Sabre yatagan de l'Empire Ottoman : une création de Bernard Delor, coutelier d'art

[BDelor]

Nous en arrivons à la réalisation des dernières pièces pour finir l'étui et constituer la poignée du yatagan. Comme précédemment, les modèles sont sculptés dans de la cire avant d'être fabriquées par fonte à la cire perdue. Pour cette deuxième et dernière étape de fonderie, il s'agit de faire :

• l'ouverture de l'étui
• les mitres
• le cache joint

Voilà les différentes pièces :

Et leur mise en place:

[Geof]

Bonjour Bernard, bonjour à tous.
Merci pour ce sujet très complet.
J'ai une question précise et technique. J'aimerais reproduire une gravure manuscrite sur une lame damassée et ta technique m'intéresse. J'aurais simplement aimé savoir quel type de vernis tu utilises et comment procèdes-tu pour l'ôter de la lame sans la ternir ou altérer sa finition.

A bientôt j'espère pour présenter le résultat de mes expérimentations sur ce forum.
Geof

[BDelor]

Merci à toi.
La gravure telle que présentée dans ce sujet est faite à l'aide d'un vernis graveur noir satiné lamour de Charbonnel.
Pour l'ôter, une fois la gravure à l'acide terminée, il suffit nettoyer la lame au white-spirit.
Ne pas oublier de laver et de passiver ensuite avec une base (lessive de soude, déboucheur évier...) pour stopper la corrosion.

[Geof]

Merci pour ta réponse, j'en ai trouvé sans soucis dans un magasin de fourniture type "Beaux Arts".

[roseleur]

Après une nouvelle série de moules de sauvegarde, la deuxième série de cires a été fondue :

J'ai ensuite soudé les moitiés entre elles. A ces pièces ont été rajoutées les moitiés de l'ornement de lame qui avaient fait l'objet préalable d'un ajustage sur la lame par Bernard.

[lamoksha]

Ca fait rêver ; tant de possibilités, au bout de cette technique : c'est impressionnant. La réalisation des pièces est remarquable.
Pour ce qui est du métal d'apport ayant normalement une température de fusion plus basse et donc une composition un peu différente, sur quoi faut-il jouer pour rendre les soudures quasi-invisibles ? Sur l'ajustage, le plus précis possible, je suppose ?
Ou bien existe-t-il une "combine" particulière ?

[roseleur]

Il n'y a pas de "combine" particulière il faut :

• Une bonne préparation des surfaces à braser: émerisage donc métal fraichement désoxydé.
• Un bon ajustage: moins il y a de vide à combler moins la brasure se verra
• Une bonne mise en place des pièces
• Une bonne réalisation de la brasure afin d'éviter les bulles d'air : chauffe correcte, flux décapant adapté
• L'utilisation d'une brasure dont la couleur est la plus proche possible de celle du métal à souder. Ici le choix a plutôt été fait en fonction de la température assez basse de brasure (Castolin 1802) . Cette brasure est plutôt blanche puisque très riche en argent mais comme les pièces doivent être ensuite argentées cela n'a aucune importance.
• Un bon rattrapage des surépaisseurs après soudure. Meulage d'abord avec un gros grain (80) pour mieux respecter la géométrie. Puis finition avec un grain plus fin (240). Le tout au backstand sur le touret avec des bandes de 3 mêtres.

[lamoksha]

Merci Roseleur, de ces précisions intéressantes.
J'avais bien pressenti la nécessité d'ajustages très fins, mais mal évalué la difficulté globale...Eh oui, c'est un métier, évidemment, et quand on voit des photos, des "raccourcis" donc, on a toujours du mal à réaliser la délicatesse des opérations en cours.

[BDelor]

Au delà des précautions techniques, je me permets de rajouter un point sur lequel Roseleur est passé pudiquement sans insister : une longue expérience et un grand savoir faire qui ne s'improvisent pas !

...et pendant ce temps, le coffre destiné à accueillir le sabre commence à prendre forme chez l'ébéniste :

[BDelor]

Derniers ajustages des bronzes de la poignée et de l'étui avant argenture et montage définitif :

• nettoyage des pièces
• pré-montage et correction des jeux
• perçages des passages de rivets...