablage, farines, pollens).
Mais ce sont surtout les travaux créant des fumées de soudage qui rendent les lentilles impopulaires auprès des soudeurs : électrodes enrobées, procédé MaG en court-circuit ou pulvérisation axiale), gougeage arcair, coupage au plasma.
J'avais lu dans la littérature spécialisée que la cause de l'inconfort est l'inflammation de la cornée ; phénomène directement imputable aux poussières.
Quand au risque de coller les lentilles de contact sur la cornée, c'est plus une peur qu'un fait ou un risque avéré. Pour que la lentille "colle", il faut qu'elle chauffe au point de fondre (le polyméthacrylate de méthyle, abrégé en PMMA) fond entre 130 et 140 °C ! ; ou que la muqueuse "coagule". Cela est faisable avec des températures très élevées (et donc des énergies considérables), analogue à un œuf cuisiné à la poêle. Pour rester dans le contexte de la soudure, à moins de se prendre une buse de chalumeau chauffeur en pleine tête, nul risque d'en arriver là.
Un coup d'arc, c'est une lumière visible intense, une forte émission d'infrarouges et surtout d'ultraviolets. Si les infrarouges sont absorbés par la cornée et très peu par la lentille ; les UV sont transparents pour cet organe comme pour les lentilles d'ailleurs. Un coup d'arc étant très désagréable, on ne prolonge pas très longtemps cet incident (entre 1 secondes et 5 secondes au pire, pour les cas particuliers).
La durée d'un coup d'arc n'est pas suffisante pour se brûler à ce point-là les yeux, même avec un poste Innershield à 400 Ampères. C'est sûr, on ne retravaille pas tout de suite, tant l'éblouissement est intense. Généralement, une à deux journées de repos suffisent pour ces cas là (je parle de 400 A), et dans ce cas, il faut considérer cet accident comme une urgence ophtalmique : ce n'est pas la cornée qui est atteinte, mais bien la rétine et le cristallin !
Ce qui est obligatoire en soudage, c'est une gâchette pour la commande électrique d'un poste Arcair (on peut y coller 500 à 600 Ampères et des crayons de graphite en diamètre 12 !) et un masque de soudure doté d'un écran adapté au rayonnement. On n'emploie pas un verre Protane-13 pour souder à 60 Ampères (on ne verra rien de la soudure) ; tout comme on ne prend jamais de lunettes de protection pour chalumeau oxyacétylénique (qui ne protège que contre les infrarouges) pour couper au plasma (qui lui génère des UV puissants) !
En Belgique, une directive impose à tout matériel de soudage de ne pas dépasser une tension de sûreté de l'ordre de 15 Volts.
Le mien sort une tension à vide (pour les électrodes enrobées) ; si je fais en sorte d'établir l'arc au travers de moi, je peux être tué en moins d'un minute : 70 Volts DC ou AC peuvent aisément passer au travers du corps, le poste "amorçe" l'électrode enrobée et envoie le courant.
On se tue avec moins d'une ampère. Le mien en sort 220 au maximum.
Le système belge est bien fait : l'appareil sort 14 à 15 Volts. Quand on applique l'électrode enrobée sur la pièce, on crée un court-circuit, la résistance chute : elle passe de plusieurs milliers de mégohms (l'électrode est "dans l'air") à presque zéro : l'électrode est en contact avec la pièce. Le poste envoie alors une forte tension (de l'ordre de 70 Volts) et l'arc démarre puisque les ampères transitent dans l'arc de soudure. Si ce poste sécurisé "touche" son soudeur, la résistance du corps varie de 3500 à 7500 Ohms. Le poste détecte que la résistance est trop élevée et rien ne se fait.
Vous me direz : "Oui, il faut vraiment être neu² (lire neuneu) pour se faire juter par son poste". Eh bien non : voilà un cas vécu par un ami, retraité soudeur :
Il était sur une toiture métallique en plein cagnard et soudait des poutrelles en hauteur à partir d'une coursive. Il était trempé de sueur et était vêtu d'une combinaison de coton. Comme le dit très bien Phi64, on est "noyé dans sa sueur" dans ces cas là. Il a fini de griller son électrode enrobée, et a dévissé son porte-électrode. Et là, assis sur sa coursive métallique, "
le cul trempé", en remettant une électrode neuve, un de ses doigts derrière un gant de soudeur mouillé de sueur est venu en contact avec l'extrémité graphitée de l'électrode, le poste a envoyé la sauce... dans le corps de mon ami. Celui-ci s'est débattu sous l'arc électrique pour essayer de défaire l'électrode enrobée de son doigt mais ce n'était pas possible. Le porte électrode à vis ne voulait pas non plus libérer l'électrode ; à force de crier ses collègues se sont rendus compte du problème et ont coupé le poste qui était en contrebas. Il resté une bonne minute à se prendre le courant de soudage (de l'alternatif à 50 Hertz, souder à l'électrode enrobée en courant continu était un luxe à l'époque).
Il ne pouvait plus tenir debout et a dû être hospitalisé. Depuis, il a des problèmes sur la valve mitrale et doit surveiller son cœur.
Je dois lancer une consultation à la SAF (groupe Air Liquide) sous peu pour adapter un module additionnel sur mon poste. Ce système est appelé VRD :
Voltage Reduction Device. Plus d'infos sur ce
lien.
- Une autre chose, pour faire avancer le débat : Cela concerne les masques électrochromes à ventilation intégrée.
Le système est fait pour assurer une surpression dans le masque du soudeur, qui doit avoir une forme ergonomique tout en permettant à l'air non pollué de s'écouler au dehors, sans faire en sorte que le soudeur puisse respirer de l'air vicié.
Pour permettre cela, il existe des masques à ventilation autonomes, filtrant l'air sur place avec une batterie rechargeable.
L'autre alternative, beaucoup plus pratique, est de brancher la coiffe avec une arrivée d'air légèrement comprimé, refroidi pour les travaux d'été et réchauffé pour les périodes froides, asséché (pour éviter la formation du buée pour les porteurs de lunettes), déshuilé pour ne pas s'intoxiquer avec un brouillard d'huile minérale ou de synthèse...
150 litres par minutes sont quand même nécessaire. Une bouteille B52 RESPAL de 10.6 m3 est ainsi épuisée en 70 minutes !
On utilise soit des bouteilles d'air respirable comprimé à 200 bars, soit un compresseur performant (du genre à éléments Scroll).
Bien à vous, et à défaut d'attendre que vos employeurs vous donnent des protections adéquates, achetez-en vous mêmes. Pas toujours évident, mais la santé n'a pas de prix.