Techniques de polissage d'une lame de couteau


Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede BDelor » Ven 16 Avr 2010 16:40

bpc a écrit:Mais le véritable intérêt n'est pas là, il est dans la suite que l'on donne à l'émouture :
dans un travail d'émouture pure, sur meule à eau, ce qui est décrit habituellement n'existe pas ! Parler des trois émoutures, convexe, plate et creuse n'a pas de sens. C'est un raisonnement industriel pour le réglage des machines d'émouture.

Sur le travail au backstand, cela correspond en fait au travail à main levée (convexe), sur appui (plate), ou sur la roue de contact (creuse). C'est le passage au sisal qui procure cet effet de "gommage" des arêtes vives.
bpc a écrit:Pour exemple, avec un feutre souple de 350mm à 1800t/mn, je crois, émerisé avec un mélange 36/60, légèrement lubrifié avec un peu de suif, j'ai une fois le disque rodé, déjà un aspect satiné et doux ! Sinon, du 120 ou du 180, doivent suffire pour un aspect de polissage ordinaire, déjà flatteur pour une lame.
Moi, je ne descendrai vers du plus fin uniquement que pour faire du poli glace.

Mais j'aurais pensé qu'un mélange 36/60 enlève énormément de matière et soit réservé à la mise en forme de l'émouture elle-même... Est-ce que c'est le feutre qui fait la différence ? Et dans ce cas, qu'est-ce que cela donne du point de vue de la quantité de matière enlevée ?
C'est tout de même très intéressant, j'ai l'impression que la manière de travailler que tu présentes est nettement plus efficace, que ce soit en temps de travail ou en qualité de rendu.
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede bpc » Ven 16 Avr 2010 20:24

BDelor a écrit:Sur le travail au backstand, cela correspond en fait au travail à main levée (convexe), sur appui (plate), ou sur la roue de contact (creuse).

C'est le problème : au backstand, on reproduit à main levée ce que font les machines, ce qui n'a rien a voir avec le travail d'émouture sur meule à eau.
BDelor a écrit:Mais j'aurais pensé qu'un mélange 36/60 enlève énormément de matière et soit réservé à la mise en forme de l'émouture elle-même... Est-ce que c'est le feutre qui fait la différence ? Et dans ce cas, qu'est-ce que cela donne du point de vue de la quantité de matière enlevée ?

- Avec du 36/60 mélangé à la colle, sur un feutre très souple, rodé et légèrement suifé, on peut déjà avoir un aspect assez soyeux.
- Mais le même grain saupoudré sur de la colle étendu sur un feutre très dur agira presque comme une meule.
- Mélangé à la colle, sur un demi dur, on aura un bon prépolissage, avant un grain plus fin (120).
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede bpc » Mar 12 Oct 2010 16:24

Ce matin j'ai sorti ma montre et mon appareil photo pour vous donner une idée de l'efficacité de ce genre de procédé :
- une lame inox de 180mm par 40mm, abimée par un client :

- Un polissage très ordinaire mais suffisant pour de l'affûtage, en 86 secondes :

- Un polissage plus fin, plutôt destiné à la fabrication, en 116 secondes :

Un travail rapide, facilement et correctement fait, pour un coût inexistant.
Je vous laisse juger par vous même de l'intérêt des polissoirs par rapport aux bandes abrasives.
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede BDelor » Jeu 16 Déc 2010 21:05

Je réactive le sujet pour montrer cette vidéo très intéressante qui abonde dans ton sens.

Première partie :


Deuxième partie :


Si quelqu'un comprend l'allemand, tout commentaire sur ce qui est dit serait le bienvenu !
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede bpc » Jeu 16 Déc 2010 22:36

Très, très intéressant, merci beaucoup pour le lien. J'aime la littérature allemande... mais je la lis en français.
Je ne parle donc pas l'allemand, mais je crois comprendre qu'il s'agit d'un ouvrier expérimenté dans l'émouture mécanique et le polissage traditionnel, qui montre son atelier et sa technique, avant démontage des machines et leur transport vers un centre de formation où il enseigne aux jeunes.

En tous cas, ce bonhomme connait parfaitement son affaire.
Il n'émoud plus à main levée, il utilise une machine à émoudre.
Ce qui est remarquable, c'est qu'il utilise une machine a trembleur , c'est à dire que le chariot qui porte la lame à meuler oscille pour être proche de la technique manuelle sans la reproduire complètement : c'est la meilleure manière de faire mécaniquement. C'est un truc qui ne se fait plus guère...

Pour polir, il utilise un touret à emmanchement conique. Il travaille en dessous du disque, ce qui en France se fait plutôt pour autre chose que les lames, les ressorts par exemple... car on ne voit pas bien se former le mort-fil, mais c'est un détail.

Il émerise avec une vieille méthode :
Il émerise légèrement son disque, avec je crois un mélange de colle et d'émeri, un mélange peu chargé en abrasif.
Mais ensuite, chaque lame est légèrement enduite d'émeri et d'un lubrifiant, de l'huile, peut-être.
Ca permet de se passer d'un émerisage performant du disque, et aussi de pouvoir appuyer très fort car l'acier est bien protégé de l'échauffement. Il utilise d'ailleurs de l'émeri naturel de naxos.
Pour la rentabilité, j'utilise du corindon artificiel, mais l'émeri naturel est beaucoup plus sensuel et agréable à utiliser.

En tous cas, c'est une bonne chose de montrer ça aux jeunes, même si pour être vraiment utile, il faudrait les obliger à en faire de grandes quantités pour maitriser la chose. Pour que ces arts soient vivants, il faut les pratiquer au quotidien.

EDIT:
Pour revenir à sa machine a émoudre, c'est très différent de ce que l'on utilise maintenant.
Actuellement, la lame est prise dans un mouvement rectiligne brutal. En général on laisse une épaisseur au tranchant, qui sera finalement biseauté bêtement à sec en fin de fabrication, après le montage, éventuellement.

Ici pas du tout : le chariot est maintenu à la main et la lame est présentée manuellement devant la meule.
Comme un tour de main est possible, l'ouvrier met réellement la lame au tranchant, jusqu'à avoir un morfil, comme on le ferait en émouture pure. En tout cas, c'est ce qu'il me semble voir sur les images.
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede BDelor » Jeu 16 Déc 2010 23:47

Plusieurs choses m'ont réellement étonné et intéressé dans ces images :
  • la machine à trembleur, merci à toi je n'en connaissais pas le nom et la raison d'être de ce "tremblement" m'échappait quelque peu,
  • la rapidité et l'efficacité du polissage, (mais l'air de rien il y a aussi un sacré coup de main),
  • l'absence d'échauffement, car malgré l'efficacité de l'opération on ne voit jamais se dégager la moindre vapeur d'eau !

Je pense que tu as raison, le polissage est certainement fait jusqu'au fil, dont il teste apparemment la souplesse à plusieurs reprises.

Très intéressante également, la rapidité et l'efficacité du polissage du bois. En quelques passes seulement, l'aspect est parfaitement lustré, et toujours sans échauffement.
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede bpc » Ven 17 Déc 2010 09:11

Bien, oui.
Dans les manufactures, je veux dire avant que l'on automatise, les techniques mises au point en Europe étaient, et sont toujours, extrêmement efficaces.

En tout cas, sur cette vidéo, on peut voir pourquoi je soutiens que ces techniques sont plus efficientes que celles importées de la coutellerie d'art américaine.
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede BDelor » Ven 17 Déc 2010 12:45

Malheureusement, comme cela a déjà été dit, ce type d'outillage est devenu impossible à trouver. Sauf peut-être dans quelques ateliers désaffectés de Thiers que les familles conservent encore par sentimentalisme, et que les petits-petits enfants feront un jour filer à la casse en catimini pour récupérer les locaux...
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede -Pierre- » Ven 17 Déc 2010 14:20

Salut à tous,
sujet intéressant ! Alors perso, je passe jusqu'à la bande 400, donc 40 et 60 pour dégrossir puis 60 un peu usée pour enlever les sillons profonds laissés par les bandes à gros grain ; ceci avant trempe, puis après trempe finition sans échauffer jusqu'à la 400. polissage au buffle coton dur avec pâtes abrasives dites 'grasses" généralement utilisées pour régasser les lames, puis des pâtes plus "sèches" pour le brillant et ensuite disque souple coton avec pâte pour lustrer. Il est préférable de passer au buffle dans le sens opposé des traits de bandes (en long).
Toutes les techniques semblent bonnes à prendre mais ce qui est essentiel à comprendre, c'est que le polissage n'enlèvera jamais des défauts d'émouture ; s'il reste des traits ou bosses/creux : le défaut restera, seul le "satiné ou brossé" cache la misère, le poli miroir vous jette à la gueule tout les défauts de la lame.
-Pierre-
 
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Re: Techniques de polissage d'une lame de couteau

Messagede BDelor » Ven 17 Déc 2010 14:42

-Pierre- a écrit:le poli miroir vous jette à la gueule tout les défauts de la lame.

Très exact ! Habituellement je passe toujours par le poli miroir, même avant de faire un satiné ou une révélation pour du damas, histoire de vérifier que l'état de surface est impeccable.
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