Re: Géométrie d'une dague de chasse à servir le sanglier
de lamoksha » Sam 20 Aoû 2011 13:41
En fait, le sujet est très vaste. Cependant, il faut distinguer la dague ou le couteau de vènerie, de l'épieu.
Celui-ci étant destiné à être emmanché, la hampe agit comme un levier important sur l'effort en torsion, surtout au niveau de la jonction garde/soie. Les dimensions sont donc en conséquence.
Les dagues à servir à la main, n'ont pas forcément ce genre de gabarit.
Ce qui semble important de préciser, c'est comment calculer la longueur d'une lame en fonction du gibier :
A minima, elle mesure de quoi percer le cœur de l'animal (ce qui est le but de la manœuvre), dans la configuration la moins favorable, c'est à dire couché sur flanc gauche (certains attaquent à la jugulaire...). On voit tout de suite que 15 cm suffisent largement sur un chevreuil et sur la plupart des sangliers.
Un modèle bien connu des chasseurs de grands mammifères tels le sanglier mais surtout le cerf est le Puma hirshfänger avec sa lame droite de 24 cm, assez proche finalement des cotes de celle de juju, mais moins longue...
Quant à servir un animal parfois pratiquement 10 fois plus lourd que le chevreuil (30 à 35 kgs maxi) de cette façon, disons que tout le monde n'ose pas. Comme dit le vieux proverbe médiéval : "au sanglier le barbier, et au cerf la bière". Le barbier recousait les plaies, en effet à cette époque, quant à la bière, il ne s'agit pas de la boisson, bien évidemment...
L'épieu est donc plus sécurisant.
On notera, que bien des fabricants sur-dimensionnent leurs épieux, pour se donner une grosse marge à la rupture.
Par contre, il est vrai que les lames plus anciennes sont souvent plus longues, mais aussi plus fines, et provenaient pour un grand nombre de lames de sabres, d'épées, voire de baïonnettes, etc... qui trouvaient un réemploi (souvent assez richement décorées), à la chasse.
Et si l'on remonte plus loin, la chasse se pratiquait souvent à l'arme de guerre ; et nombre de gravures nous montrent des scènes de chasse où le cerf au ferme est servi à l'épée, que l'on considèrera dans géométrie guerrière..
Bien entendu, Qui peut le plus peut le moins..., et si 15cm le lame sont amplement suffisants pour un chevreuil, le double le sera aussi ; le seul inconvénient étant d'avoir à courir avec, dans ce cas précis.
Un détail qu'il ne faut pas négliger, c'est que la pointe doit être légèrement arrondie pour ne pas se ficher dans un gros os, mais le contourner, et le tranchant rasoir au moins sur le premier tiers de la lame, de façon à couper net plutôt qu'écarter les veines et artères.
Voilà, en tant que chasseur, des indications pour dégrossir un peu les réponses à quelques questions légitimes que peut se poser le coutelier vis-à-vis de ce genre de problème, bien qu'un bouquin entier ne suffirait pas à en faire le tour.