La principale difficulté pour maîtriser la trempe est l'évaluation correcte de la
température.
Cela peut se faire par contrôle visuel, car la couleur du métal évolue en fonction de la montée en température. Avec de l'expérience, il est possible de la "lire" de manière assez précise.
D'autres méthodes moins empiriques sont couramment utilisées par les couteliers : utilisation d'un
four de trempe régulé en température, ou encore d'un
appareillage laser permettant la lecture sans contact de la température. En effet, dans certains cas, l'évaluation visuelle n'est pas suffisante :
-
l'échelle des couleurs est différentes d'un acier à l'autre, (elle est notamment modifiée par la présence d'éléments d'alliage), de sorte qu'un coutelier sera en quelque sorte "étalonné" pour un acier qu'il utilise couramment, mais ne sera pas aussi à l'aise avec d'autres nuances;
- pour être efficace, la trempe doit être effectuée dans une
fourchette de températures plus ou moins étroite, qui est différente pour chaque acier. Les aciers non alliés, usuellement appelés aciers "carbone", sont assez tolérants et acceptent la trempe dans une fourchette assez large, de sorte qu'une évaluation visuelle est parfaitement possible. En revanche les aciers alliés ne tolèrent que des écarts de température faibles (quelques dizaines de degrés), ce qui rend la technique visuelle plus délicate.
Enfin, les aciers inox et certains aciers modernes nécessitent de pratiquer des successions de paliers de longue durée (jusqu'à plusieurs heures) à température constante et précise, éventuellement sous atmosphère neutre, ce qui rend incontournable l'utilisation de fours de trempe.
Concernant la
couleur bleue : il s'agit d'une couleur de
revenu.Le revenu est effectué après la trempe pour en adoucir les effets (une lame trempée et non revenue casse quasiment comme du verre). Le revenu consiste à porter le métal à une température usuellement de l'ordre de 200 °C pendant quelques heures ce qui déclenche une transformation de la structure l'acier et conduit à un état légèrement moins dur, mais considérablement moins cassant (comme la trempe, le revenu peut lui aussi être sélectif).
Dans cette zone de températures (autour de 200°C) une
oxydation de surface se produit sur l'acier, et la couleur de cette oxydation est directement liée à la température : du jaune pâle au pourpre, puis au bleu. La couleur peut être parfaitement homogène si la température est parfaitement maîtrisée (peu conseillé pour une lame, car un revenu au bleu signifie une perte quasi totale des effets de la trempe). Comme il s'agit d'une oxydation en surface, cet effet reste fragile et sera facilement effacé par frottement si le métal n'est pas protégé.
Voici un très bel exemple de bleuissement :
Le sujet d'où provient cette photo :
Grue couronnéeEt un autre très bel exemple :
Insecte en métal