Petite mise à jour du travail avant de répondre aux questions : j'ai terminé le habaki (pièce charnière qui bloque la lame contre sa garde) et les seppa ("rondelles" de protection de chaque coté de la tsuba) ainsi que leurs décorations.
J'ai la chance d'avoir accès à une manufacture d'horlogerie dans laquelle j'ai travaillé par le passé. J'ai donc pu utiliser leurs ateliers et outils pour faire les pièces en laiton. J'ai réalisé un décor appelé "perlage" typique de l'horlogerie pour le habaki.
Et ils ont eu la gentillesse de faire passer mes pièces en laiton dans leur bain de rhodium. Cela donne une couleur argentée brillante à mes pièces. Pour le rendu, c'est vraiment une question de goût, j'imagine que ça ne plaira pas à tout le monde.
Je suis à présent en train de réaliser la tsuka (poignée) en bois de poirier. J'ai choisi cette essence sur les conseils des horlogers dont les manches d'outils sont faits dans ce bois. Je cherchais en fait un bois dur car après travail du tilleul, je me suis aperçu que ce dernier était assez tendre.
Je le garderai donc exclusivement pour la saya (fourreau) ; mais pour la poignée, j'ai préféré un bois plus dur, de peur que les parois en contact avec mon nakago (soie de la lame) ne s'emboutissent à l'utilisation et créent un jeu. Et puis le nakago peut rouiller légèrement lui, ce n'est pas grave, c'est même généralement habituel sur les sabres japonais.
Merci beaucoup à vous pour les références concernant les tsukamaki, j'ai l'embarras du choix à présent. Je ne pensais pas qu'il y avait tant de styles différents...
Concernant le polissage plus poussé de la lame, ce sera ma dernière étape. Pour le moment je la balade pas mal, étant donné que j'ai besoin de ses mensurations pour toutes les pièces qui vont autour. Du coup, elle se prend des traces de doigts, des résidus d'huile, de poussière, etc... Donc je pense qu'il est inutile de pousser sa finition tout de suite.
Pour ce qui est de la méthode, je ne pense pas faire le traditionnel polissage aux 9 pierres. D'une part parce que c'est tout un art et d'autre part parce que le set de pierres coûte les yeux de la tête, je crois... Un set de papiers abrasifs au micron devrait faire l'affaire.
L’affutage a lieu en même temps que le polissage d'ailleurs (mais je ne connais pas le mot pour cette tâche là, tiens).
Concernant la section de la lame, oui, il me semble qu'elle est constante tout du long. Mais je crois que c'est normal sur les sabres japonais : ce n'est qu'en arrivant au niveau du kissaki (la pointe) que la géométrie s’amincit.
Je suis loin d'être connaisseur sur les raisons de l'épaisseur de section dans les armes européennes, mais j'imagine que la section plus large à la base sert principalement pour l'équilibrage ?
Les sabres japonais sont des armes nettement plus légères que les épées de coupe européennes en général, la question de l'équilibrage se pose peut-être moins du coup ?