La sécurité dans une ferronnerie : forger sans risque

[Metal Connexion]

Suite à une proposition de yag, je propose que ce sujet précise les éléments de sécurité qui vous semblent importants lorsqu'il s'agit de forger.
Ces éléments de sécurité peuvent être des équipements de protection individuelle ou collective, des procédures, etc...
En général, ils partent d'une bonne connaissance des risques que le ferronnier rencontre dans son atelier...

Chacun pourra y poster ses petites astuces, etc...
[J'essaierai de faire une petite synthèse en fonction des éléments que vous postez.]

[thierry loeve]

Principaux accidents
Les principaux accidents dans un atelier sont :

• les brûlures,
• les projections dans les yeux,
• les coupures.

Viennent ensuite

• les chutes,
• les chocs électriques,
• les blessures dues aux chutes d'objets.

Physiquement :

• le mal de dos,
• la surdité et acouphènes,
• les tendinites, épicondylites, entorses des membres supérieurs et inférieurs.

Précision : si un accident survient sur un lieu de travail, un éthylotest est effectué : si la personne est positive elle ne sera pas remboursée de ses soins.

Les risques pour l'atelier sont l'incendie ou l'explosion.

Equipements de protection individuels

Les moyens de protection individuels sont obligatoires en entreprise, c'est à dire :

• lunettes de protection,
• protections auditives,
• vêtements en coton,
• chaussures de sécurité,
• gants.

Dans certains cas : port du casque, tablier ou veste de soudeur en cuir, bottes de soudeurs (sous les jambes du pantalon, et non le pantalon dans les bottes).

A bannir :
Sont bannis, surtout pour ceux qui se servent de machines outil, perceuse, etc... :

• les vêtements flottants
• et les bijoux de type chaine apparente.

Lors d'opérations de ponçage ou meulage, il est interdit de diriger les gerbes d'étincelles vers des personnes ou vers le haut du bâtiment.
Le port du masque anti-vapeurs de type solvants par exemple, voire des vêtements adaptés, s'impose pour les opérations de peinture.

Consignes, procédures de sécurité
Le respect des consignes évite bien des désagréments :

• pour soulever une charge (dos droit et plier les jambes),
• déplacer un objet encombrant (objet au plus près du centre de gravité du porteur), utilisation d'aide comme une autre personne, un "diable", un chariot ou un palan.

• Dans les ateliers, les endroits de passage doivent être bien éclairés.
• Le sol doit être dégagé de tout encombrant, cable, carton, etc...
• Les éléments inflammables doivent être stockés soit dans un local à part, soit dans des armoires métalliques fermées. Les matières dégageant des effluves inflammables ou comportant un risque d'auto-inflammation sont à stocker à part.
• Les extincteurs sont obligatoires (préférer à poudre pour éviter les chocs électriques, mais ils n'éteignent pas toutes les matières).
• Les déchets des produits toxiques (patines, nettoyage, etc...) sont recueillis dans des récipients adaptés et remis à des entreprises spécialisées dans le traitement de ces déchets.

Ceci dit, le bon sens est la principale aide pour éviter la plupart des accidents, comme d'avoir des outils en bon état par exemple ou encore de penser que l'on est pas tout seul : on n'est pas à l'abri d'une visite impromptue.
Et quand on travaille à plusieurs, l'écoute est primordiale !

La plupart des accidents dont j'ai été témoin étaient dûs au non respect de ces règles. Le plus spectaculaire a été la chute d'un échafaudage de 6m, par un déséquilibre provoqué par l'ouvrier qui était en haut. Il avait tiré une lourde charge au sol légèrement éloignée... La charge n'est pas montée mais l'ouvrier et l'échafaudage sont descendus en même temps... Heureusement pas de gros bobo ; chanceux le gars !
Dans certains ateliers les sourds ne manquent pas, mais les phalanges si !

[Metal Connexion]

Merci Thierry pour cette approche déjà très synthétique.
L'INRS, Institut National de Recherche et de Sécurité, peut être d'un précieux secours pour se documenter sur les risques/protections spécifiques liés au travail du métal.

Je donne ici une liste de quelques documents disponibles sur le site de l'INRS [Consulter la page de recherche] :

Ferronnerie, activités métallurgiques

• Risques liés à la manutention des armatures métalliques : Recommandation adoptée par le Comité technique national des industries de la métallurgie le 20 mai 2008.
• Dégraissage des métaux. Choix des techniques et des produits : Cette fiche fait le point sur les techniques et produits utilisables pour le dégraissage, indique la réglementation à observer (environnement et santé) et présente une démarche de prévention lors du choix de nouvelles techniques ou produits.
• Accidents aux yeux : une démarche de prévention en quatre étapes : vidéo
• Prévention et port des équipements de protection individuelle. 5. Une usine métallurgique :
• Ateliers de traitement thermique. Hygiène et sécurité : Ce document est destiné à fournir à la profession un rappel des principaux risques rencontrés dans les ateliers de traitement thermique, ainsi que des moyens de prévention adaptés.

Fonderie

• Les ateliers de moulage de pièces en alliage de cuivre : Ce document propose une démarche et quelques règles pratiques qui permettent de concevoir un atelier, ou une modification d'atelier, en intégrant une réduction des principaux risques.
• Les ateliers de moulage de pièces en alliages d'aluminium : Cette brochure présente les principaux risques rencontrés dans les fonderies d'aluminium et les mesures de prévention adaptées.
• Fonderies d'aluminium. Risques et prévention : Cet ouvrage présente les principaux risques rencontrés dans les fonderies d'aluminium et les mesures de prévention adaptées.
• Ventilation des postes de décochage en fonderie : Il s'agit d'un guide et d'un document de référence pour la conception et le contrôle des installations de captage ou de dilution des polluants.
• Prévention des risques dus aux produits chimiques en fonderie : recommandations aux entreprises relevant du Comité technique national des industries de la métallurgie, adoptées le 18 juin 1991.

[alain valette]

bonjour a tous, excellent sujet ouvrant les expériences de chacun...

Tout d'abord, je tiens a vous préciser que chaque forge a ses anecdotes... son histoire et ses astuces.
Depuis 1680, ma famille travaille dan la métallerie et dans la forge artisanale. Je travaille dans cette activité depuis 1986 et malheureusement, comme je l'ai indiqué lors d'un précédent post, cette activité s'essouffle et est quasiment terminée...mais cela c'est pas le sujet.

Mon expérience en ce domaine tend a prouver qu'une solide EDUCATION par un forgeron confirmé en dehors de toute école trop basique, permet d'éviter une grosse partie des accidents. L'apprentissage de gestes, des astuces permettent de gagner du temps et de limiter les accidents :
gants , veste de cuir uniquement, lunettes (pas facile quand on est déjà porteur de lunettes), casque anti-bruit , chaussure de sécurité, ... vêtements adéquats, et s'assurer que le poste de travail est aux dimensions de l'ouvrier (hauteur), etc...

Par exemple :

• Une pièce chaude après forge est posée en un lieu donné a droite ou a gauche de l'enclume avec une pince en travers (comme une signalisation) , ce qui signifie "pièce chaude ne pas toucher". En effet, poser la main sur une pièce "noire" encore a 150 ou 200° laisse des traces indélébiles.
• Ne jamais taper sur une pièce en acier trempé avec la panne d'un marteau pour éviter les éclats toujours dangereux : taper avec le plat du marteau, (tous les marteaux que j'ai ont des chocs visibles sur leurs plats).
• Dégager les abords de la forge, enclume, presse, martinet : l'accès doit être libre de tout mouvement. J'ai pris l'option d'interdire l'accès au client par une "banque", ceux ci ne peuvent approcher la forge à moins de 20 m.
  Une fois, mon grand-père a mis le feu accidentellement au costume d'un client (années 50) : en se retournant en sortie de forge, le gars n'avait pas fait de bruit et le fer rouge a cramé son beau costume... Pschhhhhhhhh ! Mais en ces temps-là, la forge était le rendez vous incontournable du quartier, un peu comme au café du coin.
• Prendre les précaution d'usage aussi lors des trempes des éléments dans les auges à eau ou à huile : projections chaudes, etc...
• Quant aux problèmes de manipulation d'objets lourds, il faut être physique ou se faire aider, ou bien avoir un palan... mais les configurations des ateliers ne peuvent pas toujours le faire.
• Les coups de rebonds sont aussi dangereux : en fait l'expérience est maitresse de ce métier.
  Restent après les étincelles, projections de forge, celles du meulage à diriger vers un mur si possible :geek:

Les clients doivent aussi prendre conscience des dangers.
Voila quelques astuces et expériences (et il y en a d'autres) qui peuvent aider.
Quant aux risques électriques pendant la forge...heuuu ! Je n'en connais pas. En serrurerie, oui, ça peut arriver : fil cassé, usé, retour de soudure, etc...

alain

[calderic]

Je rebondis sur le sujet pour demander quels sont vos choix

• en tant que protection auditive (casque anti-bruit électronique, bouchons auditifs ou autres ? )
• mais aussi comme je l'ai vu sur le post d'alain valette, quelles sont vos solutions de protection visuelle lorsque l'on porte des lunettes de vue.

1. J'ai testé des lunettes de protection plus grandes qui pourraient aller par dessus les lunettes de vue, mais sans succès ; c'est peu pratique.
   Exemple : lien
2. J'ai aussi essayé ce style de protection : lien. C'est peu pratique car par temps de forte chaleur, comme en ce moment, en quelques secondes, il y a déjà de la buée.

Je pensais finalement me rabattre sur cela : .
Mais dans ce cas, il faut faire une croix sur l'utilisation du casque anti-bruit avec et se rabattre sur les bouchons.
Merci de vos retours.

[alain valette]

bonjour calderic,

j'ai les trois types de lunettes :

• la 1 est pas mal et passe bien avec les lunettes de vue,
• Pour la 2, l'élastique n'est pas génial et la buée arrive vite,
• l'écran facial existe aussi avec des anti-bruits intégrés : c'est utilisé en motoculture pour l'usage avec une débroussailleuse portée ; l'écran est en "grillage fin" et on peut le remplacer par un écran transparent au besoin (bricolage à faire).

[BDelor]

Une des premiers éléments de sécurité que j'ai appris, c'est l'attitude et l'état d'esprit que l'on adopte en entrant dans l'atelier, à savoir : chaque geste est pensé et effectué en conscience, le travail est fait calmement, sans précipitation et sans improvisation. Pas de mouvement brusque, si une pièce tombe, on laisse tomber, bref calme, méthode et attention.

Autre chose, déjà plus ou moins abordée, on ne mélange pas les torchons et les serviettes. En tant que coutelier, on est amené à manipuler le métal, mais aussi les matières organiques (bois, os...etc). Les copeaux de bois, la poussière de ponçage font très mauvais ménage avec les étincelles de forge ou de meulage. Le nettoyage systématique est impératif, le travail du métal et des autres matières dans des locaux distincts est fortement conseillé.

Les projections de borax font un boute-feu de première qualité.

Toute visite pendant le travail entraîne une perte de concentration et constitue un risque potentiel d'accident. en ce qui me concerne, quand je soude à la forge, personne ne met les pieds dans l'atelier.

[thierry loeve]

Pour répondre à Calderic sur la protection auditive, les casques ont une meilleure réduction des sons mais restent lourds et chauds.
Les bouchons auditifs sont très employés dans les entreprises, mais lorsque l'on travaille seul ils ne sont pas très pratiques, surtout pour répondre au téléphone. Ceux qui sont reliés par un fil souple se prennent dans les habits ou les machines.

Pour ma façon de travailler, je trouve ceux reliés par un plastique rigide (bleu) plus adaptés : léger, tampons changeables, reste autour du cou lorsqu'on les retire momentanément, pas gênant pour les manipulations et le port de lunettes ou de masque .

[Blue Phenix]

Ne pouvant apporter de réponses à ce sujet (n'y travaillant pas encore), je ne peux y apporter que des questions :
Dans les vieilles images, films et autres reproduction du travail de la forge, on voit souvent le forgeron travailler torse-nu (avec juste le tablier).
De notre temps, je ne pense pas que cette méthode de travail soit considérée comme très sécuritaire, mais on voit néanmoins souvent des forgerons avec les bras à nu.
Est-ce vraiment dangereux d'exposer la peau lorsque l'on forge ?

[calderic]

Tu risques de petites brulures par projections, soit de calamine, soit de borax et d'autres qui ne me viennent pas à l'esprit.
D'ailleurs je soupçonne la calamine d'avoir une volonté propre, elle observe longuement le forgeron, repère la faille dans sa carapace et attaque le moment venue ! Je dis ça car j'ai souvent eu des projections de calamine par exemple entre les manches et le gant sur 1 cm de peau, une épilation par le feu.

Pour dire que c'est fourbe ces petites choses et que même malgré de bonnes protections, ça arrive dés fois alors sans...